C’est au Salon de l’Association des Maires d’Île-de-France (Amif), au cœur de ce rendez-vous annuel des décideurs publics franciliens, que s’est jouée une étape décisive pour la transition énergétique des Yvelines. Devant un parterre d’élus locaux, de partenaires industriels et de représentants institutionnels, la signature officielle des statuts de la SAS LTE VerdY a acté l’entrée en action d’un projet énergétique structurant pour le territoire.
Aux côtés de Pierre Bédier, président du Conseil départemental des Yvelines, se tenaient Jean-Jacques Guillet, président du Sigeif et figure politique bien connue de la région, Vincent Mezure, vice-président du Syndicat d’Énergie des Yvelines (SEY), Yann Rolland, directeur général délégué d’Engie Solutions et Thierry Landais, président de VerdY. Tous réunis pour sceller une ambition commune : faire des Yvelines un département exemplaire dans la production d’énergie décarbonée et locale.
Une réponse locale à un enjeu global
Issue de trois années de concertation, d’études techniques et d’alignement stratégique, la création de VerdY témoigne d’une volonté partagée d’agir concrètement face aux défis environnementaux et énergétiques. Cette société par actions simplifiée, adossée à la loi Transition énergétique pour la croissance verte de 2015, ouvre la voie à un modèle inédit de gouvernance énergétique. Engie Solutions en assurera la majorité avec 75 % des parts, tandis que le Département des Yvelines s’implique directement en détenant 15 % du capital, aux côtés du Sigeif et du SEY, chacun à hauteur de 5 %. Une alliance publique-privée résolument tournée vers l’avenir, conçue pour structurer durablement l’offre d’énergie renouvelable sur le territoire.
Au cœur du projet : la géothermie. Cette énergie du sous-sol, encore méconnue du grand public, mais d’une efficacité redoutable, sera exploitée pour alimenter en chaleur et en eau chaude sanitaire pas moins de 9 000 équivalents-logements répartis sur les communes de Bailly, Bougival, La Celle-Saint-Cloud, Le Chesnay-Rocquencourt et Noisy-le-Roi. Une technologie à la fois ancienne et innovante, qui consiste à capter l’eau naturellement chaude circulant à 1 500 mètres de profondeur dans la nappe du Dogger, à en extraire ses calories avant de la réinjecter dans son milieu d’origine. Un cycle vertueux, silencieux et sans émission directe de CO2.
Un chantier stratégique
Dès cet été, les premiers coups de foreuses résonneront sur un terrain de 4 500 m2, mis à disposition par le Département des Yvelines au cœur du Chesnay-Rocquencourt, dans la boucle Ouest située entre la D186 et la D307. Deux puits seront creusés entre juillet et décembre 2025 : un puits de production, destiné à remonter l’eau géothermale à environ 60 °C, et un puits de réinjection qui restituera l’eau refroidie après transfert de ses calories à un futur réseau de chaleur urbain.
Conscientes de l’importance d’intégrer le chantier à son environnement immédiat, les équipes d’Engie Solutions mettront en place des dispositifs spécifiques pour limiter les nuisances. Des murs antibruit protégeront les riverains des désagréments sonores lors du forage, un cheminement piéton sécurisé sera maintenu en permanence, et le site fera l’objet d’une surveillance rigoureuse afin de garantir la sécurité des ouvriers et des habitants.
Ce chantier n’est d’ailleurs pas un coup d’essai. Il s’inscrit dans une dynamique départementale plus large puisque, à quelques centaines de mètres, sur la boucle Est d’accès, la centrale Géomy3 est elle aussi en cours de réalisation. Deux projets voisins qui, à terme, contribueront ensemble à doter les Yvelines d’une capacité géothermique inédite en Île-de-France.
Retombées économiques et écologiques
Derrière l’investissement de 33,5 millions d’euros consenti pour ce projet, les objectifs sont clairs et ambitieux. Chaque année, VerdY produira 92 GWh d’énergie thermique, évitant ainsi le rejet de 20 300 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Une performance environnementale qui équivaut à 11 500 allers-retours Paris-New York en avion ou à retirer plus de 8 000 voitures de la circulation.
Au-delà de ses bénéfices écologiques, VerdY participera également à la stabilisation du prix de l’énergie pour les usagers de son réseau de chaleur, moins sensible aux fluctuations des cours mondiaux des énergies fossiles. L’énergie produite, locale et renouvelable, bénéficiera en outre d’une TVA réduite à 5,5 %, renforçant ainsi l’attractivité et l’accessibilité de ce service public.
Les Yvelines, territoire pionnier
Avec ce projet, le Département des Yvelines confirme son positionnement de chef de file régional en matière de transition énergétique. Institution de proximité au service de 1,4 million d’habitants répartis sur 259 communes, le Département agit sur de nombreux fronts – solidarités, éducation, mobilité, culture – et considère désormais l’énergie comme un levier stratégique de développement et d’attractivité territoriale.
En choisissant d’investir directement dans VerdY et de soutenir ce type d’infrastructures, les Yvelines affirment leur volonté de produire une énergie décarbonée, à coût maîtrisé et indépendante des ressources importées. Une orientation politique assumée qui répond aux enjeux de souveraineté énergétique et d’urgence climatique.
Vers un modèle reproductible
Le Syndicat d’Énergie des Yvelines et le Sigeif, tous deux partenaires historiques du Département, partagent cette ambition. Le SEY, qui fédère déjà 202 communes et pilote des projets de géothermie, de biomasse et de solaire, voit en VerdY un modèle à répliquer dans d’autres secteurs du département. Le Sigeif, pour sa part, renforce son portefeuille d’énergies renouvelables aux côtés de ses engagements dans la mobilité durable et la production de biogaz. Quant à Engie Solutions, déjà impliquée dans la transition énergétique des villes et territoires, elle trouve ici un terrain idéal pour déployer ses expertises en géothermie profonde.
Pour une Île-de-France plus verte
Avec VerdY, ce sont donc plusieurs collectivités et acteurs économiques qui s’associent pour déployer une énergie propre, produite localement, et réduire drastiquement l’empreinte carbone d’un territoire. Une dynamique qui répond aussi aux attentes des habitants, de plus en plus sensibles à l’origine et à la qualité de l’énergie qu’ils consomment. Et un signal fort adressé aux autres départements franciliens : la transition énergétique se joue ici et maintenant.
À l’heure où l’urgence climatique se fait chaque jour plus pressante, les Yvelines montrent qu’il est possible d’agir à l’échelle locale tout en bâtissant des solutions pérennes et ambitieuses. Le forage de cet été et la construction de la centrale VerdY, prévue dans la foulée, constitueront sans nul doute l’un des chantiers énergétiques majeurs de la région pour les années à venir.