Dans son enquête annuelle sur le coût de la vie étudiante publiée ce 15 août, le syndicat étudiant Unef indique que l’inflation touche plus rudement les étudiants que le reste de la population, avec une augmentation pour l’année scolaire 2022-2023 de 6,47 %, contre une inflation de 6,1 %. Cela représente une dépense supplémentaire de 428,22 euros annuels, soit 35,70 euros en plus par mois dans le budget des étudiants. On est loin du chiffre de 2021-2022 de « seulement » 247 euros par an. Selon ce 18e rapport, cette hausse du coût de la vie concerne les dépenses de première nécessité comme le logement, l’alimentation et l’énergie.
Premier poste de dépense, les loyers qui occupent environ 53 % du budget d’un étudiant augmentent de 1,37 %. Il était en moyenne de 613 euros par mois (source : LocService) avec de fortes disparités entre les villes – près de 860 euros à Paris et 361 euros à Limoges. En plus des charges locatives, l’universitaire doit rajouter le mois de caution, l’assurance habitation, les frais liés à internet, l’électricité (plus de 200 euros en plus). L’alimentation aussi est devenue chère : + 15 % sur un an pour les pâtes, + 10 % pour les huiles, + 11 % pour les viandes, + 20 % pour le café… le panier mensuel dans un supermarché augmente jusqu’à 14 euros en moyenne, note l’étude. Parfois de 10 euros hebdomadaires…
L’organisation syndicale pointe également le coût des frais d’inscription. Pour l’année 2022-2023, il faut compter 170 euros pour entrer en cycle de licence, 243 euros en cycle master. Ces prix « modiques » sont multipliés par dix voire plus pour les étudiants non français et non européens. Il faut ajouter à cela les livres, blouses, etc. les prix variant selon le domaine étudié. Et l’incontournable « Contribution de vie étudiante et de campus » (CVEC), versés au Crous, 95 euros cette prochaine rentrée.
Seul poste à tirer son épingle du jeu, les transports, dont les prix stagnent, grâce aux aides des collectivités, mais qui affiche quelques inégalités puisque les boursiers bénéficient de meilleurs tarifs. Les bourses, il en est justement question dans le rapport : pour l’Unef, leur revalorisation à hauteur de 4 % décidée par le gouvernement est largement insuffisante, puisqu’elle ne représente qu’un plus de 4 euros par mois pour l’échelon 0 bis – le niveau qui concerne une majorité d’étudiants. Rappelant que près des trois quarts des étudiants ne sont pas boursiers…
Le syndicat constate que pour vivre (dormir, se manger et se chauffer…), il faut non seulement étudier, mais travailler ou compter sur sa famille. Certains renoncent d’ailleurs à aller voir leurs parents faute de pouvoir payer un aller-retour en train ; d’autres considèrent même que se soigner n’est plus prioritaire. L’Unef propose de mettre en place une allocation d’autonomie calculée sur le revenu des étudiants et non sur celui de leurs parents. Elle devrait s’adosser au seuil de pauvreté qui est de 1 102 euros par mois – selon l’Insee, quelque 9,3 millions de Français vivent sous ce seuil aujourd’hui.
L’an dernier, des repas et des colis alimentaires ont été distribués gratuitement – par la Banque Alimentaire le Secours populaire notamment – aux étudiants fragilisés par la crise. Mais la précarité de plus en plus extrême de ces jeunes les conduit invariablement vers l’échec. Certains d’entre eux abandonnent un cursus commencé bien plus tôt, d’autres font pire… une population que la loi sur le pouvoir d’achat semble bel et bien avoir négligée.