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Lutter contre la désinformation en santé

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 27 août 2025 à 18h39 – Temps de lecture : 4 minutes

Face à la multiplication des fausses informations et des discours obscurantistes en matière de santé, le ministère de la Santé et de l’Accès aux soins a placé la lutte contre la désinformation au cœur de son action. La circulation d’informations erronées fragilise la confiance des citoyens dans la science, met en danger la santé publique et compromet l’efficacité des politiques de prévention et de soins. Dans ce contexte, Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, a décidé de confier une mission d’expertise indépendante à trois scientifiques de renom, afin de structurer une réponse nationale ambitieuse et durable.

Cette initiative s’inscrit dans la continuité du colloque organisé le 18 avril 2025, qui avait réuni chercheurs, professionnels de santé, acteurs institutionnels, médias et représentants des plateformes numériques. Les discussions avaient permis d’identifier plusieurs axes prioritaires pour lutter contre la désinformation et les pratiques obscurantistes. Il s’agissait notamment de créer un Observatoire national de la désinformation en santé, capable de suivre et d’objectiver les phénomènes par le biais de baromètres publics et d’études régulières. L’objectif est d’apporter une vision claire et chiffrée des dérives et de leurs impacts, pour mieux orienter les actions de prévention et d’information.

Parallèlement, le ministère entend renforcer la coopération avec les plateformes numériques, en cohérence avec le Digital Services Act européen. L’idée est de les mobiliser activement pour limiter la diffusion de fake-news sanitaires et de contenus à caractère sectaire, tout en développant des outils de signalement et de vérification des informations. La dimension éducative est également au centre de la stratégie : un programme national d’éducation critique à la santé sera développé, combinant une approche scolaire, des MOOC accessibles au grand public et l’implication d’influenceurs capables de relayer des informations fiables sur les réseaux sociaux.

Le volet communication publique prévoit la constitution d’un réseau d’ambassadeurs scientifiques agréés par le ministère, chargés de diffuser des informations validées et de renforcer la visibilité de la science auprès des citoyens. Le soutien aux médias indépendants de fact-checking sera également intensifié, afin de vérifier et contextualiser l’information diffusée dans l’espace public. Enfin, les outils institutionnels seront renforcés : un guide pratique pour la gestion des crises sanitaires, la formation des communicants publics et la mise en place d’un système d’alerte rapide viendront compléter ces mesures pour permettre une réaction efficace et coordonnée face aux situations de désinformation.

Pour mettre en œuvre ces actions, le ministre a confié le 27 août 2025 une mission à trois experts de haut niveau : le professeur Mathieu Molimard, pharmacologue clinique et chef de service au CHU de Bordeaux ; la professeure Dominique Costagliola, épidémiologiste et biostatisticienne à l’Inserm et membre de l’Académie des sciences ; et le docteur Hervé Maisonneuve, spécialiste de l’intégrité scientifique et de la rédaction médicale. Cette mission a pour objectif d’apporter une analyse fine du paysage actuel, de recenser les bonnes pratiques, d’identifier les freins et besoins, et de proposer des recommandations opérationnelles pour renforcer la coordination et l’efficacité de la lutte contre la désinformation en santé.

Plus concrètement, les experts auront pour mission de cartographier l’ensemble des acteurs publics, associatifs et académiques mobilisés dans ce domaine, d’évaluer les dispositifs existants et leur coordination, et de formuler des propositions permettant de renforcer et pérenniser une stratégie nationale. Le rapport final, attendu pour décembre 2025, alimentera directement les travaux du comité de pilotage et permettra de lancer rapidement les premiers outils opérationnels. Pour Yannick Neuder, « la désinformation en santé n’est pas une opinion, c’est un risque. Elle met en danger nos concitoyens et affaiblit notre système de soins. Avec cette mission, nous posons les fondations d’une politique publique ambitieuse et durable, capable de répondre aux attaques contre la science et de protéger les Français. » Cette déclaration souligne l’importance cruciale de cette démarche, qui dépasse le simple cadre de la communication pour devenir un véritable enjeu de santé publique et de protection civique.