À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, le Département de la Seine-Saint-Denis a décidé de nommer les Archives départementales à Bobigny du nom […]
À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, le Département de la Seine-Saint-Denis a décidé de nommer les Archives départementales à Bobigny du nom de l’historienne Suzanne Citron. 5 crèches prennent également le nom de femmes illustres.
Étaient présents pour l’occasion Stéphane Troussel, président du Département de la Seine-Saint-Denis, Pascale Labbé, vice-présidente chargée de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes et de l’égalité femmes-hommes, Dominique Dellac, vice-présidente chargée du patrimoine culturel, de la mémoire, du tourisme et de l’éducation artistique et culturelle, Laurence De Cock, essayiste et historienne, et des membres de la famille de Suzanne Citron.
Suzanne Citron (1922-2018), née Grumbach, est une historienne, professeure et écrivaine française. Arrêtée pendant l’Occupation en 1944 et transférée à Drancy où elle a vécu les dernières semaines du camp d’internement, elle a notamment enseigné pendant onze ans à l’université de Villetaneuse (Paris 13) en Seine-Saint-Denis.
Suzanne Citron est connue pour ses travaux critiques sur le « mythe national » et l’occultation du colonialisme dans l’enseignement de l’histoire de France. Elle questionne ainsi une histoire enseignée « franco-centrée » issue d’un récit national construit sous la IIIe République et quasi aveugle au monde qui l’entoure, rendant invisible la pluralité sociale et culturelle. Une histoire enseignée à des fins de légitimation d’une identité nationale afin de produire un sentiment d’appartenance.
5 crèches également nommées
Outre les Archives départementales, 5 crèches sont également renommées à l’occasion du 8 mars : les crèches Emmi Pikler et Virginia Apgar à Drancy, Suzanne Lacore et Betty Williams à La Courneuve, et la crèche Mariama Bâ à Épinay-sur-Seine.
Le Département de la Seine-Saint-Denis poursuit ainsi le plan de féminisation de ses bâtiments lancé en mars 2022. Parce que la visibilité des femmes dans l’espace public est un enjeu majeur trop souvent ignoré, le Département s’est engagé à donner d’ici fin 2024 le nom d’une femme, dont le parcours et l’engagement méritent une reconnaissance, à 100 de ses bâtiments (crèches, centres de PMI ou encore maisons des parcs départementaux…) qui n’avaient pas de nom jusqu’ici, ou à chaque bâtiment nouvellement construit.
Vernissage de l’exposition Femmes en lutte !
Cette journée a été également marquée par le vernissage de l’exposition Femmes en lutte ! présentée par les Archives départementales jusqu’en décembre 2023. Cette exposition de photographies met en lumière l’engagement des femmes dans les grèves et manifestations en Seine-Saint-Denis de 1936-1987, à l’image des ouvrières de l’usine métallurgique Mécano à La Courneuve ou de l’entreprise de téléviseurs Grandin à Montreuil.
Elle retrace ainsi une prise de conscience de l’exploitation spécifique des femmes au travail, et le long combat encore inachevé pour l’égalité : salaires égaux, accès aux mêmes emplois, violences et sexisme au travail, reconnaissance des qualifications…
« En décidant, avec Pascale Labbé, vice-présidente à l’égalité femmes-hommes et en charge de l’Observatoire des violences envers les femmes, et Dominique Dellac, vice-présidente en charge du patrimoine culturel, de la mémoire, du tourisme et de l’éducation artistique et culturelle de donner le nom de Suzanne Citron aux Archives départementales, nous posons un acte fort qui est loin de n’être que symbolique. Nous saluons le combat de Suzanne Citron contre un récit national réducteur, centré autour des grands hommes, négligeant les mémoires multiples, et dont nous savons en Seine-Saint-Denis qu’il ne reflète pas le vrai visage de notre pays. En renommant également cette semaine 5 de nos crèches, nous continuons aussi d’agir résolument pour la visibilisation des femmes et le changement de regard sur leur contribution essentielle et remarquable à notre société », a déclaré Stéphane Troussel.