La filière automobile française était réunie ce mardi à Bercy autour de Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, et de Sébastien Martin, ministre délégué à l’Industrie. Objectif : afficher une position commune avant la finalisation du paquet automobile européen, alors que la compétitivité du secteur est mise sous pression.
Tous les acteurs partagent le même constat : l’industrie automobile européenne traverse une période de demande affaiblie, tout en subissant une concurrence étrangère de plus en plus rude. Les constructeurs européens ont massivement investi dans l’électrification, accélérant l’évolution technologique et la création d’usines de batteries. Le marché continue de progresser, avec un nouveau record pour les voitures 100 % électriques qui ont atteint 26 % de parts de marché le mois dernier. Mais les équipementiers, maillon essentiel de la chaîne de valeur, sont confrontés à des concurrents asiatiques bénéficiant d’aides publiques considérables, générant des écarts de compétitivité dépassant les 30 %.
Pour répondre à ces déséquilibres, la France et l’Europe ont déjà instauré des outils de protection et d’accompagnement, comme le recentrage du bonus écologique ou des droits de douane destinés à contrer les pratiques déloyales. Les ministres appellent désormais à une approche européenne plus offensive, fondée sur une protection proportionnée de l’ensemble du secteur.
La France défend une « préférence européenne » assumée dans la révision du règlement sur les émissions de CO₂. L’ambition portée est claire : garantir que la valeur ajoutée des véhicules électriques soit davantage produite en Europe, qu’il s’agisse des batteries, des moteurs ou des composants électroniques. L’exécutif plaide pour des critères simples, progressifs et construits avec la filière. Selon Paris, l’industrie du véhicule électrique ne doit pas être moins souveraine que celle du thermique, où près de 75 % des pièces sont encore fabriquées en Europe.
Les ministres soulignent également que les objectifs environnementaux doivent s’accompagner d’une trajectoire industrielle solide. Ils se disent ouverts à des ajustements sur la neutralité technologique ou sur l’échéance de 2035, à condition que ces flexibilités soutiennent réellement la production européenne. Des mécanismes préférentiels pourraient ainsi être accordés aux constructeurs investissant dans des chaînes de production locales.
Pour les véhicules utilitaires légers, la France demande un étalement des objectifs sur cinq ans, estimant que le marché ne peut absorber trop rapidement les contraintes actuelles. Elle souhaite également accélérer les initiatives visant à faire émerger un petit véhicule électrique européen et à renforcer la compétitivité industrielle de la filière.
Paris insiste enfin sur la nécessité d’inciter les flottes professionnelles à acheter des véhicules électriques produits en Europe, et appelle à un soutien renforcé pour accélérer la montée en puissance des gigafactories européennes, notamment dans la fabrication des composants stratégiques des batteries.
Monique Barbut rappelle que la transition écologique doit être « une opportunité industrielle », tandis que Roland Lescure défend la nécessité de « produire et acheter européen ». Sébastien Martin, enfin, appelle l’Union à « rétablir l’équité » et à envoyer un signal clair en faveur d’une industrie automobile européenne forte lors de la présentation de la Commission du 10 décembre.

