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Commerce en ligne : la traque s’intensifie

Par Marc Blanc
Publié le 8 septembre 2025 à 10h34 – Temps de lecture : 4 minutes

En 2025, la lutte contre les escroqueries en ligne a franchi une nouvelle étape. Près de 80 sites Internet frauduleux ont déjà été bloqués par les services de la DGCCRF depuis le début de l’année, un chiffre qui illustre la détermination du gouvernement à agir face à un phénomène qui ne cesse de croître. À l’origine de cette offensive, Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de l’Économie sociale et solidaire, a fait de la protection des consommateurs et du soutien aux commerçants respectueux des règles une priorité de son action.

Derrière ce bilan impressionnant se cache une réalité inquiétante : le commerce en ligne attire de plus en plus de pratiques trompeuses, qui fragilisent à la fois les acheteurs et les professionnels honnêtes. Les arnaques prennent de multiples formes, toutes conçues pour abuser de la confiance du public. Il peut s’agir de produits inexistants mis en avant à grand renfort de publicités mensongères, de fausses promotions affichées pour appâter le client, de vendeurs se parant d’une identité fictive ou de qualifications inventées pour paraître crédibles. Dans certains cas, les sites proposent même à la vente des produits strictement interdits. Les secteurs du dépannage à domicile et de la rénovation énergétique figurent parmi les plus touchés, où les consommateurs, souvent en situation d’urgence, deviennent des proies faciles.

Ces pratiques ne nuisent pas seulement aux particuliers qui voient leur argent envolé ou leurs attentes déçues. Elles pénalisent aussi les commerçants, qu’ils soient physiques ou numériques, qui respectent les règles et se trouvent confrontés à une concurrence déloyale. Cette concurrence illégitime fausse le marché, érode la confiance dans l’e-commerce et fragilise un tissu économique déjà soumis à de fortes pressions.

Pour répondre à ce défi, la loi a doté les services de la DGCCRF d’outils puissants depuis 2020. Trois leviers peuvent être utilisés selon les cas : le blocage pur et simple d’un nom de domaine, empêchant toute connexion au site incriminé ; la restriction d’accès, qui redirige l’internaute vers une page officielle du ministère pour l’informer de la fraude ; ou encore le déréférencement du site, le rendant invisible dans les résultats des moteurs de recherche. Ces mesures, appliquées sous conditions précises, permettent à l’État d’agir rapidement et efficacement contre des acteurs souvent insaisissables, cachés derrière des sociétés-écrans ou des identités impossibles à tracer.

Lorsque les responsables sont identifiables, la panoplie de sanctions s’élargit : amendes administratives, sanctions financières proportionnées aux profits réalisés, voire transmission du dossier à la justice pour d’éventuelles poursuites pénales. L’objectif est double : protéger le consommateur et rappeler que l’impunité n’existe pas dans l’économie numérique.

La ministre Véronique Louwagie insiste sur la nécessité d’une action rapide et ferme. « Les consommateurs sont directement en danger, et les commerçants et artisans qui respectent les règles subissent de plein fouet une concurrence déloyale. Alors qu’en 2024, 87 réquisitions numériques avaient été réalisées, nous en avons déjà effectué près de 80 à mi-année 2025, grâce à la forte mobilisation des services de la DGCCRF », explique-t-elle. La ministre appelle également à renforcer les procédures pour aller encore plus vite, notamment dans la lutte contre les fausses réductions de prix, une pratique devenue courante dans certains secteurs du commerce en ligne.

Cette politique active s’inscrit dans une volonté plus large de réguler le commerce numérique et de rétablir l’équilibre entre acteurs vertueux et fraudeurs. Car la question dépasse le simple cadre des transactions : elle touche à la confiance des citoyens dans le commerce en ligne, à la loyauté des échanges économiques et, au fond, à l’équité entre tous les acteurs du marché. En publiant régulièrement la liste des sites frauduleux bloqués, l’État envoie aussi un signal fort : la transparence est une arme contre la fraude. Chaque blocage est non seulement une protection pour les consommateurs, mais aussi un rappel à l’ordre pour ceux qui seraient tentés de contourner la loi. L’enjeu est considérable, car le commerce en ligne ne cesse de prendre de l’ampleur dans les habitudes d’achat des Français.