Valérie Létard, ministre chargée du Logement, a présidé une réunion de concertation consacrée à l’avenir du dispositif MaPrimeRénov’, réunissant parlementaires, représentants des collectivités et professionnels du secteur, un mois après la suspension du guichet des aides pour les rénovations énergétiques individuelles d’ampleur. Cette fermeture, décidée le 23 juin en raison d’un afflux massif de dossiers et du risque élevé de fraude ou de surévaluation des prix, ne concernait pas les dossiers de « monogestes » (travaux ciblés comme l’isolation ou le changement du système de chauffage) ni ceux des copropriétés.
Depuis cette suspension, une équipe interministérielle analyse les dossiers litigieux, tandis que le ministère poursuit le traitement des demandes non frauduleuses : au 11 juillet, 53 283 rénovations d’ampleur ont ainsi déjà été engagées en France, grâce à plus de 1,5 milliard d’euros d’aides.
Au vu de l’engorgement – 61 000 dossiers alors qu’un rythme normal aurait permis d’en traiter environ 40 000 – la ministre a confirmé la réouverture du guichet MaPrimeRénov’ au 30 septembre, mais selon des modalités ajustées. Pour éviter de nouveaux blocages et raccourcir les délais de traitement, seuls 13 000 nouveaux dossiers pourront être acceptés jusqu’à la fin de l’année 2025, avec des quotas déterminés localement et partagés régulièrement avec tous les acteurs concernés. Dès que l’objectif sera dépassé dans une zone, les dossiers seront rejetés, et, lorsque le quota national sera atteint, la plateforme fermera jusqu’à la fin de l’année.
La priorité sera donnée dès le 30 septembre aux propriétaires très modestes, les plus touchés par la précarité énergétique. Les ménages modestes pourront également déposer leurs demandes dans un second temps, selon la dynamique locale observée. La ministre prévient que, compte tenu du stock à traiter, les dossiers déposés jusqu’à la fin de l’année ne seront instruits qu’au premier trimestre 2026, sous réserve de l’adoption de la loi de finances.
Les règles d’attribution des aides évoluent aussi : les plafonds des travaux subventionnables sont désormais fixés à 30 000 ou 40 000 €, selon la performance énergétique obtenue. Les aides se concentrent sur les logements « passoires » (classes E, F et G), avec des taux personnalisés en fonction des revenus pour soutenir en priorité les propriétaires les plus vulnérables. À noter : le bonus de sortie de passoire de 10 % est supprimé.
Les aides pour les rénovations « monogestes » et les copropriétés restent accessibles sans changement jusqu’à la fin de l’année, dans le but atteint de 200 000 travaux simples et 40 000 logements rénovés en copropriété.
La lutte contre la fraude s’intensifie parallèlement : près de 5 000 dossiers frauduleux sur la rénovation d’ampleur et 8 000 dossiers de monogestes ont déjà été écartés, sans versement d’aide. Dès août, les entreprises identifiées comme fraudeuses verront leur agrément suspendu ou retiré. Un décret d’application contre la fraude sera prochainement mis en concertation et pourra notamment permettre une publication des entreprises sanctionnées ou le renforcement des pénalités. Pour Valérie Létard, « ces échanges sont essentiels pour concevoir des aides adaptées aux réalités du terrain et bâtir un système plus robuste. Le nouveau pilotage et les ajustements permettent à la fois de soutenir les ménages fragiles, de garantir la visibilité attendue par le secteur pour 2026, et de poursuivre l’engagement contre la précarité énergétique et le réchauffement climatique, tout en respectant les contraintes budgétaires. »