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Nouveau cap pour la rénovation urbaine

Par Gilbert Caron
Publié le 11 août 2025 à 15h47 – Temps de lecture : 4 minutes

Alors que le programme national de rénovation urbaine poursuit sa transformation dans 448 quartiers avec un investissement colossal de près de 46 milliards d’euros, l’heure est venue de réfléchir à l’avenir au-delà du cadre actuel. C’est dans cet esprit que Valérie Létard, ministre en charge du Logement, a mandaté Philippe Van de Maele pour imaginer ce que pourra être la prochaine étape de la rénovation urbaine dans les années à venir.

Le programme en cours aura déjà permis d’améliorer concrètement le cadre de vie de millions d’habitants, en rénovant des dizaines de milliers de logements et en construisant massivement du neuf. Mais l’enjeu ne s’arrête pas à une seule vague de chantiers. La ministre considère désormais nécessaire de prolonger ce mouvement, en étendant la temporalité des travaux jusqu’en 2032 : il s’agit de laisser le temps nécessaire aux quartiers engagés de voir leurs projets aboutir, tout en donnant à d’autres territoires la possibilité d’intégrer la dynamique.

La mission confiée à Philippe Van de Maele se veut donc prospective et inclusive. Elle doit dessiner les contours d’une politique qui, demain, ne concernera plus uniquement les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais inclura aussi les centres anciens des villes moyennes et toutes ces copropriétés fragilisées, longtemps délaissées. Ce nouvel élan urbain devra, selon la ministre, mettre au même niveau les enjeux d’égalité républicaine et de cohésion sociale : chaque territoire, chaque quartier, doit pouvoir accéder à la modernité, à la qualité de vie, à la diversité.

L’un des axes majeurs de la mission sera d’identifier les sources de financement qui permettront ce nouveau souffle. Les enjeux financiers sont considérables : il s’agit de conjuguer des fonds publics avec l’apport de ressources européennes, voire d’ouvrir la porte à l’investissement privé via de nouveaux montages opérationnels. Cet équilibre financier sera d’autant plus stratégique qu’il doit garantir la pérennité de la politique urbaine sur plusieurs décennies.

Mais la question des moyens ne saurait occulter celle des méthodes. La ministre souhaite que la gestion et le pilotage des futurs projets de rénovation soient repensés : il s’agira de bâtir une gouvernance qui s’adapte véritablement aux réalités de chaque territoire, qui favorise le dialogue entre l’État, les collectivités et les acteurs locaux, et qui laisse place à l’innovation au plus près du terrain.

La réflexion sur l’avenir de la rénovation urbaine s’articulera aussi autour de nouveaux défis. Il faudra répondre à la vulnérabilité des villes face au changement climatique, trouver des solutions pour créer des îlots de fraîcheur, lutter efficacement contre la précarité énergétique, mais également renforcer la mixité sociale, intégrer le vieillissement de la population dans l’aménagement des espaces, et saisir les opportunités d’emploi que peut offrir le renouvellement urbain. Directement rattaché à la ministre, Philippe Van de Maele s’appuiera sur l’expérience accumulée par l’Anru et sur des rapports récents, pour proposer, d’ici la fin de l’année, une nouvelle trajectoire ambitieuse. L’objectif : faire émerger un modèle d’intervention adapté aux réalités de demain, fidèle à la promesse d’un cadre de vie digne, apaisé et ouvert à toutes les générations et à tous les horizons. Cette passion républicaine de la rénovation urbaine, la France s’apprête à la réinventer, pour prolonger et amplifier l’impact de ses chantiers dans la durée.