Est Ensemble : rapport sur les injustices

L’Observatoire d’Est Ensemble a publié la deuxième édition de son rapport « Politique injuste à Est Ensemble et en Seine-Saint-Denis ». Ce rapport actualise les constats faits dans le précédent tout en élargissant son champ d’analyse pour intégrer trois nouvelles thématiques : l’environnement, la petite enfance et le logement. Les résultats dévoilés montrent que les inégalités socio-économiques persistent dans le territoire, et que l’accès aux services publics reste un défi majeur. En comparant neuf indicateurs clés, dont trois nouveaux, le rapport illustre que, malgré certaines évolutions, les inégalités restent largement inchangées. Cette étude dresse un état des lieux objectif des injustices territoriales et met en lumière l’ampleur des écarts entre Est Ensemble et d’autres territoires en Île-de-France.
L’édition 2025 met en avant des thématiques essentielles, notamment l’environnement, où la Seine-Saint-Denis est particulièrement exposée aux nuisances, telles que la pollution de l’air et un manque d’espaces verts. Ces facteurs ont un impact direct sur la santé et la qualité de vie des habitants. Le rapport met également en lumière la situation de la petite enfance, où l’accès aux modes de garde est inégal, ce qui affecte de manière significative les trajectoires éducatives des enfants. Enfin, le logement demeure un problème majeur. L’accès à des logements dignes et abordables reste complexe, exacerbant les fractures sociales et spatiales au sein du territoire.
Les chiffres présentés dans le rapport sont alarmants. En matière d’environnement, à Est Ensemble, 50 % des habitants sont exposés à une mauvaise qualité de l’air et à un environnement sonore bruyant, un taux bien plus élevé que dans d’autres territoires comme Plaine Commune (48 %) ou Grand Paris Grand Est (15 %). Sur le plan de l’emploi, Est Ensemble comptait en 2024 en moyenne 198 chômeurs suivis par agent, bien au-dessus de la moyenne nationale qui est de 165. En ce qui concerne l’accès aux droits, la situation est tout aussi préoccupante : en Seine-Saint-Denis, le traitement des demandes de RSA ou d’AAH prend en moyenne sept semaines, contre trois semaines à Paris ou cinq semaines dans les Hauts-de-Seine.
Le rapport met également en évidence la situation de la petite enfance. En 2021, seulement 25,5 % des enfants de moins de trois ans à Est Ensemble étaient couverts par une offre d’établissements d’accueil, loin derrière des départements comme les Hauts-de-Seine (45,2 %) ou Paris (54,7 %). En éducation, 35 % des heures d’absence dans les écoles primaires de la Seine-Saint-Denis ne sont pas remplacées, un taux bien plus élevé que dans d’autres départements comme le Val-de-Marne (24 %) ou la Seine-et-Marne (16 %). En matière de santé, les temps d’attente aux urgences à l’hôpital Avicenne de Bobigny en 2023 étaient de 246 minutes en moyenne, bien plus longs que ceux des hôpitaux parisiens comme Bichat (122 minutes) ou la Pitié Salpêtrière (196 minutes). Sur le plan de l’habitat, 14 demandes de logement social étaient en attente pour chaque attribution réalisée en 2023, un chiffre bien plus élevé que dans des départements comme la Seine-et-Marne (9 demandes) ou les Hauts-de-Seine (11,7 demandes).
La question de la sécurité publique est également abordée dans le rapport. En 2019, la Seine-Saint-Denis comptait seulement 34 policiers pour 10 000 habitants, contre 44 dans les Hauts-de-Seine. Enfin, en matière de justice, le tribunal de Bobigny ne comptait que 58 parquetiers en 2023, bien en dessous des standards européens qui recommandent 186 parquetiers pour un tribunal de même taille.
Cette nouvelle édition du rapport « Politique injuste à Est Ensemble et en Seine-Saint-Denis » met en lumière la persistance des nombreuses inégalités qui affectent encore le territoire. Malgré quelques avancées, la situation reste préoccupante et souligne l’urgence d’agir pour réduire les écarts entre Est Ensemble et d’autres territoires de la région. Les nouvelles thématiques, comme l’environnement, la petite enfance et le logement, doivent être considérées comme des priorités pour améliorer l’égalité territoriale et garantir un meilleur accès aux services publics.