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Contraception et IVG : même combat

Par Samy Abtroun
Publié le 1 octobre 2025 à 08h19 – Temps de lecture : 5 minutes

Cette fin septembre a de nouveau souligné la fragilité des droits liés au corps et à la santé. Deux journées internationales, consacrées à la contraception et au droit à l’avortement, se sont succédé à seulement quarante-huit heures d’intervalle, rappelant que ces enjeux demeurent au cœur de la société. Dans un contexte où les informations circulent rapidement, souvent contradictoires ou trompeuses, la vigilance collective reste indispensable pour protéger la liberté de décider et assurer une égalité réelle entre toutes et tous.

L’accès à une information fiable est une condition essentielle de l’autonomie reproductive. Les témoignages de jeunes et d’adultes témoignent de l’angoisse et de la confusion causées par la prolifération de conseils contradictoires sur internet. Marion, 26 ans, raconte : « Je me suis retrouvée perdue devant tant de recommandations différentes. J’ai fini par arrêter la pilule sans alternative, pensant bien faire, mais je me suis sentie totalement seule et inquiète du moindre incident. » Ce sentiment d’abandon souligne l’importance de ressources claires, neutres et accessibles, qui permettent à chacun de faire des choix éclairés et adaptés à sa situation.

Les pratiques sexuelles évoluent, et avec elles les besoins en matière de contraception. Les études montrent une diversification des comportements et un recul de l’usage de méthodes contraceptives lors du premier rapport sexuel, phénomène inédit depuis plusieurs décennies. Cette tendance met en lumière la nécessité de repenser les dispositifs existants, de proposer une palette complète de solutions, de restaurer la confiance et de prévenir les situations à risque. Clément, 22 ans, se souvient : « Beaucoup autour de moi pensaient que ce n’était plus vraiment nécessaire. Résultat, certains ont regretté leur choix et se sont retrouvés exposés à des situations compliquées. »

La désinformation constitue un défi majeur. Les réseaux sociaux, devenus lieux centraux du débat public, propagent rumeurs, conseils erronés et contenus anxiogènes. Émilie, 31 ans, explique : « Quand j’ai voulu me renseigner sur l’IVG, je suis tombée sur des sites qui semblaient officiels mais voulaient me culpabiliser. J’ai ressenti une pression énorme alors que mon choix était réfléchi. Heureusement, une conseillère du planning familial m’a guidée et rassurée. » Ces expériences montrent combien la diffusion de fausses informations peut fragiliser la confiance dans les systèmes de santé et conduire à des choix risqués ou retardés.

Défendre le droit à l’avortement reste plus que jamais un impératif. Arraché de haute lutte il y a cinquante ans, ce droit est aujourd’hui légalement garanti mais toujours soumis à des pressions idéologiques et sociales. L’IVG n’est pas une solution de facilité, elle est un choix légitime, sûr et encadré, permettant à celles et ceux qui en ont besoin de maîtriser leur parcours reproductif. Alix, 35 ans, témoigne : « L’accès à l’avortement a changé ma vie. Ce n’était ni facile ni banal, mais être accompagnée sans jugement m’a permis de traverser ce moment en sécurité. »

Contraception et avortement sont deux volets d’un même combat pour l’égalité et la liberté individuelle. Garantir l’accès à la contraception, c’est prévenir les grossesses non désirées et permettre à chacun de gérer sa vie intime et parentale. Défendre le droit à l’avortement, c’est offrir une issue sûre et respectueuse lorsque la grossesse survient malgré tout. Ces droits se complètent et nécessitent un engagement constant de la société, des politiques publiques et des acteurs associatifs.

La mobilisation ne se limite pas à l’information. Les services publics, les associations et les plateformes spécialisées proposent des outils, des lignes d’écoute et des portails pédagogiques pour guider, rassurer et accompagner les individus dans leurs choix. Julia, bénévole, souligne : « Beaucoup de jeunes arrivent mal informés et influencés par internet. Nous devons leur offrir des repères fiables, les écouter et leur permettre de prendre leurs décisions en toute sérénité. »

Plus que jamais, la défense des droits reproductifs exige une action collective et durable. Elle implique d’adapter les politiques publiques aux évolutions sociétales, de protéger les individus face à la désinformation et de garantir un accès égal à l’information et aux soins. Contraception et IVG sont indissociables : elles incarnent la liberté de disposer de son corps et la responsabilité d’une société soucieuse de l’égalité et de la dignité de tous. Chaque Journée mondiale rappelle que ces droits ne sont jamais acquis une fois pour toutes et qu’ils nécessitent une vigilance et un engagement constants.