Dès le 1er août, le Livret A affichera un taux de 1,7 %, tandis que le Livret d’épargne populaire (LEP) verra sa rémunération fixée à 2,7 %. La décision, annoncée par Éric Lombard, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, suit scrupuleusement les recommandations du gouverneur de la Banque de France.
Cette inflexion a un double visage. D’une part, la baisse du Livret A, qui jusqu’ici culminait à 2,4 %, accompagne la décrue de l’inflation, tombée à 0,88 % au premier semestre 2025. Le ministre l’assure : « Le taux du Livret A restera nettement plus élevé que l’inflation, qui a significativement baissé au cours de l’année écoulée. Nous protégeons l’épargne des Français. » Derrière le calcul précis – indexé sur la moyenne du taux interbancaire €ster et l’évolution de l’IPC hors tabac – se joue une équation nationale : le Livret A irrigue tout le réseau du logement social et de la politique de la ville, et son taux est une boussole pour les crédits immobiliers des bailleurs sociaux et des PME. Avec cette nouvelle orientation, c’est près d’un milliard d’euros de capacité d’investissement qui sera restitué aux acteurs du logement social sur deux ans, selon les calculs du ministère.
D’autre part, le Livret d’épargne populaire fait figure d’exception : le taux est abaissé, mais reste bien plus généreux que la formule réglementaire ne l’aurait suggéré. Le ministre a dérogé au calcul habituel pour soutenir les ménages modestes, ménageant une transition moins brutale : le LEP sera rémunéré à 2,7 %, contre 3,5 % auparavant, quand la formule mathématique aura descendu le taux à 2,2 %. La volonté affichée est claire : « Les ménages les plus modestes continueront à bénéficier d’un taux dérogatoire plus favorable », insiste Éric Lombard.
En toile de fond, cette décision illustre les tensions et équilibres de la gestion de l’épargne populaire : protéger le pouvoir d’achat tout en dynamisant le financement de la politique du logement et du tissu productif. Le Livret A, pilier des économies familiales, reste donc un placement relativement sûr et accessible, alors que le LEP continue, malgré la baisse, de remplir son rôle social en assurant aux foyers les plus fragiles une rémunération avantageuse.