Une récente étude menée par la fondation indépendante ToxicoWatch a mis en évidence la présence de concentrations anormalement élevées de dioxines et de métaux lourds dans l’environnement immédiat de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII. Ces résultats, préoccupants à plus d’un titre, suscitent une vive inquiétude parmi la population, les élus et les acteurs de santé publique. En réponse à ces signaux d’alerte, la collectivité d’Ivry-sur-Seine réclame des explications précises de la part du Syctom, syndicat intercommunal chargé du traitement des déchets ménagers, ainsi que des services compétents de l’État, notamment l’Agence régionale de santé (ARS), Santé publique France et la Drieat (Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement, de l’Aménagement et des Transports d’Île-de-France).
Au cœur des interrogations figure la comparaison entre l’actuelle installation de traitement des déchets et la future Unité de Valorisation énergétique (UVE) en cours de construction. La collectivité souhaite obtenir des éclaircissements quant aux évolutions technologiques mises en œuvre dans cette nouvelle unité, notamment en ce qui concerne les émissions de substances toxiques. L’amélioration annoncée des performances environnementales ne saurait se résumer à la seule réduction de moitié des tonnages traités. Elle appelle des garanties concrètes sur les dispositifs de filtration, de surveillance et de transparence à mettre en œuvre, au-delà des exigences réglementaires actuelles.
Les sources précises des pollutions relevées par la fondation Toxicowatch doivent être identifiées. La collectivité interroge les services de l’État sur les seuils d’exposition à partir desquels un risque sanitaire avéré pourrait exister pour les populations riveraines. Elle demande également de clarifier si différents seuils réglementaires coexistent à l’échelle européenne et, le cas échéant, de justifier la pertinence de ces écarts. Dans l’éventualité d’un dépassement des valeurs limites, il est essentiel de savoir quelles mesures de protection doivent être envisagées pour garantir la sécurité des habitants, en particulier des publics les plus vulnérables.
Alors que le prochain comité de suivi du site Ivry-Paris XIII est prévu pour le 2 juillet, la Ville d’Ivry a exigé la convocation en amont d’une réunion d’urgence réunissant l’ensemble des acteurs concernés. L’objectif est d’obtenir des réponses claires, argumentées et documentées face aux légitimes inquiétudes exprimées par les habitants, et d’engager, si cela s’avère nécessaire, des mesures immédiates de prévention ou de réduction des risques.
La municipalité invite d’ailleurs les habitants à exprimer leurs interrogations via la plateforme participative Ivry & moi. Toutes les questions collectées seront relayées auprès des autorités compétentes et feront l’objet d’un retour lors des réunions de suivi. Une communication dédiée sera ensuite déployée afin de tenir la population informée des éléments de réponse apportés.
Dans ce contexte, une première réunion publique d’information s’est tenue le 27 mai dernier à l’Hôtel de Ville. Elle a permis de revenir en détail sur les résultats intermédiaires de l’étude conduite par la fondation Toxicowatch. Le maire, accompagné de représentants de l’ARS, de l’Éducation nationale, du collectif 3R et d’autres parties prenantes, a pris la parole pour expliciter la situation actuelle et répondre aux nombreuses questions posées par les citoyen·nes présents.
Ce moment d’échange, marqué par la gravité des enjeux, témoigne d’une mobilisation forte autour de la question environnementale et sanitaire. Il ouvre une nouvelle phase de vigilance citoyenne et institutionnelle autour du site d’Ivry-Paris XIII, alors même que s’amorce la transition vers une nouvelle génération d’équipements de traitement des déchets.
Ivry-sur-Seine : pollution aux dioxines et aux métaux lourds

Par Marc Blanc
Publié le 4 juin 2025 à 16h08 – Temps de lecture : 4 minutes