Neuf années ne sont pas suffisantes pour former nos médecins, semble-t-il. Une dixième est à l’étude pour qu’ils s’acclimatent aux no man’s land médicaux. Contre les inégalités d’accès à la médecine entre territoires – qui se sont accrues ces dernières années –, le gouvernement veut en effet ajouter un an supplémentaire aux internes en médecine générale afin de les envoyer exercer dans les zones, notamment rurales, qui manquent de généralistes. « Injuste » répondent les étudiants.
Inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, cette mesure défendue par le ministre de la Santé François Braun et sa collègue de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, devrait être présentée ce lundi 26 septembre, en conseil des ministres, avant d’être soumise au vote des parlementaires.
Les étudiants de quatrième année d’internat pourraient ainsi exercer hors de l’hôpital, dans ces déserts médicaux, zones dites blanches, dépourvues de généralistes. Ce ne sera pas obligatoire, mais des incitations, espère le gouvernement, pourraient produire leurs effets chez ces jeunes médecins, comme des aides financières et des propositions de logement – qu’ils pourront garder s’ils restent sur place après leur cursus. Cette mesure, souhaitée par le président Emmanuel Macron pendant sa campagne, pourrait s’appliquer dès la prochaine rentrée universitaire pour la promotion de juin 2023.
Une année de formation qui ne formera à rien, ont réagi en substance les internes puisque « nous envoyer uniquement dans les zones sous-denses, c’est nous envoyer dans des endroits où, par définition, nous n’avons pas de formateurs », note par exemple l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale sur France Info. On regrette aussi cette idée de 4e année, alors que les trois premières années d’internat sont jugées mal encadrées. On déplore enfin une réquisition déguisée, même si François Braun l’a promis : « Une incitation, pas une obligation »…