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L’Essonne encadre l’extension commerciale pour préserver ses sols

Par Marc Blanc
Publié le 27 décembre 2025 à 09h13 – Temps de lecture : 3 minutes

Le Conseil départemental de l’Essonne, entouré de neuf partenaires institutionnels et associatifs, a officialisé la signature d’une charte inédite visant à encadrer strictement l’extension commerciale et à réduire l’artificialisation des sols. Cette démarche, une première en France à l’échelle départementale, associe notamment l’État via la Direction départementale des territoires, les chambres consulaires, les intercommunalités, le Parc naturel régional du Gâtinais français, la Safer Île-de-France et l’association Essonne Nature Environnement. Elle traduit une volonté collective de concilier développement économique et préservation durable des sols et de la biodiversité.

Héritière d’un territoire pionnier du commerce moderne depuis les années 1960, l’Essonne fait aujourd’hui face aux conséquences d’un développement commercial intense : étalement urbain, imperméabilisation des sols, fragmentation des milieux naturels, dépendance accrue à l’automobile et multiplication des nuisances. À ces enjeux environnementaux s’ajoutent les profondes mutations du commerce, marquées par l’essor du e-commerce, le vieillissement des zones commerciales périphériques et l’apparition de friches. La charte s’inscrit ainsi dans un changement de modèle, privilégiant la sobriété foncière, la requalification de l’existant et la redynamisation des centralités urbaines.

Le texte s’insère dans un cadre réglementaire dense, renforcé ces dernières années par la loi Climat et Résilience, les objectifs de Zéro artificialisation nette à l’horizon 2050, le décret tertiaire et les nouvelles obligations en matière d’énergies renouvelables. Il s’appuie également sur les orientations du Sdrif-e et sur l’intégration progressive du Zan dans les documents d’urbanisme locaux. La charte vise à donner une cohérence territoriale à ces exigences, en les traduisant en principes partagés et en pratiques opérationnelles.

Structurée autour de cinq grands objectifs, la charte prévoit d’abord un partage renforcé des connaissances grâce à des études territorialisées et à des indicateurs de suivi de la consommation foncière. Elle entend ensuite maîtriser les projets les plus impactants, en conditionnant les soutiens publics au respect des principes de sobriété et en limitant strictement les extensions commerciales hors des zones déjà urbanisées. L’anticipation et l’accompagnement des projets constituent un autre pilier, avec la mise en place d’un dialogue en amont entre collectivités, aménageurs et associations, afin d’intégrer dès la conception les enjeux environnementaux, paysagers et sociaux.

La charte encourage également l’expérimentation de nouvelles formes de commerces plus sobres et réversibles, la solarisation des parkings, la renaturation des sites existants et l’application exigeante de la séquence éviter-réduire-compenser. Un accent particulier est mis sur la requalification des zones commerciales et la transformation des parkings en espaces végétalisés, afin de lutter contre les îlots de chaleur et de renforcer la biodiversité urbaine. Enfin, un comité de suivi annuel et des indicateurs précis garantiront l’évaluation continue des actions engagées.