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Filière électronique sous contrat stratégique

Par Gilbert Caron
Publié le 8 juillet 2025 à 09h58 – Temps de lecture : 4 minutes

La filière électronique française prend un nouvel élan. Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, et Frédérique Le Grevès, présidente du Comité stratégique de la filière électronique, ont officialisé ce jour la signature du contrat stratégique de filière pour la période 2025-2028. Aux côtés des organisations professionnelles, syndicales et des représentants de l’État, cet engagement marque une étape clé pour un secteur central dans la réindustrialisation et la souveraineté technologique de la France.

Forte d’un chiffre d’affaires de près de 18 milliards d’euros, la filière électronique couvre un large spectre d’activités : microélectronique, connectique, composants, assemblage, logiciels embarqués, circuits imprimés ou encore distribution. Ce tissu industriel, à la fois riche et stratégique, irrigue des domaines aussi sensibles que l’automobile, l’aéronautique, la cybersécurité, la défense ou la santé. L’électronique est plus que jamais au cœur des transitions numérique et écologique, et les récentes crises – notamment la pénurie de composants – ont rappelé l’urgence de bâtir une industrie résiliente.

Ce nouveau contrat stratégique s’inscrit dans la continuité des travaux menés depuis 2018 et poursuivis en 2021, au moment où les chaînes de production mondiales étaient sous tension. Il s’appuie sur une dynamique de coopération renforcée entre les acteurs de la chaîne de valeur, du composant à l’équipementier, en passant par la distribution, et fixe un cap clair : faire de la France un acteur industriel de premier plan sur les technologies critiques, tout en intégrant pleinement les exigences de durabilité et de souveraineté.

Le contrat prévoit notamment une mobilisation générale en faveur de l’attractivité des métiers de l’électronique. Une plateforme d’orientation verra le jour pour mieux faire connaître les opportunités offertes par la filière. Des actions spécifiques seront engagées pour favoriser la féminisation du secteur, avec la création d’une communauté dédiée et la mise en place de prix valorisant les parcours féminins dans l’industrie. La France participera activement à l’initiative européenne Chips Skills Academy, afin de former de nouveaux talents spécialisés en microélectronique.

La filière s’engage par ailleurs à placer l’innovation au service de l’environnement. Les feuilles de route technologiques seront mises à jour pour intégrer les exigences écologiques : écoconception, recyclabilité des produits, choix de matériaux durables. Tous les projets d’innovation devront désormais inclure un volet dédié à la réduction de l’impact environnemental.

Pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement, la coopération entre les différents maillons industriels sera renforcée. Un groupe de travail inter-filières sera chargé de normaliser les méthodes de calcul de l’empreinte environnementale. Un observatoire du marché des composants électroniques, des circuits imprimés et des systèmes embarqués sera également mis en place, afin d’anticiper les tensions d’approvisionnement et d’adapter la stratégie industrielle aux évolutions internationales.

Enfin, le contrat vise à développer sur le territoire national des capacités de production compétitives et durables. Une cartographie des besoins industriels sera réalisée pour guider les investissements et accompagner l’autonomie stratégique française. Le plan de sobriété hydrique de la filière électronique sera consolidé avec l’identification de solutions techniques pour économiser et réutiliser l’eau dans les processus industriels.

L’ensemble de ces priorités sera porté par la nouvelle Fédération de l’Électronique française, fruit du rassemblement des trois syndicats ACSIEL, SNESE et SPDEI, en lien avec l’association Embedded France. Cette gouvernance unifiée assurera le suivi du contrat et le pilotage des projets engagés. En scellant cet accord pour les trois années à venir, la filière électronique s’affirme comme un levier central de la souveraineté industrielle et technologique du pays. Un pari sur l’avenir, à la croisée des enjeux économiques, écologiques et stratégiques.