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Un plan pour renforcer la scène française de l’art contemporain

Par Assia Bedja
Publié le 28 octobre 2025 à 08h58 – Temps de lecture : 4 minutes

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a dévoilé un vaste plan destiné à consolider la scène française de l’art contemporain et à lui redonner tout son rayonnement, en France comme à l’international. Présenté le 24 octobre dernier, ce plan découle d’une large concertation menée avec les acteurs du secteur et s’appuie sur les recommandations du rapport confié à Martin Bethenod, remis à la ministre en juillet dernier.

Il s’inscrit dans un contexte paradoxal : alors que Paris et la France connaissent un nouvel élan sur la scène mondiale, porté par la vitalité des galeries, des fondations et des institutions publiques, les artistes qui composent cette scène demeurent encore trop peu visibles à l’étranger. En dépit d’une effervescence créative incontestable, l’écosystème de l’art contemporain français reste fragile, confronté à des difficultés structurelles et à un manque de reconnaissance internationale.

Le plan porté par la ministre vise donc à renforcer cet écosystème dans son ensemble. Il s’adresse à tous les artistes qui vivent et travaillent en France, quelle que soit leur nationalité, mais aussi à ceux de culture ou de nationalité françaises installés à l’étranger. L’objectif : faire de la scène française un modèle d’ouverture, de diversité et d’excellence, fidèle à l’héritage culturel du pays, tout en l’ancrant résolument dans le monde contemporain.

Pour y parvenir, le ministère de la Culture mobilise ses principaux opérateurs – le Centre national des arts plastiques (Cnap), le Centre Pompidou et le Palais de Tokyo – en partenariat avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, les collectivités, les institutions culturelles et le secteur privé. « La scène française d’art contemporain n’a jamais été aussi dynamique, mais elle mérite d’être davantage visible et soutenue face aux fragilités du secteur », a déclaré Rachida Dati. « Ce plan traduit la volonté de mieux l’accompagner et de promouvoir son rayonnement. Accompagner nos artistes, nos galeries et nos institutions, c’est affirmer la place de la France comme puissance culturelle de premier plan. »

Le premier axe du plan concerne les politiques d’acquisition et de commande d’œuvres, avec pour ambition d’ancrer plus solidement les artistes français dans les collections publiques. Le Centre Pompidou s’engage à ce qu’au moins la moitié des artistes présentés dans ses commissions d’acquisition soient issus de la scène française, tandis que le Cnap portera leur part dans ses achats entre 60 % et 80 %. Une coordination accrue entre ces deux institutions permettra d’optimiser les dépôts d’œuvres dans les musées, centres d’art et collectivités. Parallèlement, une mission sera confiée à la Société des Grands Projets afin de repenser la commande artistique publique, notamment dans le cadre du dispositif du « 1 % artistique » appliqué aux grands chantiers urbains comme celui des gares du Grand Paris.

Le deuxième axe vise à accroître la visibilité internationale des artistes travaillant en France. En coopération avec le Quai d’Orsay, le Palais de Tokyo sera chargé d’étudier la création d’une grande manifestation internationale à l’automne 2027, qui mettra en dialogue artistes français et étrangers. Le ministère prévoit également un programme de résidences pour curateurs internationaux au sein des Frac et des centres d’art, afin de favoriser les échanges et de mieux faire connaître les talents français à l’étranger. Le Cnap et l’Institut français développeront, quant à eux, un « parcours export » pour accompagner les artistes, galeries et institutions dans leurs projets internationaux.

Enfin, le troisième axe du plan vise à renforcer les galeries et à encourager les coopérations entre acteurs publics et privés. Le ministère de la Culture étudiera la possibilité pour les collectivités de proposer des baux à loyers modérés dédiés aux activités artistiques, afin de soutenir l’installation et la pérennisation des galeries. Le gouvernement entend également proroger de trois ans la déduction fiscale permettant aux entreprises d’acquérir des œuvres d’art. Le Cnap, de son côté, multipliera les partenariats avec les fondations privées pour cofinancer des projets d’artistes, des expositions ou des initiatives à vocation sociale, comme les commandes d’œuvres dans les établissements médico-sociaux. Enfin, le ministère encouragera la création de fonds de dotation spécifiquement dédiés au soutien de la scène française.