Camaïeu baisse le rideau

Colère, déception et larmes… ce 1er octobre, dans les 511 boutiques Camaïeu, les vendeuses, mais aussi les clients effectuent leur dernier tour de piste. Sur les vitrines, […]

Colère, déception et larmes… ce 1er octobre, dans les 511 boutiques Camaïeu, les vendeuses, mais aussi les clients effectuent leur dernier tour de piste. Sur les vitrines, le message « C’est fini ! » amplifie l’émotion. Personne ne comprend pourquoi la chaîne d’habillement doit disparaître. La liquidation judiciaire de l’entreprise qui va mettre au chômage 2 600 salariés a été prononcée par le tribunal de commerce de Lille Métropole trois jours plus tôt.

Ce premier du mois est aussi le dernier – brutal – d’une longue histoire, celle d’une marque de prêt-à-porter féminin créée dans le Nord depuis près de 40 ans pour révolutionner la mode en ciblant les 17 à 77 ans. Dans les années 1990, le groupe cède Camaïeu Homme lancé en 1991, puis Camaïeu Enfant créé en 1994 et réduit sa cible aux femmes de 20 à 40 ans. Résultat : des chiffres records : 900 magasins dans le monde dont 650 en France et un milliard d’euros de chiffre d’affaires.

En 2005, les actionnaires historiques quittent l’enseigne, la laissant aux mains de fonds d’investissement jusqu’à La Financière immobilière bordelaise depuis 2020. Coût élevé des matières premières et des loyers des boutiques, effondrement d’une usine de textile au Bangladesh faisant plus de 1 000 morts… Camaïeu devait plus d’un milliard en 2016, abaissé à 450 millions. Les salariés croyaient de moins en moins aux éventuels repreneurs (il y a deux ans, un plan de reprise était sur la table), il ne restait que l’actionnaire principal, mais l’investissement était trop lourd. Les crises sanitaire et économique auront eu raison de la société.

D’ultimes promotions pour vider un maximum de rayons ont été proposées ce jour dans les boutiques, et celles-ci n’ont en effet pas désempli, les clients venant en nombre pour effectuer des achats dits de solidarité – les ventes seront intégralement reversées aux salariés –, mais aussi passer leur message d’adieu. Un record de marchandises vendues et de larmes tombées, a-t-on entendu. Une dernière révérence.