
Ce samedi 30 août 2025, Cormeilles-en-Parisis a vécu un moment rare. Dans le quartier Seine Parisii, les habitants se sont rassemblés devant un bâtiment flambant neuf : l’école des Frères Lambert. Le ruban tricolore s’est tendu, puis s’est coupé dans un silence attentif, presque solennel. Quelques parents se tenaient la main, d’autres immortalisaient l’instant sur leurs téléphones. Dans les regards, un mélange de fierté et de soulagement : l’école tant promise était enfin là, prête à accueillir ses premiers élèves.
Parmi eux, Mélina, six ans, qui n’a pas caché son excitation : « Regarde papa, c’est mon école ! » À ses côtés, un petit garçon murmure : « C’est beau, ça brille… » Ils font partie des trente-cinq pionniers de cette rentrée pas comme les autres. Ici, de la maternelle au CM2, les enfants partagent les mêmes classes. Une contrainte qui devient une force : les grands épaulent les plus jeunes, les petits éveillent la curiosité des aînés. Une école pensée comme une communauté, où l’on grandit ensemble.
Et pourquoi ce nom, Frères Lambert ? Parce qu’ici, tout ramène à l’histoire ouvrière de Cormeilles. Pendant des décennies, la société Lambert Frères & Cie a exploité les carrières de gypse, faisant vivre des générations de travailleurs. Plus tard, le site est devenu cimenterie Lafarge, avant de céder la place à ce nouveau quartier résidentiel. Le nom, choisi après consultation des habitants, rend hommage à ces bâtisseurs d’hier. Aujourd’hui, il résonne autrement : ce ne sont plus les volutes de poussière blanche que l’on évoque, mais les rires des enfants et le bruissement des cahiers neufs.
Le bâtiment, lui aussi, raconte une histoire. Ses pierres de taille lui donnent un ancrage presque naturel, comme s’il avait toujours fait partie du paysage. Les larges baies vitrées, les coursives ouvertes et les espaces baignés de lumière ouvrent un horizon aux enfants : un lieu pour grandir, explorer et s’épanouir, où le confort acoustique et la clarté des espaces favorisent l’apprentissage.
Derrière la symbolique, les chiffres rappellent l’ampleur du chantier. Près de huit millions d’euros ont été investis, dont 4,675 millions apportés par l’aménageur Urban Era, 1,628 million par le Conseil départemental et 191 000 euros par l’État au titre de la prime « maires bâtisseurs ». La Ville a complété l’enveloppe avec 1,406 million. Dix-huit mois de travaux ont suffi, depuis la pose de la première pierre en mars 2024, pour livrer l’école dans les temps. Deux classes ouvrent dès cette rentrée – elles seront douze à terme –, accompagnées d’un centre de loisirs intégré, d’une demi-pension, d’une salle de repos, d’une cour végétalisée avec aire de jeux et sol souple. Le bâtiment comprend également une salle pour le Réseau d’aide spécialisée aux élèves en difficulté, une salle de motricité, ainsi que des locaux annexes pour l’infirmerie, les vestiaires et l’équipe enseignante.

L’inauguration a réuni de nombreux partenaires autour du maire Yannick Boëdec : Marie-Christine Cavecchi, présidente du Conseil départemental, Philippe Court, préfet du Val-d’Oise, Yann Aubry, directeur général d’Urban Era, et l’architecte Jean-Louis Quertinmont. Tous ont insisté sur la portée de l’événement. Se félicitant d’un chantier public mené dans les délais, le maire a rappelé le contraste avec d’autres territoires : « Ailleurs, on ferme des classes, ici, on ouvre une école, c’est bon signe, il faut s’en réjouir. » La directrice de l’école, Coline Llosa, était présente pour accueillir la communauté. Le maire en a profité pour rappeler la responsabilité immense des enseignants dont l’influence s’imprime pour la vie.
Mais l’école n’est qu’une pièce du puzzle. Le quartier Seine Parisii, sorti d’une friche industrielle, poursuit sa métamorphose. Déjà 750 logements sont habités. Ils seront 1 200 d’ici 2030, pour environ 3 000 habitants. Une marina a vu le jour en octobre 2024, une crèche ouvrira dans un an et les premiers commerces début 2026. Le quartier profite déjà d’une passerelle sur la Véloroute reliant la Manche à Paris, avec un accès direct vers La Défense. C’est toute une nouvelle vie urbaine qui se met en place, entre mémoire ouvrière et modernité.
L’après-midi, après les discours officiels, la solennité a laissé place à la convivialité. Les portes se sont ouvertes pour une visite, suivie d’une fête qui a transformé la cour en kermesse improvisée. Jeux gonflables, ateliers, conversations entre voisins : le quartier a pris des allures de village. Ici, une fillette promettait à une camarade de maternelle de lui apprendre à faire ses lacets. Là, un élève plus âgé aidait un petit à franchir le toboggan. Des gestes simples, qui disent mieux que des discours l’esprit du lieu : mémoire des carrières, renaissance d’un quartier et promesse d’un avenir partagé.