Dans le département des Yvelines, certaines blessures restent invisibles mais pèsent lourdement sur les vies. Les chiffres sont sans appel : les actes à caractère LGBTQIA+phobe ont bondi de 38 % en deux ans, passant de 25 faits recensés en 2022 à 39 en 2024. Derrière ces statistiques froides se cachent des trajectoires fragiles, des parcours interrompus, des personnes en quête d’écoute et de reconnaissance. Ces violences ne sont pas que des faits divers : elles impactent des familles, des quartiers, des vies entières.
C’est dans ce contexte que l’Association France Victimes 78 a décidé de franchir une étape supplémentaire en ouvrant, à Bois-d’Arcy, une permanence spécialement conçue pour accueillir les victimes d’actes LGBTQIA+phobes. Installée au sein de la Maison de protection des familles de la gendarmerie des Yvelines, au 5 rue Robespierre, cette permanence est pensée comme un lieu sûr. On peut y venir librement, gratuitement, anonymement, avec ou sans rendez-vous. Elle est ouverte chaque deuxième mercredi du mois : les prochaines dates sont fixées aux 15 octobre, 12 novembre et 10 décembre 2025.
Cet espace d’accueil est un véritable point d’appui. On y trouve une équipe formée aux spécificités des violences LGBTQIA+phobes, capable d’écouter sans juger, d’informer sur les droits, d’accompagner dans les démarches judiciaires et administratives, et de soutenir psychologiquement celles et ceux qui en ont besoin. À travers cette approche globale, France Victimes 78 cherche à briser le cercle du silence et à redonner confiance aux victimes.
Cette permanence s’inscrit aussi dans un maillage départemental plus large. Elle travaille main dans la main avec des partenaires institutionnels et associatifs des Yvelines pour renforcer l’accès aux droits, fluidifier les parcours et mieux coordonner les actions sur le terrain. C’est le fruit d’une dynamique collective qui associe la gendarmerie, les services de l’État, les associations et les professionnels du soutien psychologique et juridique.
Pour beaucoup, l’existence d’un tel lieu représente un tournant. Julien (prénom modifié), habitant de l’agglomération, témoigne : « J’ai été agressé il y a deux ans, mais je n’ai jamais osé aller porter plainte. J’avais peur d’être jugé, peur qu’on ne me comprenne pas. J’ai tout gardé pour moi, et ça m’a détruit. Savoir qu’il existe enfin un endroit où je peux venir, où des gens formés m’accueillent, c’est comme un souffle. J’espère que ce type de permanence se multipliera, car il y a tellement de personnes comme moi qui n’osent pas franchir le pas. »
Son témoignage résume l’enjeu de cette initiative : faire tomber les barrières de la peur et de la honte pour permettre aux victimes de se reconstruire. Chaque personne qui pousse la porte de la permanence vient avec son histoire, son fardeau, mais repart avec des clés et un début de chemin pour avancer.
Ce lieu incarne aussi la priorité gouvernementale de lutte contre la haine anti-LGBTQIA+. En s’appuyant sur des associations spécialisées et sur des structures locales, l’État entend faire reculer l’impunité et créer des espaces protecteurs sur tout le territoire. À terme, ces permanences visent à devenir un levier durable pour la justice, l’accompagnement et la prévention.
À Bois-d’Arcy, cette permanence est une promesse de dignité et de reconnaissance. Elle dit à chaque victime : vous n’êtes pas seul.e. Elle trace aussi une perspective : celle d’un département où l’on refuse la haine et où l’on bâtit, pas à pas, des espaces de réparation et d’espoir.
Le site www.francevictimes78.fr permet d’en savoir plus sur ce dispositif et de contacter directement les équipes. En cas d’urgence, le 116 006 reste disponible sept jours sur sept pour une écoute immédiate et confidentielle.