Le projet de suppression du passage à niveau de la gare de Deuil-Montmagny, dans le Val-d’Oise, a franchi une étape décisive avec la réalisation d’une opération technique majeure qui a duré 96 heures, du 29 mai au 1er juin 2025. Cette intervention spectaculaire a consisté en la pose d’un pont ferroviaire d’une masse impressionnante de 1 850 tonnes, sur le chemin de la Plante des Champs, situé à la limite entre les communes de Deuil-la-Barre et de Montmagny. Cette nouvelle infrastructure est appelée à transformer durablement la circulation locale en permettant aux véhicules de passer désormais sous la voie ferrée en toute sécurité, marquant ainsi le début de la fin du passage à niveau, qui sera supprimé définitivement d’ici 2027.
Le passage à niveau, identifié sous la référence PN4, est l’un des points les plus fréquentés et les plus sensibles de ce secteur. Chaque jour, il est traversé par près de 200 trains, comprenant la ligne H et le TER Paris-Beauvais, mais également par environ 7 000 véhicules motorisés et 4 000 piétons et cyclistes. Cette intense activité, combinée à la configuration ancienne du site, en faisait un lieu propice aux incidents et accidents, qui ont malheureusement marqué ces dernières années. Pour réduire ces risques, plusieurs mesures de sécurisation avaient été mises en place par SNCF Réseau, en collaboration avec le Département du Val-d’Oise ainsi que les communes de Deuil-la-Barre et de Montmagny. Ces dispositifs comprenaient notamment l’installation de quatre demi-barrières automatisées, des signaux sonores et lumineux, l’élargissement des trottoirs, des marquages au sol spécifiques pour les automobilistes, ainsi que des campagnes de sensibilisation destinées aux élèves des établissements scolaires. Bien que ces mesures aient contribué à améliorer la sécurité temporairement, elles ne pouvaient constituer qu’une solution provisoire dans l’attente de la suppression définitive du passage à niveau.
Ce plan ambitieux ne se limite pas à l’amélioration des infrastructures de transport ; il inclut aussi le développement du cadre de vie, l’essor économique, ainsi que le renforcement des équipements publics en matière d’éducation, de santé, de sécurité et de justice. Le suivi et le pilotage du plan sont assurés régulièrement par le préfet du Val-d’Oise, en lien étroit avec l’ensemble des partenaires territoriaux, afin de garantir le respect des échéances fixées pour chaque projet.
La construction du pont-rail constitue la première phase majeure de ce chantier d’envergure. Afin de limiter les perturbations sur le trafic ferroviaire, la structure a été préfabriquée à l’automne précédent sur un espace adjacent aux voies. La phase de pose du pont a ensuite été réalisée lors de cette opération intensive de 96 heures, qualifiée d’« opération coup de poing », mobilisant des équipes spécialisées de SNCF Réseau, Colas et NGE. L’intervention s’est déroulée en plusieurs étapes délicates : retrait temporaire de la voie ferrée et de la caténaire, ouverture d’une brèche dans le remblai ferroviaire, déplacement du pont de 1 850 tonnes à l’aide de puissants chariots automoteurs vers son emplacement définitif, reconstitution du remblai, puis réinstallation des voies ferrées et de la caténaire. La dernière étape a consisté en une série de contrôles rigoureux destinés à assurer la sécurité et la fiabilité de l’ensemble.
Le financement du projet, qui s’élève à un total de 50 millions d’euros, est réparti entre plusieurs acteurs publics. Les travaux ferroviaires, d’un montant de 31 millions d’euros, sont financés à parts égales par l’État et la Région Île-de-France, tandis que les travaux routiers, évalués à 19 millions d’euros, sont cofinancés par l’État (50 %), le Département du Val-d’Oise (30 %) et la Région Île-de-France (20 %).
Les prochaines étapes du projet s’annoncent tout aussi cruciales. Dès l’été 2025, les travaux de réaménagement de la voirie existante débuteront, visant à relier l’actuel passage à niveau au nouveau pont-rail. Cette phase, qui durera jusqu’à la fin de l’année 2026, comprend la création de nouvelles voies publiques et la transformation des accès afin de garantir une circulation fluide et sécurisée. La dernière étape, prévue pour 2027, portera sur la création d’un passage souterrain dédié aux piétons et aux mobilités douces, tel que les cyclistes. Ce passage sera équipé de rampes d’accès pour assurer l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, renforçant ainsi la dimension inclusive du projet.
À terme, la suppression définitive du passage à niveau de Deuil-Montmagny constituera une avancée majeure pour la sécurité des usagers et la qualité de vie des habitants. Plus qu’une simple opération d’infrastructure, ce projet s’inscrit dans une dynamique plus vaste de modernisation des mobilités et d’aménagement du territoire dans le Val-d’Oise. Il illustre également la capacité de concertation et de coopération entre les différents niveaux d’administration – de la commune à l’État – pour répondre aux enjeux locaux tout en intégrant des objectifs ambitieux de développement durable et d’innovation.
L’ensemble des acteurs, des élus locaux aux techniciens sur le terrain, partagent l’espoir que ces travaux permettront d’éliminer définitivement un point noir de la circulation locale, de réduire les risques d’accident, et d’améliorer la fluidité des déplacements au quotidien.
Deuil-Montmagny : suppression du passage à niveau

Par Marc Blanc
Publié le 18 juin 2025 à 16h16 – Temps de lecture : 5 minutes