La Défense : un pouce qui fascine

C’est l’une des œuvres les plus connues du quartier d’affaires. À la fois intrigant, amusant et emblématique, Le Pouce fascine depuis 1991 ! Et ce n’est […]

C’est l’une des œuvres les plus connues du quartier d’affaires. À la fois intrigant, amusant et emblématique, Le Pouce fascine depuis 1991 ! Et ce n’est autre que le célèbre artiste César Baldaccini qui l’a réalisé. Voici son histoire.
Commandé pour le quartier d’affaires de La Défense en 1990, Le Pouce participe à la volonté de l’aménageur, depuis la fin des années 1970, d’enrichir la collection d’œuvres d’art présentes dans l’espace public. Les créations d’artistes de renommée internationale s’enchaînent et participent au rayonnement de La Défense au prisme de l’art contemporain.
Désigné comme « Nouveau réaliste » en 1960, César est connu pour son travail sur les objets courants de la société de consommation, qu’il assemble, compresse, agrandit, dans un esprit proche du Pop Art américain. Pourquoi César a-t-il été choisi par l’Epad, établissement public du quartier ? Afin de pouvoir présenter, dans la sélection d’œuvres internationales, celle d’un Français mondialement connu !

Un Pouce… pas si unique
Par « narcissisme » et par, disait-il, « la commodité offerte par la disponibilité immédiate du modèle », César a commencé à agrandir son pouce à l’occasion d’une exposition intitulée « La Main, de Rodin à Picasso ». Quand Le Pouce lui est commandé, César, qui rêvait de voir son pouce de la taille de la tour Eiffel, vient d’en réaliser un agrandissement de 6 mètres pour les Jeux olympiques de Séoul de 1988. Mais, par souci d’exclusivité pour La Défense, il s’engage à ne plus en produire d’exemplaires monumentaux.
L’œuvre a été réalisée à partir d’un premier moulage en plâtre du pouce de l’artiste. À l’origine, César avait proposé d’utiliser son majeur comme support de reproduction. Plus grand, plus visible, l’artiste a toutefois préféré le choix de son pouce pour que sa démarche soit prise au sérieux.
Et voilà comment est né Le Pouce ! Tel un obélisque, cet agrandissement monumental du moulage culmine à 12 mètres de haut. C’est le plus grand des Pouces du sculpteur depuis le premier réalisé en 1965, qui ne mesurait que 40 centimètres.
L’œuvre en bronze doré a ensuite été acheminée en deux morceaux par camion, depuis l’usine de fonderie en Normandie, pour être érigée à son emplacement définitif place Carpeaux. Au total, il aura fallu plus de 2 jours pour l’installer ! Au préalable, la structure de la dalle avait dû être renforcée pour recevoir les 18 tonnes de l’œuvre.

Une invitation hors du commun
En 1994, l’œuvre est achevée et montée. Place à son inauguration ! L’invitation papier prévoyait une zone de découpe pour introduire son pouce. Ainsi, il était possible d’admirer en avant-première son propre pouce à l’emplacement de celui de l’artiste, sur fond d’une photo de La Défense. Le Pouce a ensuite été rénové en 2015 pour retrouver toute sa splendeur d’origine. Aujourd’hui, il contraste toujours autant avec la rigueur des architectures environnantes.

L’artiste
Né à Marseille dans une famille d’origine italienne, César Baldaccini (qu’on appellera communément par son prénom) a commencé dès sa plus tendre enfance à sculpter en utilisant des bouts de ferrailles récupérés. Après des études à l’École des Beaux-Arts de Marseille puis de Paris (où il deviendra professeur), il réalise ses premières soudures, mais se fait connaître particulièrement avec ses compressions d’une grande expressivité, non dénuée d’humour. Il créera jusqu’à sa mort, en 1998, en poursuivant une œuvre déconcertante et protéiforme, se qualifiant lui-même, avec une certaine ironie, d’artiste radical.