À Clairefontaine-en-Yvelines, le Département a mené une ambitieuse opération de restauration écologique sur le site naturel de la Poussarderie, un espace de 15 hectares situé en fond de vallée le long du ruisseau de la Rabette. Classé Espace naturel sensible (ENS) et acquis par le Département en 1993, ce site remarquable bénéficie depuis plusieurs décennies d’un statut de protection renforcé. En 2023 et 2024, d’importants travaux ont été engagés pour préserver ses milieux naturels fragiles tout en facilitant un accès maîtrisé du public à cet environnement unique.
Le site de la Poussarderie présente un fort intérêt écologique, notamment en raison de la diversité de ses habitats : prairie humide, roselière, bosquets de saules et d’aulnes, zones d’écoulement lent de la Rabette… Ces milieux abritent une faune et une flore caractéristiques des zones humides, dont plusieurs espèces sensibles ou menacées à l’échelle régionale. En l’absence d’entretien, ces espaces tendent à se refermer naturellement, évoluant vers une forêt marécageuse qui, à terme, provoque la disparition de certains habitats ouverts indispensables à de nombreuses espèces. Parmi elles, le râle d’eau et le bruant des roseaux, deux oiseaux emblématiques des roselières, trouvent dans ces milieux un site de reproduction et d’alimentation privilégié.
Pour enrayer cette dynamique d’enfrichement et restaurer les équilibres écologiques, le Département a mené plusieurs types d’interventions ciblées. Des opérations de débroussaillage ont permis d’ouvrir les milieux en supprimant certains bosquets trop denses, redonnant ainsi de la lumière et de l’espace aux espèces végétales typiques des zones humides. Six mares ont été créées afin d’offrir de nouveaux habitats aux amphibiens (tritons, grenouilles), aux insectes aquatiques (libellules, dytiques) et aux oiseaux d’eau. La roselière, qui constitue un habitat prioritaire à l’échelle européenne, a été restaurée par une technique appelée étrépage, consistant à retirer les couches superficielles de sol pour favoriser la régénération des espèces végétales les plus adaptées à ce milieu, comme le phragmite.
Une gestion différenciée de la prairie a également été mise en place. Dans sa partie sud, elle est désormais ponctuellement pâturée par des vaches de race Pie noire, dont le passage régulier permet de maintenir l’ouverture du milieu sans recours à des engins mécaniques. Dans sa partie nord, plus humide, la prairie est laissée en roselière afin de préserver un continuum écologique favorable à la faune aquatique et semi-aquatique.
L’aménagement du site ne s’est pas limité à la restauration écologique. Dans une logique d’équilibre entre préservation de la biodiversité et sensibilisation du grand public, le Département a choisi de permettre l’accueil des visiteurs, dans un cadre naturel préservé. Un chemin de promenade a été aménagé, jalonné de plusieurs points de vue sur la vallée et ses milieux humides. Une aire de pique-nique a été installée à proximité, ainsi que trois panneaux pédagogiques offrant des clés de compréhension sur la faune, la flore et les dynamiques naturelles à l’œuvre sur le site. Ce dispositif permet une découverte respectueuse du lieu, tout en sensibilisant petits et grands à la richesse écologique des zones humides.
Cette opération s’inscrit pleinement dans la stratégie départementale des Espaces naturels sensibles, qui vise à préserver, restaurer et valoriser les milieux naturels les plus fragiles du territoire yvelinois. Depuis plus de trente ans, cette politique volontariste a permis la protection de près de 2 900 hectares à travers le département : forêts, prairies, zones humides, étangs ou encore coteaux calcaires. La gestion de ces sites est assurée en partenariat avec les collectivités locales, les gestionnaires d’espaces naturels et les associations environnementales.
Les zones humides, comme celle de la Poussarderie, jouent un rôle clé non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour les services écologiques qu’elles rendent aux territoires. Elles participent à la régulation des cours d’eau, à l’atténuation des crues, à la recharge des nappes phréatiques et à la filtration naturelle de l’eau. À l’heure du dérèglement climatique, ces fonctions sont plus que jamais essentielles pour renforcer la résilience des territoires face aux aléas hydrologiques, en particulier dans les vallées encaissées comme celle de la Rabette.
Le président du Département, Pierre Bédier, a tenu à saluer le travail accompli. Il a félicité l’ensemble des équipes ayant contribué à la préservation de ce site remarquable. Il rappelle que, même dans un contexte budgétaire délicat, la politique des ENS demeure une priorité. Aujourd’hui, ce sont près de 3 000 hectares – soit 1 % du territoire yvelinois – qui sont gérés dans ce cadre. Le président souligne que cette action traduit une volonté forte de mettre en valeur les paysages et les patrimoines écologiques, tout en garantissant leur transmission aux générations futures. Il se félicite également de la dynamique intelligente et constructive dans laquelle s’inscrit ce projet, notamment grâce à la collaboration avec le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, partenaire précieux de cette démarche.
Clairefontaine-en-Yvelines : restauration écologique de la Poussarderie

Par Gilbert Caron
Publié le 15 juillet 2025 à 16h08 – Temps de lecture : 5 minutes