Dans sa dernière étude, l’UFC-Que Choisir dénonce le coup de boutoir sur le pouvoir d’achat des consommateurs causé par une nouvelle forte hausse des tarifs des […]
Dans sa dernière étude, l’UFC-Que Choisir dénonce le coup de boutoir sur le pouvoir d’achat des consommateurs causé par une nouvelle forte hausse des tarifs des complémentaires santé en 2023, encore plus importante que l’inflation. Pour endiguer ce phénomène alarmant, l’association demande au Gouvernement d’imposer davantage de transparence dans les avis d’échéance émis par les organismes, et d’assurer un meilleur pilotage du 100 % santé, en particulier concernant l’optique.
L’UFC-Que Choisir a réalisé une enquête sur les tarifs des contrats individuels de complémentaires santé, en appelant les consommateurs à transmettre leurs avis d’échéance pour les années 2022 et 2023. Sur la base de l’analyse de 594 contrats individuels, portant sur 128 organismes, une hausse médiane entre les tarifs de 2022 et ceux de 2023 de 7,1 % a été constatée, soit une augmentation médiane des cotisations de 126 € sur l’année. 20 % des consommateurs ont même subi une hausse supérieure à 240 €.
Au sein des différentes familles de complémentaires, les assureurs (+9 %) et les institutions de prévoyance (+8,8 %) ont davantage augmenté leurs tarifs que les mutuelles (+6,9 %). Toutefois, les hausses médianes varient d’un organisme à l’autre, par exemple les trois leaders du marché ont eu la main lourde cette année : Harmonie Mutuelle a augmenté ses tarifs de 9,1 %, Malakoff Humanis de 7,2 %, et Axa France de 9,7 %.
Depuis 2019, les tarifs des complémentaires santé individuelles ont flambé de 23 %, soit à un rythme plus de deux fois supérieur à l’inflation (10,6 %). Dans ce contexte, et alors que le rapport qualité-primes est très variable selon les organismes, les consommateurs ont plus que jamais intérêt à comparer les offres pour faire jouer la concurrence via la résiliation à tout moment obtenue par l’UFC-Que Choisir. Pourtant, compte tenu d’un encadrement laxiste, la quasi-totalité des complémentaires santé taisent ou masquent sur les avis d’échéance les informations qui permettraient aux consommateurs de parfaitement prendre conscience de l’intérêt de faire jouer la concurrence.
L’analyse des avis d’échéance les plus communs met en évidence qu’aucun ne mentionne la hausse tarifaire en euros ou en pourcentage, une précision loin d’être anodine alors que ces contrats sont renouvelés chaque année par tacite reconduction. Ce manque de clarté concerne également les taux de redistribution et les frais de gestion des organismes. En effet, une seule complémentaire affiche ces informations à proximité du montant annuel de cotisation, alors que les autres les relèguent au mieux au verso, voire au sein de courriers verbeux. Pas étonnant, compte tenu du fait que les frais de gestion représentent encore en moyenne 21 % des cotisations et n’ont toujours pas diminué depuis 2015.
Cette spirale inflationniste s’explique notamment par un mauvais pilotage du 100 % santé : en effet, si la réforme a créé des paniers de soins de qualité et sans reste-à-charge pour l’audioprothèse, le dentaire et l’optique, son équilibre en termes de cotisations payées par les usagers reposait sur une prévision de baisse des dépenses sur l’optique qui n’a pas été atteinte.
Comment s’en étonner, quand on sait que trop de professionnels préfèrent protéger leurs profits plutôt que de jouer le jeu de la réforme ? À cet égard, rappelons que dans le prolongement des alertes de l’UFC-Que Choisir et de la répression des fraudes, la Cnam a établi qu’en 2022 plus de la moitié des opticiens étudiés ont manqué à leurs obligations de présenter suffisamment d’offres 100 % santé en magasin et/ou sur les devis.
En conséquence, les usagers subissent une double peine. Non seulement leurs cotisations flambent, mais leur reste à charge moyen sur l’optique a même augmenté de 18 € depuis 2019. Sur la même période, il n’y a pas eu non plus de réduction des renoncements à s’équiper en optique pour cause de reste à charge, un objectif affiché par la réforme.
Sur la base de ces constats, il est impératif de garantir aux consommateurs un exercice effectif de leur droit à la résiliation, ce qui suppose d’encadrer les avis d’échéance, afin qu’ils indiquent clairement les augmentations tarifaires et la performance des organismes (taux de redistribution, taux de frais de gestion et leur comparaison avec les taux moyens de la profession). Parallèlement, l’association appelle le Gouvernement à assurer un meilleur suivi de la réforme du 100 % santé, en y associant les représentants des usagers, afin d’éviter une inflation incontrôlée des tarifs des complémentaires santé.