Le gouvernement serre la vis. Réuni à Bercy pour la deuxième fois cette année, le comité d’alerte des finances publiques a livré un diagnostic sans ambiguïté : si les recettes restent globalement conformes aux prévisions de la loi de finances, les dépenses, elles, menacent de déraper. Ministères, collectivités locales et Assurance maladie voient leurs budgets sous tension, dans un contexte économique où chaque euro dépensé compte. Résultat, un effort supplémentaire de cinq milliards d’euros est décidé dès cet été pour tenir l’objectif de déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, cap fixé par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale.
Derrière ce comité d’alerte, c’est toute la mécanique budgétaire de l’État et des administrations publiques qui est passée au crible. Parlementaires, représentants des élus locaux, caisses de Sécurité sociale, partenaires sociaux et institutions comme la Cour des comptes, la Banque de France ou l’INSEE ont confronté leurs chiffres et évalué les risques. Le verdict est clair : malgré cinq milliards d’euros de mesures de maîtrise depuis le début de l’année, certains ministères affichent des risques de dépassement, les dépenses des collectivités locales progressent un peu plus vite que prévu et la Sécurité sociale anticipe un dépassement de plus de 1,3 milliard d’euros, alimenté notamment par les indemnités journalières et les dépenses hospitalières.
Face à cette situation, le gouvernement a décidé de ne pas attendre la rentrée pour agir. Trois milliards d’euros de crédits budgétaires seront gelés côté État, tandis que 1,7 milliard d’euros d’économies seront demandés à l’Assurance maladie. Ces économies passeront par la mise en œuvre accélérée de certaines dispositions de la loi de financement de la Sécurité sociale, l’annulation de mises en réserve et le renforcement des mesures de maîtrise médicalisée. Une réunion de suivi aura lieu dès le 4 juillet avec les directeurs financiers des ministères pour s’assurer de la mise en œuvre concrète de ces décisions.
Pour Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, le message est limpide : à l’heure où la Sécurité sociale s’apprête à célébrer ses 80 ans, il faut préserver cet acquis en garantissant la soutenabilité financière du système. Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances, parle de souveraineté économique et de crédibilité de la France sur la scène européenne. Même tonalité chez François Rebsamen et Amélie de Montchalin, qui rappellent l’engagement démocratique pris devant la représentation nationale : réduire le déficit à 5,4 % en 2025 et sous les 3 % d’ici 2029.
Derrière les chiffres et les annonces, c’est un enjeu politique et budgétaire majeur qui se dessine. Car maîtriser la dépense publique dans un contexte où les besoins sociaux et les attentes locales demeurent élevés relève du défi. Ce deuxième comité d’alerte vient rappeler, si besoin était, que l’État reste sous surveillance permanente, tenu de concilier rigueur budgétaire et cohésion sociale. Le signal est donné avant un automne budgétaire qui s’annonce sous haute tension.