Sous un soleil printanier, le Jardin des Traverses s’est transformé, le 17 mai dernier, en véritable vitrine vivante de l’agriculture urbaine parisienne. Concerts, ateliers, dégustations et échanges […]
Sous un soleil printanier, le Jardin des Traverses s’est transformé, le 17 mai dernier, en véritable vitrine vivante de l’agriculture urbaine parisienne. Concerts, ateliers, dégustations et échanges animés ont ponctué cette journée festive organisée par la Ville de Paris, en partenariat avec les 48h de l’agriculture urbaine, pour célébrer les dix ans du dispositif Parisculteurs. Une décennie de semences urbaines qui, contre toute attente, ont pris racine jusque sur les toits, les friches, les cours d’école ou les talus oubliés de la capitale, prouvant qu’il était possible de faire pousser bien plus que des plantes au cœur de la ville.
Lancé en 2014, Parisculteurs a marqué un tournant dans la manière dont la ville conçoit son rapport au vivant. Ce programme, devenu une référence en France comme à l’international, a permis l’émergence de 80 projets agricoles dans Paris et ses alentours, totalisant 24 hectares cultivés, dont 14 intra-muros. Plus de la moitié de ces projets ont vu le jour sur du foncier municipal, et 60 % de ces cultures s’épanouissent aujourd’hui en pleine terre, malgré les contraintes du milieu urbain.
Mais l’enjeu dépasse la production agricole. Derrière chaque potager urbain, chaque champignonnière ou ferme florale se dessine un projet de société. L’agriculture urbaine parisienne agit comme un levier puissant de transition écologique et sociale. Elle favorise la biodiversité en ville, crée des îlots de fraîcheur bienvenus face à la montée des températures, améliore la gestion des eaux pluviales, dépollue les sols, tout en générant des emplois non délocalisables et en créant des passerelles vers la formation et l’insertion.
Ces dix années ont également permis de faire émerger une nouvelle génération d’agriculteurs urbains. À l’heure où la moitié des agriculteurs d’Île-de-France doit partir à la retraite d’ici 2030, Parisculteurs joue un rôle d’incubateur. Près de 60 % des nouvelles installations soutenues concernent des porteurs de projets non issus du monde agricole. La ville devient ainsi un terrain d’apprentissage, une rampe de lancement pour ceux qui souhaitent ensuite s’installer en périphérie ou même en ruralité, à l’image de Masami Lavault, devenue une figure emblématique grâce à sa ferme florale, première du genre dans Paris.
Le rayonnement du programme dépasse aujourd’hui largement les frontières de la capitale. Inspiré par son modèle, Montréal a lancé ses « Montréalculteurs », et d’autres métropoles françaises comme Lyon, Lille ou Nantes s’en sont emparées pour verdir leur propre tissu urbain.
Fidèle à son esprit pionnier, la Ville de Paris a profité de cet anniversaire pour annoncer une nouvelle évolution du dispositif. À partir de 2025, Parisculteurs deviendra Pariculteurs en toutes saisons, une plateforme ouverte en continu, permettant aux porteurs de projets de candidater à tout moment de l’année. Une souplesse bienvenue pour faire face à la rareté du foncier disponible et répondre plus rapidement aux opportunités.
Ce 17 mai, c’est donc tout un pan de la ville nourricière qui s’est donné rendez-vous sur la Petite Ceinture. Entre fabrication de jardinières, rempotage, création de papier ensemencé, expositions pédagogiques, dégustations orchestrées par la cheffe Cheynese et rythmes électros sur fond de DJ sets, la journée a confirmé ce que les Parisculteurs défendent depuis dix ans : cultiver en ville, ce n’est pas un retour au passé, c’est dessiner un avenir. Un avenir où la terre retrouve sa place au cœur des métropoles, et où la ville se réinvente, patiemment, à la hauteur d’un semis.