Le Département du Val-de-Marne poursuit avec détermination et ambition sa politique en faveur de la petite enfance, visant à garantir un accueil de qualité pour tous les jeunes enfants et à soutenir les familles tout en renforçant l’attractivité du secteur pour les professionnels. Comme dans l’ensemble du pays, le Département fait face à une pénurie majeure de personnels qualifiés, touchant à la fois les collectivités territoriales et les structures privées, fragilisant durablement les capacités d’accueil. Les crèches départementales, qui constituent une part significative du réseau national, ont été particulièrement exposées à cette crise. Depuis 2019, le nombre d’enfants accueillis a diminué de manière continue, en partie à cause de la mise en œuvre tardive de la Prestation de Service unique, effective seulement en 2021, et des relances répétées de la CAF pour sa généralisation. Cette situation a entraîné des difficultés importantes pour le fonctionnement du réseau, avec un risque financier estimé à 6,2 millions d’euros pour la collectivité, une organisation interne inefficace et une facturation des heures supplémentaires non opérationnelle, entraînant un manque à gagner annuel compris entre 80 000 et 100 000 euros. À ces obstacles s’ajoutait l’absence d’une stratégie claire de recherche de financements complémentaires, limitant la possibilité de moderniser et de développer les structures existantes.
Pour faire face à ces défis, le Département a lancé en janvier 2023 un plan d’action global visant à enrayer la baisse du nombre d’enfants accueillis et à moderniser la gestion du réseau. Une nouvelle direction des crèches a été mise en place, travaillant en étroite collaboration avec la direction des ressources humaines pour renforcer les recrutements et stabiliser les équipes. Les procédures de recrutement ont été intensifiées grâce à des commissions quotidiennes et une multiplication des entretiens, tandis que la DRH bénéficiait de moyens renforcés. Parallèlement, le Département a procédé à une revalorisation salariale significative, avec un salaire de départ pour une auxiliaire de puériculture fixé à 2 305 € bruts, soit un niveau supérieur à celui pratiqué à Paris jusqu’à son alignement en 2024. Ces mesures ont permis de réduire progressivement le nombre de postes vacants, qui est passé de 199 en juillet 2023 à 147 en octobre 2024, puis à 118 en décembre 2025, tout en améliorant la fidélisation du personnel avec une baisse du turnover de 25 % en un an.
Dans le cadre de cette stratégie, le Département a également créé Humanésens, un centre de formation continue unique en France, dédié à l’ensemble des professionnels de la petite enfance et du secteur social. Succédant au « Centre professionnel de pédagogie appliquée » (CPPA), Humanésens a considérablement élargi son offre, qui couvre désormais trois domaines principaux : la petite enfance, le sanitaire et le handicap, ainsi que l’action sociale et l’éducatif spécialisé dans le champ de la protection de l’enfance. Alors que le CPPA proposait 21 sessions de formation en 2023, Humanésens en programme 137 pour 2025. Certifié « Qualiopi », le centre s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue de la qualité de ses formations et s’ouvre désormais à tous les professionnels du champ des solidarités et de la petite enfance. L’objectif est d’accompagner l’évolution des pratiques professionnelles pour mieux répondre aux besoins des usagers, de renforcer l’attractivité du secteur social et médico-social dans le Val-de-Marne et de favoriser la synergie et les échanges entre l’ensemble des professionnels du territoire.
Malgré ces avancées, la pénurie nationale de professionnels demeure un défi majeur. Pour y répondre, le Département a mis en place des regroupements temporaires de crèches afin d’optimiser l’accueil et garantir un environnement sécurisé pour les enfants. Cette démarche repose sur un principe simple : une équipe complète sur un site peut accueillir davantage d’enfants que deux équipes incomplètes réparties sur deux crèches différentes. Les regroupements ont été planifiés en fonction de l’état du bâti, du taux de vacance des postes et du niveau d’occupation des crèches. À Arcueil, la fusion des équipes de la crèche Berthollet, qui accueillait 23 enfants pour 50 places, et de la crèche Trubert, qui comptait 30 enfants pour 65 places, a permis de reconstituer une équipe complète, de gérer la vétusté du bâtiment et d’ouvrir 22 places supplémentaires. À Gentilly, les crèches Gabriel Péri et Chaperon vert présentaient un taux d’occupation de 64 % et 49 % de postes vacants, soit 21 postes, et le regroupement a permis d’accueillir 26 enfants de plus. À Vitry-sur-Seine, la réorganisation des crèches Des Granges et Lucien Français a permis de créer 34 places supplémentaires. À Cachan, la fusion des équipes des crèches Cité Jardins et La Plaine, qui affichaient 55 % d’occupation et 31 % de postes vacants, a permis d’augmenter de 18 le nombre de places disponibles. Enfin, à Alfortville, un redéploiement des agents provenant de Vitry-sur-Seine a contribué à créer 14 places supplémentaires, même sans regroupement physique des crèches. Ces mesures ont rapidement produit des résultats concrets : l’accueil des enfants a été accéléré, les commissions d’attribution mieux pilotées et la répartition des professionnels optimisée, consolidant ainsi la dynamique de l’ensemble du réseau.
Cette stratégie a contribué à une augmentation constante du nombre d’enfants accueillis. Dès le 25 octobre 2023, le Département a accueilli plus d’enfants que l’année précédente. Cette progression s’est poursuivie, avec 3 441 enfants accueillis fin 2025, soit 371 de plus qu’en novembre 2022, l’équivalent de plus de six crèches départementales supplémentaires. Pour référence, le nombre d’enfants accueillis était de 3 070 en 2022 et de 3 172 en 2023, démontrant une dynamique régulière et soutenue.
Le réseau départemental continue d’évoluer grâce à des investissements conséquents destinés à la construction, la rénovation et l’entretien des crèches. En 2024, 14,5 millions d’euros ont été mobilisés pour ces opérations. Plusieurs établissements ont récemment ouvert, parmi lesquels la crèche Anne Sylvestre à Chevilly-Larue (60 places, 2021), la crèche René Rousseau à Champigny-sur-Marne (2021), la crèche des Larris à Fontenay-sous-Bois (90 places, 2023) et la crèche Caroline Aigle à Limeil-Brévannes (60 places, 2024). Deux nouvelles crèches sont actuellement en cours de réalisation à Sucy-Ormesson (60 places, 2025-2026) et à Joinville-le-Pont. À cela s’ajoutent les travaux de restructuration de la crèche des Hautes Bornes à Orly pour un montant de 3,5 millions d’euros, dont l’ouverture est prévue le 5 janvier 2026, ainsi que la reconstruction de la crèche des Gondoles à Choisy-le-Roi pour 4,3 millions d’euros, prévue pour le 2 février 2026.
Au-delà des équipements, le Département met en œuvre une politique ambitieuse de soutien à la parentalité, orientant les familles dans le choix des modes d’accueil, accompagnant les parents d’enfants en situation de handicap ou atteints de maladies chroniques – représentant environ 10 % des dossiers – et développant des actions ciblées de formation et de suivi. Depuis novembre 2023, un travail structuré est également conduit avec le Fonds social européen (FSE+) pour renforcer l’accueil des enfants en situation de handicap et soutenir des initiatives innovantes dans le domaine de la petite enfance.
Ainsi, grâce à une stratégie globale combinant recrutement renforcé, revalorisation salariale, modernisation des crèches, création du centre de formation Humanésens, regroupements temporaires et investissements massifs dans les infrastructures, le Département du Val-de-Marne consolide et développe un réseau départemental dynamique et capable de répondre aux besoins croissants des familles.
Département : petite enfance
Par Gilbert Caron
Publié le 30 décembre 2025 à 15h33 – Temps de lecture : 7 minutes
