En 2019, le Département du Val-d’Oise a lancé un projet innovant qui marquera un tournant dans la préservation de la nature en Île-de-France : la transformation […]
En 2019, le Département du Val-d’Oise a lancé un projet innovant qui marquera un tournant dans la préservation de la nature en Île-de-France : la transformation de l’île d’Herblay-sur-Seine en un sanctuaire de biodiversité. Unique en son genre dans la région, cette initiative ambitionne de redonner à cet espace naturel tout son potentiel écologique.
L’histoire de l’île remonte à plusieurs siècles. Initialement composées de deux îles distinctes – l’Île d’Herblay et l’Île Motteau – ces deux morceaux de terre, unis au fil du temps par les sédiments apportés par la Seine, ne forment aujourd’hui plus qu’une seule entité. Un véritable havre de paix, niché dans le Val-d’Oise, l’île est également un lieu d’inspiration pour les artistes, notamment les peintres impressionnistes. Les œuvres de Paul Signac, Maximilien Luce ou Albert Lebourg, aujourd’hui exposées au Musée d’Orsay, témoignent de l’impact visuel et émotionnel que l’île a suscité chez ces grands maîtres de l’art.
Plus récemment, en fin d’année 2023, l’île a été classée Espace naturel sensible (ENS) et a pris le nom de « L’Île aux Oiseaux », un clin d’œil à la riche avifaune qui y trouve refuge. Ce classement offre désormais une meilleure protection à ce joyau naturel, et permettra de mieux préserver sa biodiversité exceptionnelle. L’île abrite en effet une flore aquatique rare, avec des espèces végétales comme le Potamot perfolié et la Sagittaire à feuilles en flèche. Un écosystème d’une grande richesse qui offre un habitat privilégié à des libellules et à de nombreux poissons, tout en servant de terrain de reproduction pour le Martin-pêcheur, une espèce protégée.
Si la faune et la flore aquatiques sont au cœur du projet, ce dernier va bien au-delà. Depuis 2019, le Département a pour objectif de transformer l’île en un véritable sanctuaire, en mettant en œuvre des actions de renaturation. Ce vaste chantier, d’un coût de 2,74 millions d’euros, s’articule autour de plusieurs initiatives, telles que l’aménagement de milieux humides et la réduction des surfaces boisées pour favoriser la biodiversité aquatique.
Bien que l’île semble, à première vue, ne compter qu’une centaine d’espèces végétales, c’est sa végétation aquatique qui en fait un lieu d’une grande importance écologique. En plus des plantes rares, l’île accueille une avifaune variée, avec pas moins de 41 espèces d’oiseaux recensées, dont plusieurs sont protégées à l’échelle européenne. Le Martin-pêcheur, le Héron bihoreau, la Sterne pierregarin ou encore l’Aigrette garzette y trouvent refuge, tandis que l’île s’affirme comme un axe majeur pour la migration des oiseaux.
Cependant, ce fragile écosystème n’est pas à l’abri des menaces. L’île, autrefois exploitée pour la culture céréalière, a souffert de l’abandon et du manque de gestion écologique. Les berges sont particulièrement vulnérables aux racines des peupliers et aux passages fréquents des péniches, responsables de l’érosion du sol. De plus, les crues de la Seine ne submergent pas suffisamment l’île, empêchant le développement de végétation typique des milieux humides.
Pour remédier à ces problématiques, le projet de renaturation de l’île prévoit des actions ciblées : abaissement de l’altitude de l’île, création de mares et de chenaux pour favoriser les milieux humides, et réintroduction d’espèces végétales et animales adaptées aux nouvelles conditions. Un observatoire sera aménagé pour permettre au public de suivre l’évolution de la biodiversité, et des parcours pédagogiques seront créés pour sensibiliser les scolaires et le grand public.