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Jeux vidéo et santé mentale

Par Assia Bedja
Publié le 8 août 2022 à 09h38 – Temps de lecture : 4 minutes

Les jeux vidéo, qui sont généralement associés à l’innovation et à la créativité, peuvent aussi être une cause majeure de mal-être ? La question ne cesse d’interpeller.

Selon une dernière étude publiée fin juillet par l’Université d’Oxford dans la revue The Royal Society, jouer à des jeux vidéo n’a pas ou peu de conséquences – bonnes ou mauvaises – sur le bien-être des joueurs. Aucun lien de causalité n’a été trouvé, notent les chercheurs qui ont analysé la pratique des jeux de simulation de type « Animal Crossing » de quelque 40 000 personnes de 18 ans et plus pendant six semaines. Cette analyse vient contredire les études – dont celle de la même université il y a deux ans – qui affirmaient que le jeu vidéo favoriserait une bonne santé mentale. Parmi les avantages généralement pointés, ceux de favoriser l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à comprendre et à contrôler ses émotions, de pratiquer la pleine conscience (être présent au moment présent et reconnaître des sentiments tels que la tristesse, mais sans les laisser contrôler ses actions), d’apprendre à devenir hyper-concentré et à ignorer les distractions telles que ses propres émotions.

Disposant également des données fournies par les développeurs de plusieurs jeux vidéo (temps de jeu notamment), les chercheurs ont étudié comment le bien-être des joueurs était influencé par leurs émotions, en les interrogeant en amont sur leurs états émotionnels dans la vie quotidienne, tels que leur bonheur et leur tristesse, ainsi que leurs sentiments de colère, de frustration et de confusion. Résultat : les jeux vidéo n’auraient aucun effet sur la santé mentale d’un gamer – il faudrait qu’il joue plus de 10 heures par jour pour constater un impact perceptible. Ni bon… ni mauvais, souligne donc l’étude. Les jeux vidéo, en particulier les jeux en réseau, sont pourtant fréquemment accusés d’affecter la santé mentale des joueurs, et des recherches antérieures ont affirmé qu’une pratique excessive pouvait nuire aux jeunes. Pour les auteurs de l’étude, des recherches supplémentaires seraient nécessaires pour déterminer si les jeux vidéo présentent de vrais inconvénients potentiels.

Reste que de l’avis des joueurs eux-mêmes « repentis » et de leur famille qui en pâtit au quotidien, les jeux vidéo sont dans « la vraie vie » une cause potentielle de comportements malsains : augmentation du risque d’obésité et réduction du niveau d’activité physique, troubles de l’attention, faibles sentiments d’empathie et de culpabilité et comportement agressif hors ligne, plus grande sensibilité à l’anxiété et la dépression (des études ont montré en effet que les personnes qui jouent régulièrement aux jeux vidéo sont tout aussi susceptibles de souffrir d’anxiété ou de dépression que les personnes qui ne jouent pas du tout), manque de maîtrise de soi, frustration, ennui et colère. Ce phénomène est particulièrement visible lorsque les sessions de jeu duraient plus de deux heures.

Aujourd’hui, certains jeux – ceux qui sont spécifiquement conçus pour induire des sentiments de tristesse et de dépression chez les joueurs – sont malheureusement en augmentation et il est plus facile que jamais de trouver des titres qui ciblent des émotions spécifiques. La bonne nouvelle est qu’il existe des moyens de réduire le risque de dépression. La mauvaise nouvelle est que près d’une personne sur cinq connaîtra au moins un épisode dépressif au cours de sa vie. En outre, plus de 90 % de ces personnes ne reçoivent jamais de traitement pour leur état. De l’avis des gamers eux-mêmes, précisions-le encore…