Convention citoyenne : droits de la Seine

À l’issue du procès fictif de la Seine, qui s’est tenu au Théâtre de la Concorde en décembre dernier, une annonce a marqué un tournant décisif […]

Paris, France - 03 08 2024: View of the Seine with a riverboat, the Carousel Bridge and Le Louvre museum facade

À l’issue du procès fictif de la Seine, qui s’est tenu au Théâtre de la Concorde en décembre dernier, une annonce a marqué un tournant décisif pour l’avenir de ce fleuve emblématique de la capitale. Anne Hidalgo, maire de Paris, a révélé la création de la « Convention citoyenne des droits de la Seine », une initiative inédite qui ouvre un espace de débat et de réflexion pour réfléchir collectivement aux moyens de mieux protéger ce fleuve vital pour la ville. Composée d’une cinquantaine de Parisiens, cette convention se veut un lieu de délibération, où les habitants de la capitale auront l’opportunité de prendre part à un projet de protection du fleuve d’une envergure exceptionnelle.
Lancé le 5 avril dernier, ce processus se déroule sur trois week-ends de travail, au cours desquels les participants se forment, auditionnent des experts et écoutent des témoignages d’usagers, ainsi que des représentants d’organisations économiques et associatives. Leur mission est claire : réfléchir ensemble à des solutions concrètes pour assurer la préservation de la Seine, une question qui concerne l’ensemble des Parisiens. À l’issue de ces trois sessions de travail, un « avis citoyen » sera rédigé et présenté en juin 2025 devant le Conseil de Paris, une étape clé dans ce parcours citoyen.
La Seine, tout à la fois artère vitale de la ville et composante essentielle de son histoire et de son identité, mérite une attention particulière. Elle a façonné Paris, de ses rives à son urbanisme, en passant par ses activités commerciales et culturelles. Plus qu’un simple fleuve, elle incarne un véritable patrimoine vivant. La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 en a été un exemple éclatant, tout comme la possibilité de s’y baigner à nouveau cet été. Elle est également une actrice clé dans l’approvisionnement en eau des Parisiens. À ce titre, protéger la Seine devient un enjeu vital et un acte de responsabilité collective.
La prise de conscience sur l’urgence écologique a conduit à une démarche innovante : accorder à la Seine des droits. Cette idée, exprimée lors du procès fictif, met en lumière la nécessité de repenser le droit environnemental pour assurer une meilleure défense des écosystèmes. L’objectif est de donner au fleuve un statut juridique propre, une reconnaissance qui permettrait de mieux le préserver, de sa source jusqu’à son estuaire. Un tel acte constituerait un tournant historique dans la relation entre la ville, ses habitants et la nature.
La Convention citoyenne des droits de la Seine s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Elle vise à associer les citoyens à un débat d’envergure, en leur offrant une plateforme pour exprimer leurs idées, leurs préoccupations et leurs solutions. Cette convention s’est organisée de manière à refléter la diversité parisienne : un panel de citoyens représentatifs de toutes les tranches d’âge, de tous les quartiers et de tous les niveaux de diplôme a été constitué. Les participants, tirés au sort, s’engagent dans un processus de formation et de délibération où chacun, quel que soit son parcours, peut contribuer à la réflexion collective sur la manière de protéger la Seine.
Le processus de la convention est structuré en trois phases. Le premier week-end, qui s’est déroulé les 5 et 6 avril, a permis aux participants de se familiariser avec les enjeux liés à la Seine : ses usages multiples, les dangers qui la menacent, et les questions liées à sa gestion dans un contexte mondial où la reconnaissance des droits des entités naturelles est de plus en plus envisagée. À l’issue de ce premier week-end, trois groupes de travail ont été constitués : l’un sur la gestion économique du fleuve et ses usages, un autre sur la mise en place de mécanismes juridiques pour sa protection, et enfin un troisième sur la question de la gouvernance citoyenne pour la défense de la Seine.
Les deux week-ends suivants, les 26 avril et 3 mai, permettront de pousser plus loin les réflexions et de perfectionner les propositions. Les experts interviendront pour éclairer les débats, tandis que les participants approfondiront leurs analyses et ajusteront leurs propositions à la lumière des échanges. Ce processus permettra d’aboutir à un avis citoyen détaillé, qui comprendra des recommandations concrètes pour mieux protéger la Seine et garantir sa préservation dans les décennies à venir.
Enfin, en juin 2025, un moment solennel se tiendra au Conseil de Paris, où les résultats de la Convention seront présentés et débattus. L’objectif est de faire de la Seine un exemple à suivre dans la reconnaissance des droits des écosystèmes et de donner aux citoyens une place centrale dans la gestion de leur patrimoine naturel. Cette initiative démontre la volonté d’aller au-delà des discours pour traduire les préoccupations environnementales en actions concrètes et participatives.
Le fleuve Parisien, en devenant une « citoyenne d’honneur », invite ainsi chaque Parisien à se saisir de cette cause commune. Une occasion unique de repenser la manière dont nous interagissons avec la nature, et d’agir ensemble pour assurer un avenir durable et respectueux pour ce fleuve essentiel à la vie de la ville.