C’est un chantier d’envergure qui s’annonce pour le Sud francilien, et il ne se fera pas sans les habitants. Depuis le 17 juin et jusqu’au 18 juillet 2025, le Département de l’Essonne, en partenariat avec les intercommunalités de Paris-Saclay et Cœur d’Essonne, cinq communes traversées, l’État, la Région Île-de-France et Île-de-France Mobilités, lance une vaste concertation publique autour de la transformation de la RN20. Un projet majeur, stratégique et symbolique pour le territoire, qui entend repenser en profondeur cet axe structurant devenu au fil des décennies l’un des plus encombrés et des plus contraignants du département.
Chaque jour, ce sont plus de 60 000 véhicules qui transitent entre Linas et Ballainvilliers sur la RN20, faisant de cette route la plus fréquentée du réseau départemental. Ancienne voie royale reliant Paris à Orléans, elle est aujourd’hui synonyme de bouchons interminables aux heures de pointe, de nuisances sonores et environnementales, et de ruptures urbaines qui compliquent la vie quotidienne des riverains et coupent les communes les unes des autres. Le projet ambitionne de transformer un tronçon de 4,5 kilomètres – entre la Grange aux Cercles, à Ballainvilliers, et l’échangeur avec la RN104 à Linas – en un véritable boulevard urbain multimodal, plus fluide, mieux partagé et plus respectueux de l’environnement et du cadre de vie des habitants.
Porté dans le cadre du Projet partenarial d’Aménagement (PPA) signé en 2023, ce réaménagement s’annonce ambitieux à bien des égards. Prévu pour une mise en œuvre à partir de 2029, il représente un investissement de plus de 50 millions d’euros et vise à désengorger les carrefours les plus saturés, tout en favorisant des mobilités plus durables et en apaisant le secteur traversé. L’objectif est clair : passer d’une route de transit à un boulevard urbain moderne, offrant à chacun la possibilité de se déplacer plus facilement et plus sereinement, quel que soit son mode de transport.
Dans le détail, le projet prévoit notamment l’aménagement de voies réservées aux bus et au covoiturage (VR2+), afin de privilégier les mobilités partagées et de faciliter les trajets domicile-travail. La circulation automobile restera assurée avec deux voies par sens pour éviter de nouvelles saturations, tandis que des pistes cyclables sécurisées viendront s’intégrer au réseau Vélo Île-de-France, offrant aux cyclistes des conditions de circulation sûres et continues. Les trottoirs seront également repensés pour garantir confort et sécurité aux piétons, et les abords du boulevard feront l’objet d’une large végétalisation. Cette dernière permettra non seulement d’embellir l’axe, mais aussi de renforcer la gestion naturelle des eaux pluviales et de lutter contre les îlots de chaleur urbains, enjeu majeur en période estivale et dans un contexte de réchauffement climatique.
Ce projet d’aménagement vise ainsi à répondre aux aspirations des habitants en matière de cadre de vie, tout en anticipant les évolutions des pratiques de mobilité. Il s’inscrit dans une volonté plus large de réduire la place de la voiture individuelle et de favoriser des transports collectifs et des circulations douces. À terme, les prévisions tablent sur une hausse annuelle de 6 % de la fréquentation des lignes de bus desservant ce secteur, preuve de l’attente des usagers pour des solutions alternatives efficaces.
Mais au-delà de l’aspect technique et infrastructurel, c’est aussi un projet de territoire qui se construit. Le Département a souhaité placer les habitants au cœur de la démarche en organisant une concertation publique ouverte à tous, qui se tient jusqu’au 18 juillet 2025. Chacun peut ainsi s’informer, poser ses questions et faire entendre sa voix. Des registres de concertation sont disponibles dans les mairies concernées, tandis qu’un site internet dédié permet de consulter l’ensemble des éléments du projet et de déposer ses observations. Des permanences et des journées d’information seront également organisées localement, afin d’aller au contact des habitants et de recueillir directement leurs avis.
Plusieurs rendez-vous ont déjà été programmés. Le 23 juin, les habitants ont pu se rendre en mairie de Montlhéry, avant une permanence à Longpont-sur-Orge le matin du 24 juin, puis à La Ville-du-Bois l’après-midi. Ballainvilliers a accueilli à son tour les habitants le 25 juin au matin, et la médiathèque de Linas l’après-midi. En parallèle, trois journées d’information ont permis de toucher un public encore plus large : le 21 juin, au centre commercial de La Ville-du-Bois le matin et à celui de Longpont l’après-midi, puis au marché de Montlhéry le 23 juin matin.
« Ce projet d’intérêt régional répond à des besoins concrets : fluidifier le trafic, améliorer le cadre de vie et renforcer les mobilités durables. Il doit se construire avec les habitants. Leur avis compte », a rappelé François Durovray, président du Département de l’Essonne, qui souhaite que cette concertation nourrisse directement les futures études techniques et permette d’ajuster le projet au plus près des attentes et des réalités du terrain.
Aujourd’hui, la RN20 en Essonne, ce sont 50 kilomètres de voirie départementale, traversant 24 communes et 4 intercommunalités, avec une fréquentation dépassant les 60 000 véhicules par jour. Elle constitue l’un des principaux accès sud à Paris et à l’Île-de-France, connectée à de nombreux axes majeurs (A6, A10, RN104, A86) et à plusieurs pôles d’activités stratégiques. Sa transformation marque donc un tournant pour la mobilité et le cadre de vie en Essonne, mais aussi un symbole de la capacité du territoire à repenser ses infrastructures pour mieux répondre aux enjeux de demain.
Concertation citoyenne : la RN20 se réinvente

Par Assia Bedja
Publié le 23 juin 2025 à 15h32 – Temps de lecture : 5 minutes