Après Éric Ciotti et Bruno Retailleau, Aurélien Pradié, 36 ans à peine, a officiellement annoncé sa candidature à la présidence des Républicains pour « porter une nouvelle […]
Après Éric Ciotti et Bruno Retailleau, Aurélien Pradié, 36 ans à peine, a officiellement annoncé sa candidature à la présidence des Républicains pour « porter une nouvelle espérance », rebâtir une « droite populaire », responsable et humaniste, qui parle de tout et à tous. Indiquant ce 13 septembre, sur France Inter, que la « situation [était] catastrophique pour la droite républicaine [qui ne parle plus] à personne », le député du Lot, actuel secrétaire général des LR, souhaite incarner le changement, loin des « matchs d’hier et d’avant-hier » et des guerres des chefs.
Le chantier est immense, dit-il. Certes. Mais il lui faut surtout montrer sa différence. Concernant l’immigration par exemple, l’élu républicain reste plus nuancé qu’un Ciotti, qui veut supprimer le droit du sol et les allocations familiales aux parents d’enfants qui ne respectent pas les valeurs de la République. Son idée : rendre le titre de séjour probatoire : pendant 3 ans et des tests annuels, le demandeur devra ainsi prouver qu’il épouse les institutions, parler français et passer un diplôme dont le pays a besoin. Aurélien Pradié se départit également de son camp sur la question cruciale de la réforme des retraites (prévue pour début 2023 selon le président Emmanuel Macron) en marquant son opposition au recul de l’âge légal de départ, « une vieille rengaine ». Il défend un calcul basé sur nombre d’années travaillées qui puisse prendre en compte la pénibilité. Pour son adversaire, le sénateur Bruno Retailleau, le recul de l’âge légal de départ à la retraite « est la seule [solution] possible » !
Sentant le vent tourner, la jeune garde affiche toute son ambition à la tête d’un parti qualifié d’« Ehpad ». Entre le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti (57 ans dans deux semaines) et le sénateur de Vendée Bruno Retailleau (62 ans dans deux mois), le trentenaire semble prendre une place vacante, conforté par les soutiens des parlementaires de sa génération, Julien Dive de l’Aisne (37 ans), Pierre-Henri Dumont du Pas-de-Calais (35 ans) ou encore Raphaël Schellenberger du Haut-Rhin (32 ans). Et il fait valoir un argument massue aux militants : les anciens ont bel et bien montré leurs limites, voire leurs défaillances. L’épisode de la présidentielle est encore dans les mémoires : 4,78 % des voix au premier tour, un trou à combler de 5 millions d’euros et à peine 62 députés à l’Assemblée nationale. Et le parti se dépêtre aujourd’hui dans des problèmes dont il se serait bien passé : la démission début septembre de la présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, ancienne porte-parole de Valérie Pécresse, mais surtout l’exclusion annoncée du maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau accusé de chantage dans une sombre affaire de sextape. Autres sujets pesants, la menace d’Hervé Morin, leader des Centristes, de quitter l’alliance si Éric Cioti était élu président… ou encore le ton très sexiste que prend cette prochaine élection après l’invalidation de la candidature de Virginie Calmels, ancienne première adjointe d’Alain Juppé à Bordeaux au motif qu’elle n’a pas réglé sa cotisation à temps ainsi que le récent renoncement de la présidente par intérim Annie Genevard.
Un match à trois donc ? Pas sûr. Ce 13 septembre, c’est un proche d’Éric Ciotti, Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône qui sur RFI, a admis réfléchir à être candidat, faute de ligne claire chez les LR. Le vice-président des Républicains ne veut pas « finir par être assimilé à la roue de secours de M. Macron et Mme Borne au Parlement (…) Il faut savoir où on habite. Et je suis favorable à ce qu’on renverse ce gouvernement », a-t-il martelé. La rumeur – folle certes – annonce même le retour de Laurent Wauquiez, patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui se sentirait pousser des ailes depuis le fiasco de Valérie Pécresse. Quoi qu’il en soit, les 3 et 4 septembre dernier à Angers, au campus des Jeunes Républicains, l’ambiance n’était pas vraiment à la fête. Les ténors étaient absents et seul le nom de Nicolas Sarkozy perlait sur les lèvres, moins pour l’histoire que la nostalgie. Aujourd’hui, il est clair qu’il manque un chef là où d’autres partis ont fini depuis longtemps de se poser pas la question : Renaissance a son Macron, le RN sa Le Pen et la Nupes son Mélenchon pour ne citer que ceux-là. Celui qui succédera à Christian Jacob sera connu le 3 décembre, lors d’un scrutin interne, propice aux surprises… ou à une révolution. Car si Retailleau et Ciotti, réputés très droitiers, vantent le conservatisme et la sécurité, Pradié, lui, parle d’émancipation, de promesse républicaine, de lutte contre les inégalités et d’environnement. Des préoccupations de gauche ? Non, de jeune !