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Éducation : rentrée des familles

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 1 septembre 2025 à 12h33 – Temps de lecture : 9 minutes

Parler de la rentrée scolaire à Paris en 2025, c’est dresser le portrait d’une ville qui se réinvente pour mettre les enfants au cœur de son projet urbain, éducatif et social. Érigée cette année par l’ONG Clean Cities au rang de « ville européenne la plus adaptée aux enfants », la capitale affiche une ambition claire : transformer l’école en un lieu d’expérimentation vivante, d’inclusion et de créativité, tout en s’adaptant aux défis climatiques. Chaque mesure, chaque nouveauté introduite en cette rentrée participe d’une même vision : hisser Paris à hauteur d’enfant, faire de l’éducation un moteur de solidarité et d’avenir.
Au port de l’Arsenal, la Seine devient salle de classe. Le Fluctuat, péniche municipale amarrée depuis l’été, inaugure officiellement son rôle d’« École sur l’eau ». Après avoir accueilli près de mille enfants en juillet et août pour des ateliers autour de la biodiversité et du fleuve, il embarque désormais des classes entières, accompagnées de leurs enseignants et du Rectorat, pour découvrir la Seine autrement. Le bateau, pensé comme un outil pédagogique innovant, met en scène la rencontre des sciences, des arts, de l’histoire et de la culture, tout en ancrant les apprentissages dans une conscience écologique. Et l’expérience ne s’arrête pas à la rentrée : les mercredis et les vacances continueront d’être rythmés par des ateliers ludiques et éducatifs, prolongeant l’éveil des enfants au fil de l’eau.
Mais Paris ne se contente pas d’embarquer les élèves sur son fleuve. Elle leur ouvre aussi ses jardins et ses squares. Depuis 2024, l’expérience de « l’École dehors » a transformé le square des Deux-Nèthes dans le 18e en un espace d’apprentissage à ciel ouvert, où plus de 1 200 enfants issus de 73 classes ont pu renouer avec la nature. Le succès est tel qu’un deuxième site s’installe cette année dans le 13e arrondissement, au jardin Paul Nizan, tandis que d’autres espaces de proximité accueillent déjà cette pédagogie en plein air. Loin des murs traditionnels de la classe, les enfants expérimentent une autre relation à leur environnement, faite de découvertes sensibles, d’observations et de curiosité éveillée par le vivant.
L’apprentissage parisien prend aussi d’autres formes, portées par des lieux devenus incontournables. Le Théâtre de la Concorde, qui a accueilli 2 700 élèves en 2024-2025, multiplie les ateliers gratuits et propose de nouvelles thématiques autour du climat, des droits humains et de la démocratie. L’Académie des langues, qui a fait voyager sans quitter Paris près de 1 880 élèves de 99 classes l’an dernier, continue d’offrir des immersions linguistiques totales, en priorité aux enfants des réseaux d’éducation prioritaire. L’Académie du Climat, forte de 15 365 participants en un an, prolonge son accompagnement des éco-délégués pour bâtir des projets concrets dans leurs établissements. Enfin, Tumo Paris, l’école de la création numérique, accueille chaque semaine 1 200 jeunes et leur ouvre les portes des métiers de demain, de l’animation au design graphique, tout en offrant un filet de sécurité à des élèves en décrochage scolaire.
Dans ce paysage d’innovations, l’inclusion occupe une place centrale. La rentrée 2025 marque l’ouverture de quatre nouvelles unités d’enseignement externalisées dans les 7e, 17e et 20e arrondissements, portant leur total à 43. Parmi elles, une première nationale : une unité dédiée aux enfants en proie au refus scolaire anxieux. Paris compte désormais 161 Ulis, un pôle pour jeunes sourds en langue des signes et un ensemble d’initiatives qui garantissent un accompagnement pour chaque type de handicap. L’accessibilité progresse également, avec 22 établissements supplémentaires adaptés cette année, portant le nombre d’écoles et de collèges accessibles à 172. Neuf centres de loisirs accueillent désormais à parité des enfants en situation de handicap, tandis que 250 d’entre eux profitent chaque année des vacances Arc-en-ciel.
Cette vision inclusive s’accompagne d’une transformation urbaine en profondeur. Plus de 300 « Rues aux écoles » sont désormais aménagées dans la capitale, dont 103 totalement végétalisées. Rien que l’an passé, 33 nouvelles rues ont été rendues aux enfants, et 17 autres projets verront le jour d’ici 2026. La deuxième Fête des Rues aux écoles, prévue le 27 septembre, célébrera ces espaces devenus des cœurs de quartier, où familles et riverains partageront jeux, repas et animations. Les cours Oasis prolongent ce mouvement : plus de 200 ont été livrées dans les écoles et grande nouveauté, dans les crèches. Cinq établissements pionniers ouvrent leurs portes dès cette rentrée, tandis que 39 projets supplémentaires sont prévus dans les écoles et 11 dans les crèches d’ici 2026.
Les établissements scolaires eux-mêmes se modernisent à grande vitesse. Le collège Paul Valéry, dans le 12e, rouvre après un an de travaux avec 4 000 m2 rénovés et une capacité d’accueil de 400 élèves, bientôt portée à 540. Trois chantiers d’ampleur sont lancés dans les écoles Franc Nohain, Romainville et à la cité scolaire Jacques Decour. Plus de 500 chantiers ont été menés cet été dans 620 écoles et 114 collèges pour un budget de 90 millions d’euros, entre isolation thermique, mise aux normes, adaptation au climat et entretien. Près de la moitié du parc scolaire a déjà bénéficié d’opérations énergétiques dans le cadre de contrats de performance.
Si l’école se transforme, son temps périphérique n’est pas en reste. Une étude menée sur l’année 2024-2025 a révélé que 89 % des enfants apprécient les activités périscolaires organisées après la classe. Ce résultat conforte le choix de Paris de maintenir depuis 2013 la semaine de 4,5 jours, choix validé en mai dernier par un rapport de la Cour des comptes. Ce rythme particulier favorise une meilleure réussite des élèves et permet à la Ville de structurer une offre périscolaire gratuite et accessible à tous.
Dans un contexte d’inflation, Paris renforce son soutien aux familles. Un kit de fournitures scolaires gratuit, incluant tout le nécessaire de base, est remis à 12 500 élèves de CP dans un tote bag écologique fabriqué en France. Les tarifs de cantine, inchangés depuis onze ans, commencent toujours à 0,13 €. Le remboursement du passe Navigo pour les moins de 18 ans est maintenu. Au total, 145 millions d’euros d’aides directes et indirectes sont consacrés aux familles, un montant en hausse par rapport à 2024, contrairement à la tendance nationale.
La petite enfance, secteur vital pour de nombreuses familles, n’est pas oubliée. Paris reste en tête des classements avec 44 702 places de crèches, dont 26 241 municipales agréées. Deux nouveaux établissements ouvrent leurs portes : un multi-accueil de 36 places dans le 16e arrondissement, intégré à la reconversion de l’ancienne caserne Chalvidan, et une quatrième Maison des assistantes maternelles dans le 15e. Pour pallier les difficultés de recrutement, la Ville innove avec son propre CFA « Paris petite enfance », capable de former 40 auxiliaires de puériculture chaque année dans le 20e arrondissement.
L’alimentation scolaire suit elle aussi une trajectoire ambitieuse. Les crèches atteignent désormais 100 % de produits bios et durables, un record salué par le label Ecocert « trois carottes ». Dans les cantines, la part des produits durables atteint 62 %, dont 46 % de bio, bien au-delà des objectifs fixés par la loi Égalim. Une nouvelle grande cuisine dans le 18e, installée au collège Jean-Baptiste Clément, assure la préparation quotidienne de plus de 1 000 repas en liaison chaude pour les établissements voisins. Et pour prolonger l’expérience à la maison, la Ville publie un recueil des meilleures recettes végétariennes de ses chefs de cantine.
Les familles découvrent également de nouveaux équipements culturels, sportifs et de loisirs. Le gymnase Garancière dans le 6e, la piscine Solita Salgado dans le 18e, les piscines Rigal et Rouvet rénovées, la médiathèque Virginia Woolf dans le 13e, le conservatoire Frédéric Chopin modernisé dans le 15e ou encore les nouvelles maisons sport-santé des 11e et 20e enrichissent l’offre de proximité. De nouveaux espaces verts apparaissent également : forêt urbaine en plein centre, square de Cluny, jardin Régine Deforges, square Marie Curie ou encore de nouveaux tronçons de la Petite Ceinture.
En chiffres, la rentrée parisienne impressionne : 620 écoles, dont 210 en éducation prioritaire, 114 collèges, 38 379 enfants inscrits en maternelle, 61 964 en élémentaire, 48 562 au collège, 44 702 places en crèches, 1 531 assistantes maternelles agréées, 21 millions de repas servis chaque année, 161 Ulis, 43 unités d’enseignement externes, près de 7 000 enfants partant chaque année en classes de découverte, 11 200 billets gratuits pour la tour Eiffel distribués aux élèves, plus de 6 500 collégiens accueillis dans le dispositif « toutes et tous au collège, c’est les vacances ! ». Autant de chiffres qui traduisent la vitalité d’un réseau éducatif exceptionnel.
La rentrée 2025 à Paris dépasse ainsi le simple événement calendaire. Elle s’affirme comme une démonstration d’ambition politique et pédagogique. À travers l’école sur l’eau, l’école dehors, les ateliers du climat, les cours Oasis, les repas bios et les aides aux familles, la capitale dessine un projet global. Elle se veut à la fois protectrice et innovante, inclusive et écologique, soucieuse du bien-être quotidien comme de l’avenir lointain. Une rentrée qui confirme, une fois encore, que Paris ne se contente pas d’accompagner ses enfants : elle leur prépare la ville dont ils hériteront demain.