Chaque 25 novembre, le monde entier se mobilise pour rappeler une évidence trop souvent bafouée : les femmes ont le droit de vivre libres, sans peur et sans violence. Cette journée, désignée en 1999 par l’Organisation des Nations unies comme la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, trouve son origine dans le combat tragique mais inspirant des sœurs Mirabal, militantes de la République dominicaine assassinées par la dictature de Rafael Trujillo. Leur courage face à l’oppression et leur volonté de lutter pour la justice et les droits humains ont fait d’elles un symbole universel de résistance et de défense des femmes.
En Seine-et-Marne, cette journée prend une forme concrète et symbolique. La Délégation aux Droits des femmes et à l’Égalité femme/homme, sous la direction de Maryse Henrich, s’associe aux associations et collectivités locales pour distribuer jusqu’à 5 000 sifflets « repousse-relou », floqués au numéro d’écoute 3919, destiné aux victimes de violences. Ces petits objets, discrets et compacts, émettent un son strident capable de surprendre et de faire fuir un agresseur, tout en alertant l’entourage. La Délégation incite également les institutions et les entreprises à proposer ces sifflets à leur personnel féminin, dans un geste concret d’autonomisation et de prévention.
L’idée du sifflet revient à Quentin Duteil, qui a voulu répondre à un fléau omniprésent : le harcèlement de rue. En France, 81 % des femmes déclarent y avoir été confrontées au moins une fois dans leur vie, selon un sondage Ipsos de 2020. Le sifflet est fabriqué en PLA, un plastique biodégradable issu de l’amidon de maïs, produit en France grâce à une imprimante 3D. Sa double sortie d’air génère deux fréquences différentes, produisant un son fort et désagréable, capable de faire reculer un agresseur et de signaler la détresse. Ce petit objet symbolise un geste de prévention à la portée de toutes et de tous, combinant innovation, écologie et sécurité.
Mais cette journée n’est pas seulement un moment pour distribuer des outils de protection. Elle s’inscrit dans un contexte historique et symbolique puissant. Les sœurs Mirabal, Patricia, Minerva et Maria Teresa, nées dans les années 1920 et 1930 en République dominicaine, avaient toutes suivi des études supérieures. Leur engagement contre la dictature de Trujillo les amena à plusieurs emprisonnements et à une lutte acharnée pour la justice. Le 25 novembre 1960, elles furent assassinées alors qu’elles se rendaient à la prison où étaient détenus leurs maris. Leur mort provoqua un choc national et devint un catalyseur pour le mouvement qui renversa la dictature en moins d’un an.
La mémoire des sœurs Mirabal se mêle à la mobilisation mondiale pour dénoncer toutes les formes de violences à l’égard des femmes. Lors de la Première rencontre féministe pour l’Amérique latine et les Caraïbes, à Bogotá en 1981, de nombreuses femmes ont témoigné des violences subies dans la sphère familiale et publique, y compris des tortures et violences sexuelles infligées par l’État aux femmes incarcérées pour des raisons politiques. Cette rencontre, en mettant en avant les Mirabal comme symboles de résistance, a ainsi inspiré la décision de l’Onu de choisir le 25 novembre comme journée de lutte. Le 19 octobre 1999, la 54e session de l’Assemblée générale a présenté la résolution 54/134, définissant la violence à l’égard des femmes comme tout acte portant préjudice physique, sexuel ou psychologique dans les sphères privée ou publique, et soulignant son impact sur l’égalité des chances. La résolution fut adoptée le 17 décembre 1999. Depuis, le 25 novembre est consacré à la sensibilisation, à l’information et à la mobilisation de l’opinion publique contre la violence.
Cette démarche se traduit concrètement par des initiatives locales, comme en Seine-et-Marne. La distribution des sifflets, l’information sur le 3919 et la sensibilisation des entreprises et institutions sont autant de gestes qui permettent aux femmes de se protéger, de signaler une situation dangereuse et de briser le silence. Car chaque témoin ou victime a un rôle à jouer : ne pas rester silencieux, dénoncer, agir, comme le rappelle le site Arretonslesviolences.gouv.fr.
La lutte contre les violences faites aux femmes reste un combat quotidien. Les chiffres nationaux, les témoignages et les initiatives locales rappellent que la violence n’est pas un problème lointain, mais une réalité vécue dans les rues, au travail, dans les foyers et dans les espaces publics. La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est ainsi un moment de mémoire, mais aussi d’action et de prévention. Elle nous rappelle que chaque geste compte, que chaque outil de protection, chaque campagne d’information et chaque voix levée pour dénoncer les violences contribuent à faire reculer ce fléau.
En mêlant mémoire historique, innovation et engagement citoyen, la journée du 25 novembre en Seine-et-Marne illustre la possibilité de transformer la sensibilisation en actes concrets. Du souvenir des sœurs Mirabal à la distribution du sifflet « repousse-relou », de l’éducation à la prévention, c’est un message universel qui résonne : la sécurité des femmes est l’affaire de tous, et la lutte contre la violence est un devoir collectif et permanent.
25 novembre : Stop à la violence contre les femmes
Par Gilbert Caron
Publié le 18 novembre 2025 à 16h59 – Temps de lecture : 5 minutes
