Le Conseil de Paris a franchi une étape décisive pour l’avenir énergétique de la capitale en approuvant, le 17 décembre dernier, un nouveau contrat de concession pour le réseau de chaleur urbain. Véritable colonne vertébrale du chauffage collectif parisien, ce réseau industriel de dimension métropolitaine alimente aujourd’hui l’équivalent de 450 000 logements, soit près d’un million de personnes. Avec cette décision, la Ville engage une transformation de fond de cet outil stratégique sur une durée de 25 ans, à compter du 1er janvier 2027.
Mis en service en 1927 et exploité depuis près d’un siècle par la Compagnie parisienne du chauffage urbain (CPCU), le réseau de chaleur parisien est le plus important de France. À lui seul, il représente 14 % de l’ensemble de la chaleur distribuée par les réseaux nationaux et figure parmi les plus vastes au monde. Plus de la moitié de l’énergie qu’il délivre provient déjà de sources renouvelables et de récupération, notamment grâce aux usines de valorisation énergétique des déchets exploitées par le Syctom. Le nouveau contrat vise à amplifier fortement cette dynamique.
Pour piloter cette nouvelle concession, une société d’économie mixte à opération unique sera créée. Cette Semop associera la Ville de Paris, qui en détiendra 34 % du capital, la Caisse des Dépôts à hauteur de 15 %, et un opérateur économique majoritaire, le groupement composé de Dalkia, Eiffage et RATP Solutions Ville, titulaire de 51 %. La présidence de cette structure sera assurée par un élu ou une élue de la Ville, afin de garantir la prise en compte de l’intérêt général et des besoins des usagers. Dans ce cadre, la collectivité deviendra propriétaire des douze centrales de production existantes ainsi que de toutes les futures installations, renforçant ainsi son influence sur les choix industriels et stratégiques du réseau.
Le choix du concessionnaire est l’aboutissement d’une procédure longue et exigeante, menée sur 27 mois. Celle-ci s’est déroulée dans un cadre déontologique strict, sous le contrôle de la Commission de déontologie de la Ville de Paris, garantissant l’égalité de traitement entre les candidats et une concurrence loyale. L’analyse finale repose exclusivement sur l’évaluation indépendante réalisée par les services de la Ville.
Au-delà de la gouvernance, le nouveau contrat dessine une trajectoire ambitieuse pour la transition énergétique parisienne entre 2027 et 2051. Il prévoit une montée en puissance massive des énergies renouvelables et de récupération produites localement, avec un objectif de 76 % du mix énergétique atteint dès 2034. La géothermie jouera un rôle central dans cette évolution : sa production sera multipliée par 50, positionnant Paris comme la future capitale européenne de cette énergie renouvelable. Parallèlement, le réseau sera étendu afin de raccorder l’équivalent de 200 000 logements supplémentaires.
Les effets attendus sur le climat sont significatifs. Sur la durée de la concession, le développement du réseau de chaleur permettra d’éviter en moyenne 900 000 tonnes d’émissions de dioxyde de carbone par an, soit l’équivalent des émissions annuelles d’une ville comme Strasbourg. Cette contribution place le réseau de chaleur au cœur de la stratégie de lutte contre le changement climatique et de renforcement de l’autonomie énergétique de la capitale.
Le nouveau cadre contractuel se veut également protecteur pour les usagers. Dès 2027, 69 % des abonnés bénéficieront d’une baisse de leur facture de chauffage. Cette diminution sera encore plus marquée pour les logements, puisque 83 % des abonnés résidentiels verront leurs prix reculer. À plus long terme, le tarif moyen de la chaleur, hors raccordement, restera inférieur de 16,5 % à celui du gaz, offrant aux Parisiens une protection durable face à la volatilité des marchés énergétiques et renforçant l’attractivité du réseau.
Transition énergétique : chauffage plus vert et moins cher
Par Marc Blanc
Publié le 24 décembre 2025 à 12h30 – Temps de lecture : 4 minutes
