Grand Paris Seine & Oise : pétition contre la Ligne nouvelle Paris-Normandie

La Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise considère que le projet Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) cause un lourd préjudice à tout le territoire en termes […]

La Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise considère que le projet Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) cause un lourd préjudice à tout le territoire en termes d’aménagement et de développement économique, de mobilités et d’habitat, d’agriculture et d’écologie. Aussi, une motion d’opposition qui acte l’entrée en résistance contre ce projet inacceptable, dont le coût s’élèverait entre 10 et 15 milliards d’euros pour un gain de 10 minutes seulement, a été adoptée à une large majorité (97,4 % des voix) lors du Conseil communautaire du 27 juin 2024.
Les élus de la Communauté urbaine dénoncent ce projet aussi coûteux pour les finances publiques de la France que dévastateur pour le territoire. Ils lancent un appel à mobilisation des habitants et les invitent à signer la pétition « NON à la Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN), ensemble sauvons notre territoire ! »

Les raisons de l’opposition
L’opposition au projet de la Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) repose sur des arguments solides, ancrés dans les préoccupations économiques, environnementales et sociales. Ce projet, qui représente un investissement colossal de 10 à 15 milliards d’euros, soulève de nombreuses questions quant à sa viabilité et son utilité. À l’heure où la dette publique de la France atteint les 3 000 milliards d’euros, investir une telle somme pour un projet qui ne concernerait que 23 trains par jour et permettrait de gagner à peine dix minutes sur un trajet semble disproportionné. Si l’on fait le calcul, cela revient à plus d’un milliard d’euros la minute économisée. Ce chiffre seul suffit à illustrer l’absurdité économique de cette entreprise.
Ce projet a déjà été abandonné à trois reprises – en 2004, 2010 et 2012 – précisément en raison de son manque de rentabilité. Et pour cause : il n’a jamais été précédé d’une véritable étude de besoin. Il apparaît clairement que la LNPN bénéficie essentiellement à la région Normandie, tandis que l’ensemble des contribuables, y compris ceux de GPS&O (Grand Paris Seine et Oise), seraient contraints d’en assumer les coûts. Ces derniers, en particulier, n’auraient à subir que les nuisances d’un tel projet sans en retirer de bénéfices tangibles.
La manière dont ce projet a été conduit a également de quoi susciter la méfiance. La SNCF et l’État ont fait preuve d’un manque de transparence flagrant. À aucun moment les élus de GPS&O n’ont été consultés sur l’opportunité ou les implications de la LNPN pour leur territoire. Pire encore, la concertation publique a été accélérée sans que les habitants ne disposent d’une information claire sur les changements de tracé ou les impacts prévisibles. Cette opacité alimente un sentiment d’injustice et de frustration parmi les résidents concernés.
Pour les habitants de la Communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, ce projet cumule les désavantages. Sur le plan de la mobilité, la LNPN ne prévoit même plus d’arrêt à Mantes-la-Jolie, une décision qui priverait une grande partie de la population d’un accès direct au réseau ferroviaire à grande vitesse. De plus, la ligne ne permettrait pas la circulation des trains de marchandises, qui seraient alors redirigés vers les lignes existantes, créant ainsi des tensions supplémentaires avec les trains de voyageurs. Le projet entraînerait également des travaux d’envergure à la gare Saint-Lazare, occasionnant de fréquentes interruptions de la ligne J, perturbant les déplacements quotidiens des usagers. Enfin, le réaménagement des échangeurs autoroutiers et le rehaussement des ponts sur l’A13 provoqueraient d’importants embouteillages, aggravant une situation routière déjà compliquée.
Le cadre de vie des 223 678 habitants des 24 communes traversées par la future ligne serait gravement impacté. Chaque passage de train entraînerait des nuisances sonores allant jusqu’à 65 décibels, sans compter la pollution visuelle. Les propriétaires dont les maisons se trouvent à proximité du tracé, et qui ne seraient pas expropriés verraient la valeur de leurs biens immobiliers chuter de 15 à 35 %. Ces désagréments ne sont pas des hypothèses : ils seraient bien réels, et subis quotidiennement par les riverains.
Sur le plan environnemental, les conséquences seraient tout aussi désastreuses. Le projet nécessite l’artificialisation de 198 hectares de terres agricoles et d’espaces naturels, une superficie équivalente à 277 terrains de football. Ce chantier massif irait à l’encontre des objectifs de la loi Zéro Artificialisation nette (Zan), menaçant les écosystèmes locaux et les corridors écologiques indispensables à la biodiversité. De plus, le dévoiement de plusieurs points de captage d’eau potable dans huit communes pose un risque sérieux pour les ressources en eau, déjà fragilisées.
L’impact économique de la LNPN ne serait pas moindre. Des zones d’activité majeures, comme celles d’Aubergenville, Flins-sur-Seine et Épône, se verraient directement affectées. Avec plus de 16 000 emplois en jeu, c’est tout l’équilibre économique du territoire qui serait remis en question. Par ailleurs, des projets stratégiques, comme la modernisation de la zone commerciale des Quarante sous à Orgeval, qui regroupe 430 établissements et 2 200 emplois, risquent d’être gelés. De même, la clinique Vivalto, un projet de fusion de deux établissements de santé à Aubergenville avec une capacité de 252 lits et 400 salariés, pourrait ne jamais voir le jour à cause de ce chantier.
Au final, le projet LNPN apparaît comme une source de nuisances multiples et de perturbations majeures pour les habitants et les entreprises du territoire, sans bénéfice réel pour la majorité des contribuables. Cette opposition, loin d’être un simple rejet conservateur, reflète une prise de position réfléchie face à un projet mal conçu, opaque et lourd de conséquences sur le plan social, environnemental et économique.

Signer la pétition
Pour toutes ces raisons, la Communauté urbaine GPS&O est farouchement opposée à ce projet. Avec son collectif d’élus et un certain nombre de partenaires, Grand Paris Seine & Oise acte l’entrée en résistance contre ce projet destructeur pour le territoire et pour la qualité de vie de ses habitants. Ils appellent à la mobilisation de tous pour la sauvegarde du territoire, en lançant une pétition en ligne sur Change.org.
Accéder à la pétition en ligne sur https://www.change.org/p/non-%C3%A0-la-ligne-nouvelle-paris-normandie-lnpn-ensemble-sauvons-notre-territoire/.

Contrairement à la quasi-totalité des grandes intercommunalités, la Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise n’est pas constituée autour d’une grande ville qui polarise les bourgs alentour. Elle est issue de la fusion de 6 intercommunalités du nord des Yvelines et a été créée le 1er janvier 2016. Elle s’étend sur une superficie de 500 km2 et réunit 73 communes.
Idéalement situé sur l’axe stratégique Paris-Rouen-Le Havre, GPS&O s’étend de Rolleboise à Conflans-Sainte-Honorine. Les 424 510 habitants de la communauté urbaine se répartissent sur ces communes, dont 4 pôles urbains, des villes moyennes et 45 communes rurales de moins de 2000 habitants :
• à l’ouest, le bassin de vie du Mantois autour de Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville, Magnanville et Buchelay ;
• au centre Aubergenville, Les Mureaux, Meulan ;
• à l’est, Poissy et Achères qui polarisent toute la boucle de Chanteloup ;
• au nord-est, Conflans-Sainte-Honorine qui se positionne comme le trait d’union avec l’agglomération de Cergy-Pontoise.

 

En bref
• Plus de 1 milliard d’euros la minute gagnée : une hérésie économique.
• Augmentation du fret : au détriment des trajets du quotidien et du transport fluvial.
• Un tracé non concerté : frein au développement du territoire.
• Un projet de train qui est une entrave à la mobilité des habitants.
• Une ligne ferroviaire à forte nuisance écologique.
• Une source de pollution visuelle et sonore pour les riverains.