Chaque hiver, la France affronte le même défi : celui des infections respiratoires aiguës, qu’il s’agisse de la grippe, du Covid-19 ou de la bronchiolite. Ces virus, souvent banalisés, provoquent pourtant chaque année des dizaines de milliers d’hospitalisations et plusieurs milliers de décès. Ils pèsent lourdement sur notre système de soins, sur les familles et sur les plus vulnérables d’entre nous.
C’est dans ce contexte que le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, en partenariat avec Santé publique France et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie, lance une grande campagne nationale de prévention. Objectif : rappeler à tous que les gestes simples et la vaccination demeurent nos meilleurs alliés pour passer l’hiver en bonne santé.
L’hiver dernier a laissé une empreinte forte. La grippe saisonnière est arrivée plus tôt que prévu, a duré plus longtemps et a touché toutes les classes d’âge. Près de trois millions de consultations ont été enregistrées en ville, plus de 30 000 hospitalisations ont été nécessaires et la surmortalité a dépassé les 17 000 décès. Des chiffres qui rappellent que ces virus ne sont jamais anodins et que la prévention est une responsabilité partagée. À l’aube de cette nouvelle saison hivernale, la Direction générale de la Santé appelle à une mobilisation collective. Car nous disposons aujourd’hui d’outils efficaces pour limiter les épidémies.
La protection des tout-petits contre la bronchiolite, par exemple, repose désormais sur deux leviers : la vaccination des femmes enceintes et l’administration d’anticorps protecteurs aux nourrissons. L’an dernier, plus de 450 000 bébés ont ainsi été immunisés contre le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de cette infection respiratoire souvent impressionnante.
La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière débutera officiellement le 14 octobre. Près de 19 millions de personnes recevront une invitation de l’Assurance Maladie ou de la Mutualité sociale agricole. Ces personnes – souvent âgées, atteintes de maladies chroniques ou fragilisées – sont les premières concernées, car elles sont aussi les plus exposées aux complications graves.
Cette même population est invitée à se faire vacciner contre la Covid-19, dont la circulation s’est intensifiée depuis la fin du mois de septembre. Les deux vaccinations peuvent être réalisées en une seule visite, simplifiant le parcours de prévention et renforçant la protection collective.
La France a sécurisé l’approvisionnement pour cette campagne : cinq vaccins trivalents contre la grippe, fournis par Sanofi, Seqirus et Viatris, et un vaccin monovalent adapté aux variants actuels du Covid-19, Comirnaty® LP.8.1 du laboratoire Pfizer. Tous sont pris en charge à 100 % pour les personnes concernées. Pour les professionnels exposés aux virus influenza porcins ou aviaires, la vaccination antigrippale reste également recommandée, soulignant la responsabilité de chacun dans la prévention.
Se laver les mains régulièrement, porter un masque en cas de symptômes ou dans les lieux de soins, aérer les espaces clos : ces gestes simples, adoptés pendant la pandémie, ont prouvé leur efficacité. Ils limitent la transmission non seulement du Covid-19, mais aussi de la grippe, du rhume ou de la bronchiolite. Les autorités sanitaires encouragent à les intégrer naturellement dans le quotidien. Porter un masque quand on est malade n’est pas un signe d’alerte, mais un acte de respect envers les autres. Aérer quelques minutes plusieurs fois par jour, c’est réduire la charge virale dans les pièces fermées. Ces réflexes sont les premiers maillons de la chaîne de prévention, au même titre que la vaccination.
Malgré les campagnes régulières, la couverture vaccinale reste insuffisante. L’hiver dernier, un peu plus d’une personne sur deux âgée de plus de 65 ans s’est fait vacciner contre la grippe, et à peine un quart des personnes à risque ont accepté l’injection. Du côté du Covid-19, seuls 22 % des plus de 65 ans et 10 % des adultes à maladies chroniques étaient vaccinés au printemps 2025. Derrière ces chiffres se cache une réalité complexe : la désinformation, la méfiance ou la fatigue vaccinale. Certains estiment qu’une vaccination annuelle n’est pas nécessaire, d’autres préfèrent miser sur les gestes barrières seuls. D’autres encore redoutent des effets secondaires pourtant rares et largement surveillés.
Les autorités de santé rappellent que la balance bénéfice-risque est sans équivoque. Le vaccin protège contre les formes graves, réduit les hospitalisations et sauve chaque année des milliers de vies. Refuser la vaccination, c’est s’exposer soi-même, mais aussi exposer son entourage.
Pour restaurer la confiance, l’Assurance Maladie et Santé publique France lancent cette année une campagne de communication plus directe, plus concrète. En télévision, à la radio et sur le web, plusieurs spots rappellent la gravité de la grippe et la capacité du vaccin à éviter les formes sévères.
Un film s’adresse à l’ensemble des publics prioritaires, tandis que trois autres ciblent des groupes spécifiques : les seniors, les femmes enceintes et les personnes vivant avec une maladie chronique. L’objectif est simple : parler vrai, déconstruire les idées reçues et permettre à chacun de faire un choix éclairé. En parallèle, un vaste dispositif de communication sur les gestes barrières sera déployé dès le 25 octobre. Il s’appuiera sur un large réseau d’affichage dans les transports, les hôpitaux, les maisons de santé et les médias numériques. L’ambition est claire : inscrire durablement ces gestes dans nos habitudes quotidiennes.
Prévenir les infections respiratoires n’est pas seulement une affaire individuelle, c’est un engagement collectif. Se vacciner, c’est protéger ses proches, alléger le fardeau sur les soignants et éviter des complications parfois dramatiques. Appliquer les gestes barrières, c’est participer à un effort commun pour préserver la santé publique. Cet hiver, chacun peut jouer un rôle. Chacun peut être acteur de la prévention. Ensemble, faisons de la vigilance et de la solidarité nos meilleurs remparts contre les virus de saison. « Se protéger soi-même, c’est aussi protéger les autres. » C’est le message que porte le Directeur général de la Santé, Didier Lepelletier, qui appelle à une mobilisation responsable et confiante pour traverser l’hiver plus sereinement.