Selon l’étude récemment publiée par le Crocis, l’observatoire économique de la Chambre de Commerce et d’Industrie Paris Île-de-France, les disparités entre les taux d’emploi des femmes et des hommes en Île-de-France sont moins marquées que dans d’autres grandes régions européennes. Mais comment cette évolution s’est-elle concrétisée en Île-de-France au cours des dernières années, et comment se compare-t-elle avec d’autres régions françaises et des grandes métropoles européennes ?
Traditionnellement, le taux d’emploi des femmes en Île-de-France a été supérieur à la moyenne nationale. Cependant, cette tendance a montré des signes d’inflexion au fil des années. En 2023, le taux d’emploi des femmes en Île-de-France atteint 73,7 %, ce qui reste relativement élevé comparé à la moyenne nationale de 71,7 %. Cette différence, bien qu’encore présente, a diminué considérablement par rapport aux années 2000, où l’écart atteignait plus de 4 points.
L’évolution du taux d’emploi des femmes en Île-de-France entre 2000 et 2023 est de +7,4 points, ce qui, bien que positif, reste plus faible que la moyenne nationale, où le taux a augmenté de +11,7 points sur la même période. Cette progression modérée est notamment due aux effets des crises financières et sanitaires qui ont touché la région parisienne de manière plus marquée que le reste du pays, ralentissant ainsi la croissance de l’emploi des femmes dans la région.
Aujourd’hui, l’écart entre l’Île-de-France et la moyenne nationale est de seulement 2 points, un chiffre qui témoigne de la convergence des taux d’emploi entre la région capitale et le reste de la France. Si le taux d’emploi des femmes en Île-de-France a progressé de manière notable au cours des dernières décennies, son rythme a été moins rapide que dans d’autres régions françaises. En effet, des régions comme les Hauts-de-France (+14,8 points), l’Occitanie (+15,3 points) ou la Provence-Alpes-Côte d’Azur (+16,1 points) ont enregistré des hausses beaucoup plus significatives, plaçant l’Île-de-France désormais derrière des régions telles que la Bourgogne-Franche-Comté, les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire en termes de taux d’emploi des femmes.
En termes de comparaison nationale, l’Île-de-France se classe désormais au sixième rang, un déclin notable par rapport à ses performances des années 2000, où elle dominait largement.
Un aspect positif de cette évolution est que l’écart entre le taux d’emploi des femmes et celui des hommes en Île-de-France s’est considérablement réduit au fil des ans. Alors qu’en 2000, l’écart était de 11,3 points en faveur des hommes, en 2023, cet écart est passé à seulement 6 points. Bien que les femmes restent encore derrière en termes de taux d’emploi, cette réduction significative du fossé entre les sexes indique une amélioration substantielle de la situation des femmes sur le marché du travail francilien.
Au-delà des frontières françaises, l’évolution du taux d’emploi des femmes en Île-de-France apparaît plus modérée par rapport à d’autres grandes régions européennes. Il y a près de 20 ans, la région parisienne affichait l’un des taux d’emploi des femmes les plus élevés d’Europe, surpassant des régions comme la Bavière et Amsterdam. Toutefois, les années récentes ont vu des améliorations beaucoup plus rapides dans des régions comme Berlin et Madrid, où le taux d’emploi des femmes a progressé bien plus rapidement qu’en Île-de-France.
Dans le Land de Berlin, le taux d’emploi des femmes a augmenté de 14 points depuis 2000, un bond bien plus important que les 7,4 points enregistrés en Île-de-France. À Madrid, la hausse a été encore plus marquée, atteignant trois fois la croissance observée à Paris. Ce phénomène de « rattrapage » a permis à ces régions de réduire l’écart avec la capitale française.
Cependant, malgré ces évolutions plus rapides ailleurs en Europe, Paris La Défense et la région parisienne conservent une position relativement favorable dans le classement européen, avec un écart hommes-femmes qui reste inférieur à celui de nombreuses grandes métropoles. En 2023, l’écart entre le taux d’emploi des femmes et des hommes est moins élevé en Île-de-France qu’en Bavière, à Amsterdam ou à Londres, des villes où cet écart reste significatif.
L’étude du Crocis révèle que le taux d’emploi des femmes en Île-de-France, bien qu’évoluant positivement, a connu une croissance plus modeste ces dernières années comparé à d’autres régions françaises et métropolitaines européennes. Si le taux d’emploi des femmes en Île-de-France reste au-dessus de la moyenne nationale, l’écart avec les autres grandes régions françaises et certaines métropoles européennes s’est réduit, voire inversé. Néanmoins, les efforts pour réduire les inégalités hommes-femmes sur le marché du travail dans la région capitale continuent d’être un axe essentiel de la politique de l’emploi et de l’égalité des chances, et les récentes améliorations, bien qu’importantes, montrent qu’il reste encore un chemin à parcourir pour atteindre une véritable parité.
CCI Paris Île-de-France : évolution du taux d’emploi des femmes

Par Gilbert Caron
Publié le 10 mars 2025 à 14h23 – Temps de lecture : 5 minutes