Dans ses Perspectives de l’emploi de 2022, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – 38 pays membres sur tout le globe – s’attarde sur […]
Dans ses Perspectives de l’emploi de 2022, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – 38 pays membres sur tout le globe – s’attarde sur les perspectives très incertaines de l’emploi dans le monde, même si l’après-Covid a montré une hausse du marché de l’emploi. Cause attendue de ce pessimisme, la guerre en l’Ukraine qui pèse fortement sur la croissance mondiale avec des hausses records de l’inflation et ses effets très négatifs sur l’investissement des entreprises et le pouvoir d’achat des consommateurs – augmentations ravageuses pour les ménages des prix de l’énergie ainsi que des produits courants.
Pourtant, à la lecture des chiffres les plus révélateurs de cette toute nouvelle étude, on est en droit d’espérer un retour à une certaine stabilité, plutôt qu’à un probable ralentissement de la croissance tel que suggéré : 57 millions d’emplois perdus à cause de la pandémie en 2020 mais 66 millions d’emplois créés depuis le début de l’après-Covid (soit 9 millions de plus) et un taux de chômage de 4.9 % en juillet 2022, soit 0,4 point de moins avant la pandémie (février 2020), qui atteint un de ses niveaux les plus bas depuis quelque 20 années. Les travailleurs sans emploi de l’OCDE étaient même en juillet à 33 millions, 2,4 millions de moins qu’avant la pandémie.
En fait, c’est une analyse de la situation pays par pays qui se révèle plus alarmante. En juillet, note le rapport, dans un pays de l’OCDE sur cinq, le taux de chômage était plus élevé qu’avant la crise sanitaire. Même constat pour les taux d’activité et d’emploi, qui atteignent des niveaux dramatiquement bas. Autre motif d’inquiétude, l’emploi augmente plus dans les secteurs des services, à salaire élevé. Les secteurs les moins bien payés – de fait les plus nombreux – sont à un niveau inférieur que celui qui existait avant la pandémie. Mathias Cormann le secrétaire général de l’OCDE souligne ainsi l’urgence de la prise en compte des effets dramatiques de l’inflation galopante, en particulier chez les plus fragiles. Une inflation qui est loin d’être compensée par l’augmentation des salaires… Face à une concentration des marchés du travail particulièrement nuisible à la qualité de l’emploi, il appelle les pouvoirs publics à prendre « des mesures de soutien ciblées, soumises à conditions de ressources et temporaires. Cela permettrait de venir en aide aux ménages et aux entreprises qui en ont le plus besoin, tout en contenant les effets de l’inflation de même que le coût de telles interventions. »
La pénurie de main-d’œuvre tout à fait inédite que connaissent les entreprises – trois entreprises sur dix dans les secteurs manufacturier et tertiaire dans l’Union européenne par exemple – n’a pas eu d’effet sur l’augmentation du niveau de vie des employés, mais bien sur le ralentissement de la production. Les fiches de paie ne suivent pas la hausse de l’inflation alors que certains ménages sont contraints de consacrer une plus grande part de leurs revenus à l’énergie – et l’hiver n’est pas encore arrivé ! Pour l’OCDE, il importe plus que jamais de soutenir les travailleurs les plus vulnérables, par une augmentation des bas salaires et autre Smic. Le dialogue entre les pouvoirs publics, les travailleurs et les entreprises devra être essentiel, les discussions collectives reprenant en cette période exceptionnelle, tout leur sens, selon l’OCDE, et notamment permettre aux salariés de gagner en pouvoir de négociation, car des disparités criantes existent.