Les Français, gros consommateurs d’antibiotiques

Quelque 700 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000 habitants ont été réalisées en 2021 (hors hospitalisation), c’est ce qui ressort des données de consommation pour l’année écoulée publiées par Santé publique France. Un chiffre élevé qui incite l’Agence à rappeler l’importance de l’utilisation prudente des antibiotiques et le risque de développement de bactéries résistantes, appelé antibiorésistance, accéléré par l’utilisation de ces médicaments.

Malgré une baisse continue depuis 10 ans de la consommation d’antibiotiques en ville, la France reste le 4e pays européen le plus consommateur derrière la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie. Après une baisse accélérée des prescriptions en 2020, concomitante aux mesures de gestion de l’épidémie de Covid-19 (confinements, adoption de gestes barrière, baisse des consultations médicales), l’année 2021 s’est accompagnée d’une reprise des infections hivernales courantes, des consultations médicales et des prescriptions d’antibiotiques, particulièrement au dernier trimestre.

80% des prescriptions d’antibiotiques se sont faites en soins de ville, comme habituellement, avec un pic en fin d’année dû au retour des infections hivernales. L’évolution la plus importante des prescriptions d’antibiotiques est observée chez les enfants âgés de 0 à 4 ans : elles ont augmenté pour revenir quasiment au même niveau qu’en 2019, avant la pandémie de Covid-19. En Ehpad et chez les personnes âgées de 80 ans et plus en ville, la baisse s’est poursuivie en 2021.

Aujourd’hui encore, des idées reçues. Plus de 7 Français sur 10 pensent qu’ils sont efficaces en cas de bronchite aiguë, plus de 65% en cas de bronchiolite, 55% en cas d’angine virale et 53% en cas de grippe, alors que les antibiotiques sont inefficaces sur ces infections dues à des virus. Plus de 1 Français sur 2 pense qu’il est recommandé de prendre des antibiotiques pour un mal de gorge (alors que plus de 80% des angines sont virales), 50% estiment que les antibiotiques permettent de se remettre plus vite sur pied. 44% d’entre eux considèrent qu’il est préférable de prendre des antibiotiques lorsqu’on veut retourner rapidement au travail.

« La prise d’antibiotiques n’est jamais anodine. À chaque traitement, le microbiote habituel, à savoir les bactéries hébergées naturellement dans notre organisme, constitué en majorité de bactéries sensibles aux antibiotiques est en partie détruit, laissant place aux bactéries résistantes aux antibiotiques. Certaines molécules, appelées aussi antibiotiques critiques, génèrent davantage cette résistance avec le risque de rendre ces traitements inefficaces», note la Dr Anne Berger-Carbonne, responsable de l’Unité infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques à Santé publique France.

À quelques jours de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques qui se déroulera du 18 au 24 novembre, Santé publique France, le ministère de la Santé et de la Prévention et l’Assurance Maladie ont lancé une campagne de prévention « Les antibiotiques : bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser » dans l’objectif de sensibiliser à leur utilisation et participer à la réduction de leur consommation en population générale.