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Anti-gaspillage : le label s’étend à la restauration

Par Gilbert Caron
Publié le 12 octobre 2025 à 13h00 – Temps de lecture : 4 minutes

Le 10 octobre 2025 marque un tournant dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Après sa mise en place dans la distribution, le label national « anti-gaspillage alimentaire » s’ouvre désormais au secteur de la restauration, offrant aux établissements un cadre concret et reconnu pour structurer leurs efforts. Deux nouveaux référentiels, l’un destiné aux restaurants et l’autre aux unités de préparation, permettent aux professionnels de la restauration commerciale et collective de s’engager dans une démarche à la fois rigoureuse et valorisante.

Chaque année, la France produit 9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires, dont 3,8 millions pourraient être consommés. Cela représente en moyenne 55 kg de gaspillage par habitant, une part non négligeable qui impacte autant l’économie que l’environnement. Dans le secteur de la restauration, le gaspillage s’élève à 8 kg par personne et par an, selon le SDES (2023). Ces pertes ne se limitent pas à un coût financier : elles mobilisent des ressources naturelles précieuses, de l’eau aux sols en passant par l’énergie, tout en contribuant aux émissions de gaz à effet de serre. Au-delà de l’environnement et de l’économie, le gaspillage alimentaire pose également un défi social, en particulier dans la lutte contre la précarité alimentaire et pour l’accès équitable à une alimentation de qualité.

Face à ces enjeux, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) de 2020 a instauré le label national « anti-gaspillage alimentaire ». L’objectif est ambitieux : réduire de 50 % le gaspillage alimentaire d’ici la fin de l’année dans la distribution et la restauration collective, et atteindre cet objectif d’ici 2030 pour l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, en passant par la transformation et la restauration commerciale.

Porté par le ministère de la Transition écologique, avec l’appui du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, de l’Ademe et d’Afnor Normalisation, le label propose un cadre structurant aux établissements qui souhaitent mesurer et réduire leur gaspillage. Les deux nouveaux référentiels définissent des critères précis et mesurables, combinant obligations de moyens, c’est-à-dire les actions concrètes mises en œuvre par l’établissement, et objectifs de résultats, tels que des seuils maximums de gaspillage alimentaire tolérés.

Les restaurants engagés peuvent atteindre différents niveaux de labellisation, symbolisés par une, deux ou trois étoiles. Cette distinction reflète non seulement le respect des seuils de gaspillage, mais aussi le degré de maturité et de structuration des actions entreprises. Le label offre ainsi aux établissements une progression claire et valorisante, tout en fournissant aux consommateurs une information fiable sur les pratiques des professionnels. Les organismes certificateurs agréés par le ministère sont chargés de délivrer la labellisation et de veiller au respect des critères, garantissant ainsi une reconnaissance officielle et crédible.

Au-delà de la simple réduction des pertes alimentaires, le label encourage les établissements à adopter une approche globale de la durabilité. Il favorise la réutilisation des produits invendus, l’optimisation des achats, l’amélioration de la gestion des stocks et la sensibilisation du personnel et des clients à l’importance de limiter le gaspillage. Dans la restauration collective, il incite également à repenser les menus, adapter les portions et renforcer les pratiques de tri et de redistribution. Chaque initiative contribue à un double bénéfice : réduire l’impact environnemental et créer un cercle vertueux autour de l’alimentation responsable. L’ouverture du label à la restauration s’inscrit dans une dynamique nationale plus large. Après la distribution et la restauration, la prochaine étape concernera l’industrie agroalimentaire, avec la création d’un référentiel spécifique. L’objectif est de couvrir progressivement toute la chaîne alimentaire, afin d’atteindre les ambitions fixées par la loi Agec et de sensibiliser l’ensemble des acteurs à la responsabilité collective dans la lutte contre le gaspillage.