L’essai ANRS Doxyvac, promu et financé par l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, et mené par des équipes de recherche de l’Inserm, de l’AP-HP, de l’Université Paris Cité […]
L’essai ANRS Doxyvac, promu et financé par l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, et mené par des équipes de recherche de l’Inserm, de l’AP-HP, de l’Université Paris Cité et de Sorbonne Université, montre que le déploiement rapide d’une vaccination antivariolique par le MVA-BN (Modified vaccine Ankara) parmi les hommes non infectés par le VIH ayant des rapports sexuels avec des hommes permet de fortement réduire le risque de mpox, avec une réduction de l’incidence estimée à 99 %. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication dans la revue The Lancet Regional Health-Europe du 31 juillet 2024.
En mai 2022, des cas de mpox, anciennement appelé « variole du singe » ou « monkeypox », ont été signalés dans plus de 100 pays où la maladie n’était pas endémique. En France, le premier cas a été reporté le 19 mai, avec une augmentation rapide des infections chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH).
L’essai ANRS DoxyvaC, débuté en 2021, visait à améliorer la protection contre les infections sexuellement transmissibles (IST) chez les hommes non infectés par le VIH ayant des rapports sexuels avec des hommes. Aussi, lorsqu’au cours de cette étude il est apparu que des cas de mpox pouvaient survenir dans la population de l’essai, une vaccination antivariolique a été réalisée, répondant ainsi aux recommandations du 11 juillet 2022 de la Haute Autorité de santé (HAS) de procéder à une vaccination préventive chez les HSH, ayant des partenaires sexuels multiples.
À ce jour, il n’y a pas de vaccin spécifique contre mpox. Toutefois, le virus est très apparenté à celui de la variole humaine, et on a montré que le vaccin antivariolique avait une efficacité de protection de plus de 95 % contre la mpox. Le vaccin utilisé dans l’essai, Imvanex® (MVA-BN : Modified vaccine Ankara) du laboratoire Bavarian Nordic, est un vaccin de troisième génération. Ce type de vaccin est produit à partir du virus de la variole présentant les mêmes antigènes que la variole historique. Plus précisément, il contient une forme hautement atténuée du virus de la vaccine appelée « virus modifié de la vaccine Ankara », un virus qui ne provoque pas de maladie chez l’homme et ne peut pas se reproduire dans les cellules des sujets vaccinés. Ce vaccin ne peut donc pas provoquer d’infections locales ou généralisées, en particulier chez les personnes immunodéprimées (comme les personnes infectées par le VIH, par exemple).
Le but de l’étude élargie à la prévention contre mpox était d’évaluer l’incidence de l’infection à mpox chez les participants avant (9 mai-10 juillet 2022) et après le lancement de la campagne de vaccination MVA-BN (à partir du 11 juillet 2022), et d’étudier les effets respectifs de la vaccination et des comportements sexuels adoptés pendant la période épidémique sur l’évolution de l’incidence.
Parmi les 472 participants inclus dans l’analyse, 20 % avaient été vaccinés contre la variole durant leur enfance. Le taux d’incidence* de mpox chez les participants de l’essai, qui étaient tous sous prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH et qui avaient tous des antécédents d’IST bactériennes, était élevé (49,3 pour 1 000 participants mois entre le 9 mai et le 20 septembre 2022).
La mise en place de la vaccination a été rapide : 86 % (341/398) des participants admissibles avaient reçu au moins une dose de vaccin MVA-BN au 20 septembre 2022. Les personnes ont également été particulièrement sensibles aux messages de prévention et aux recommandations, notamment celles qui, avec plus de dix partenaires sexuels au cours des trois derniers mois, sont les plus à risque. Leurs comportements sexuels ont ainsi significativement changé avant et après le 9 mai conduisant à une diminution de la proportion de personnes ayant plus de 10 partenaires dans les 3 derniers mois (45 % contre 38 %). Une diminution significative du taux d’incidence de mpox a pu être constatée entre la période précédant la vaccination (67,4 pour 1 000/mois entre le 9 mai et le 10 juillet 2022) et celle suivant le lancement de campagne de vaccination (24,4 pour 1 000/mois entre le 11 juillet et le 20 septembre 2022).
Cet essai a démontré que la mise en place rapide d’une vaccination antivariolique par le MVA-BN chez les HSH sous PreP permet de fortement réduire le risque de mpox, avec une réduction de l’incidence estimée à 99 % entre les deux périodes. La diminution des comportements sexuels à risque chez les personnes les plus exposées a également probablement contribué à la réduction de l’incidence, mais dans une moindre mesure par rapport au programme de vaccination.
Cette étude souligne que l’identification et la priorisation des populations à risque, la délivrance de messages de prévention ciblés et de campagne de sensibilisation, la disponibilité d’un vaccin antivariolique et surtout le déploiement rapide de la vaccination chez les personnes à risque devraient permettre aux autorités de santé de contrôler à l’avenir une épidémie de mpox comme celle survenue en 2022.
* L’incidence est le nombre de cas apparus pendant une année au sein d’une population (à ne pas confondre avec la prévalence, qui désigne la proportion de personnes malades à un moment donné). Le taux d’incidence correspond au nombre d’individus ayant contracté une maladie pour 1 000 personnes exposées au risque de cette maladie.