L’UFC-Que Choisir a publié ce 25 août les résultats d’une étude sur les composés nocifs (allergènes cutanés, cancérogènes, perturbateurs endocriniens) « infectant » en plus ou moins grande […]
L’UFC-Que Choisir a publié ce 25 août les résultats d’une étude sur les composés nocifs (allergènes cutanés, cancérogènes, perturbateurs endocriniens) « infectant » en plus ou moins grande quantité les fournitures scolaires… qui seront peut-être dans les trousses des élèves dans moins d’une semaine. Il y a six ans, lors d’un test similaire, elle tirait déjà une première sonnette d’alarme. Le constat est très préoccupant.
Phtalates reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, impuretés cancérogènes, hydrocarbures aromatiques polycycliques, isothiazolinones, benzyl alcool, toluène et benzène… ces noms barbares ne vous disent rien ou presque ? Présents dans les stylos-billes et rollers, cartouches d’encre, surligneurs, feutres et crayons de couleur qu’on mâchouille allègrement ou qu’on étale sur sa peau, ils peuvent pourtant déclencher de graves pathologies, affirme l’association de consommateurs, allant des allergies aux cancers. Après analyse, ces fournitures sont pour 40 % nocives, autant dans les premiers prix que (et parfois plus) dans les grandes marques.
En 2016, l’UFC-Que choisir alertait déjà sur des « substances indésirables » sur plus d’un tiers d’un échantillon de 52 produits utilisés de la maternelle à la terminale, rappelant au passage la nocivité des perturbateurs endocriniens à un stade précoce du développement des enfants ou les graves effets des allergènes cutanés. Six ans après, jour pour jour, ces allergènes redoutables touchent la moitié des encres testées, dans des produits comme la cartouche Original fluo (Stabilo Boss), les billes effaçables noires « Kleer » et roller bleus « Frixion médium » de chez Pilot. Des substances cancérogènes ont été trouvées dans les encres de certains stylos-billes (le Bic référencé chez U, l’« Inkjoyé » bleu de Paper Mate ou le pack éco noir acheté chez B&M), des résultats « calamiteux » selon l’association qui, en tenant compte de leurs teneur en allergènes, conseille d’éviter purement et simplement leur achat. Au chapitre des perturbateurs endocriniens, le phtalate, une substance jugée « extrêmement préoccupante » par l’Union européenne, est bel et bien présent sur le vernis des crayons de couleur « Cultura »…
Dans son avis publié en juillet dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) demandait déjà aux fabricants et aux distributeurs de tenir compte de certains comportements infantiles, comme le « mâchouillage », qui favorisent l’exposition et donc la nocivité des composés retrouvés dans les stylos. Elle répertoriait également les substances chimiques le plus souvent identifiées : phtalates ; composés organiques volatils, dont le formaldéhyde, le chloroforme, le toluène ; nitrosamines ; benzène ; métaux lourds comme le chrome hexavalent, le cadmium, le nickel ou le plomb ; perfluorés ; colorants ; bisphénol A ; isothiazolinones et autres conservateurs ; hydrocarbures aromatiques polycycliques ; substances parfumantes. Le fait était assez alarmant pour que le manque criant de contrôle soit pointé du doigt.
Confortée dans cette démarche par l’Anses, l’UFC-Que choisir a demandé ce 25 août aux autorités européennes d’étendre à toutes les fournitures scolaires la réglementation protectrice qui s’applique aux jouets – les feutres par exemple sont des instruments de jeu pour les petits. Et ceci sans délai. Car c’est bien ce défaut d’encadrement européen qui pose problème. « Aussi laxiste qu’ubuesque », selon l’association de consommateurs, la réglementation est particulièrement permissive sur ces produits contrairement aux jouets qui ont des contraintes très drastiques. Le fabricant n’est même pas tenu d’apposer des pictogrammes avertissant les parents des dangers induits par l’utilisation de ces objets !
Le pire, c’est que ces industriels savent très bien produire de l’encre ou des crayons sans danger – ou presque – pour la santé des enfants, comme le montrent les bons résultats de certains produits testés : cartouches d’encre noire Schneider, surligneurs à réservoir plat jaune Amazon « Basics », feutres Crayola ultra-lavables, crayons de couleur Bic « Kids évolution ». Mais plutôt que de se soucier de leur petite clientèle, les marques se dédouanent de leurs responsabilités à cause du flou ou de l’absence de règles. Puisque personne ne le leur interdit, elles proposent à la vente des produits dangereux – voire mortels – de manière tout à fait légale, les parents étant bien incapables de savoir ce qu’ils mettent dans la trousse de leurs enfants. Pour l’association, alors que 4 fournitures scolaires sur 10 sont nocives, seul le stylo-bille « Pack eco » de la chaîne B&M, une bombe toxique, passerait à la trappe au strict regard des textes actuels. Elle appelle d’ailleurs à son retrait immédiat… comme devraient l’être beaucoup d’autres.
Six ans après un premier avertissement, ce test comparatif montre que les fabricants n’ont apporté aucun changement à leurs pratiques qualifiées d’« inadmissibles », mais il relève aussi l’inconscience des autorités face à ce qui pourrait devenir le grand sujet de rentrée. Devant les rayons des fournitures scolaires, c’est déjà la consternation. « Il faudrait immédiatement retirer ces produits de la vente », s’insurge une mère de famille qui affirme revenir avec son ticket pour se faire rembourser. « Je ne croyais pas qu’un tel foutage de gueule était possible, ajoute Amélie, jeune maman d’un petit Axel de 4 ans. On achète les grandes marques en se disant que c’est le mieux… Tout ça est scandaleux ». L’Association conseille d’ailleurs aux parents de se tourner préférentiellement vers les distributeurs bon marché qui obtiennent souvent les meilleures notes, comme le surligneur « Esquisse » estampillé Leclerc et autre feutre « Medium » de chez Carrefour.