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Gif-sur-Yvette : l’intimité selon Denise Colomb

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 5 novembre 2025 à 08h45 – Temps de lecture : 4 minutes

Au Château du Val Fleury, à Gif-sur-Yvette, l’automne s’éclaire d’une lumière singulière. Jusqu’au 14 décembre 2025, l’exposition « Denise Colomb, Portraits intimes » invite le public à redécouvrir l’une des grandes figures de la photographie française du XXe siècle. Derrière l’objectif, une femme à la fois discrète et passionnée, dont le regard a su capter, mieux que quiconque, la vérité d’un visage, la douceur d’un geste, la fragilité d’un instant.
Connue pour ses portraits d’artistes – parmi lesquels le célèbre cliché de Nicolas de Staël, chemise noire et regard mélancolique –, Denise Colomb (1901-2004) demeure pourtant une figure encore trop méconnue du grand public. Si ses photographies ont souvent illustré des catalogues d’exposition ou des ouvrages consacrés aux grands noms de l’art moderne, son œuvre dépasse largement ce cercle restreint. Elle embrasse un monde plus vaste, nourri de rencontres, de voyages et d’instants partagés, où chaque visage raconte une histoire et chaque image témoigne d’une forme de tendresse silencieuse.
L’exposition proposée par la Ville de Gif-sur-Yvette, avec le soutien de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie – détentrice du fonds –, rend hommage à cette œuvre profondément humaine. Elle présente une sélection d’images où l’artiste saisit la beauté du quotidien, les émotions fugaces et les visages de ceux qu’elle a croisés, connus ou anonymes. De ses proches à ses compagnons de route, en passant par les artistes qu’elle a immortalisés, chaque photographie révèle la même délicatesse : un regard à la fois observateur et bienveillant, qui ne s’impose jamais, mais accompagne.
Ce sens de l’intime, sans jamais tomber dans l’intrusion, traduit une éthique du regard qui a marqué toute la carrière de la photographe. Pour Denise Colomb, la rencontre avec l’autre est au cœur du processus artistique. Sa caméra devient un lien, un moyen de témoigner d’une humanité partagée, d’un respect sincère. Une générosité que l’artiste a prolongée en faisant don, dès 1991, de l’ensemble de son œuvre à l’État, geste d’une grande humilité qui a assuré la pérennité et la diffusion de son travail.
L’exposition, qui se déploie dans les salles du Val Fleury, ne se limite pas à une simple présentation d’images. Elle s’accompagne d’un riche programme d’animations et d’ateliers destinés à tous les publics. Les visiteurs peuvent ainsi prolonger la découverte par des expériences sensibles et créatives : les ateliers « Fils et images », menés par l’artiste Leïla Garfield, proposent une approche originale de la photographie à travers la broderie, mêlant image et matière, fil et mémoire.
Les plus jeunes ne sont pas oubliés : les dimanches 9 et 23 novembre, la conteuse de Paroles d’Art les entraîne dans « La valise aux souvenirs », une visite contée à hauteur d’enfant, pleine de poésie et d’émotion. Les amateurs d’histoire de l’art pourront quant à eux retrouver Anne Le Diberder, commissaire de l’exposition, lors de visites guidées les 19 et 30 novembre, ou encore à l’occasion d’une conférence « Jeudi de la Clic hors les murs », le 4 décembre à 21h.
Chaque week-end, des visites commentées par un médiateur culturel sont également proposées, permettant d’éclairer les multiples facettes d’une œuvre qui conjugue la rigueur du reportage et la sensibilité du portrait intime.
En réunissant ces portraits d’une rare intensité, le Val Fleury offre un voyage dans la mémoire du regard, une traversée de vies et d’émotions que Denise Colomb a su fixer avec pudeur et grâce. Son œuvre, entre ombre et lumière, demeure un témoignage vibrant de la beauté de l’instant, toujours fragile, toujours humain.