L’Île-Saint-Denis : écoquartier fluvial

Le 6 septembre 2025 restera une date marquante pour la ville de L’Île-Saint-Denis et l’ensemble du territoire de Plaine Commune. Après des années de conception, de construction et d’aménagement, la seconde phase de l’écoquartier fluvial, ancienne partie du village olympique de Paris 2024, a été inaugurée sur la Place de la Batellerie, face au nouveau pont Louafi-Bouguera. Ce projet ambitieux est le fruit d’une collaboration inédite entre acteurs locaux, nationaux et internationaux et constitue désormais un exemple de quartier durable et innovant. À seulement trois kilomètres de Paris, cette portion de l’île, longée par la Seine et proche d’un parc Natura 2000, a été transformée en un véritable lieu de vie, mêlant nature, urbanisme et équipements publics.
L’écoquartier fluvial s’étend sur 14 hectares et combine un large éventail de fonctions urbaines. Les logements, la résidence étudiante, l’hôtel-bar-restaurant, les bureaux et commerces de proximité s’articulent avec une cité des arts, une base nautique et un parc urbain, tout en laissant près de la moitié de l’espace aux espaces publics. Les berges de la Seine ont été renaturées, des jardins pédagogiques et des city-stades créés, et la circulation automobile est limitée, remplacée par deux centrales de mobilité qui offrent des solutions d’autopartage et des infrastructures pour vélos et véhicules électriques. La diversité architecturale et la qualité des constructions reflètent à la fois l’identité fluviale et villageoise de l’île et les standards d’un urbanisme respectueux de l’environnement et de la biodiversité.
La journée d’inauguration a été rythmée par des moments festifs et conviviaux. Dès le matin, le Forum des Associations a permis aux habitants de découvrir la richesse du tissu associatif local et de participer à diverses animations culturelles, sportives et nautiques. La base nautique éphémère, proposée par l’Union sportive Léo Lagrange, a offert des initiations au canoë-kayak et des balades en dragon boat sur le petit bras de Seine, tandis que le Centre national d’Expression, d’Art et d’Innovation (CNEAI) a présenté le projet « Musée sans bâtiment », invitant les visiteurs à découvrir l’art autrement. À 11h, les allocutions officielles et la cérémonie d’inauguration ont mis en lumière les nombreux équipements du quartier, rappelant les choix urbanistiques et environnementaux qui ont guidé sa conception, ainsi que l’héritage olympique du projet.
L’après-midi a été marqué par le lancement de la deuxième édition de « Nage ta Seine », la course en eau libre organisée par la FSGT 93, qui s’est déroulée au pied de la nouvelle base nautique. Cette course a mis en avant l’accès au fleuve et les activités nautiques disponibles tout au long du mois de septembre. La remise des trophées a suivi à 15 h 30, avant le dévoilement et l’inauguration officielle du parc Élisabeth et Michel Bourgain à 16h, une nouvelle zone verte destinée à devenir le cœur végétal et de loisirs du quartier. La soirée s’est clôturée par des concerts et un DJ set, créant une ambiance festive et conviviale qui a rassemblé habitants et visiteurs autour du nouvel écoquartier.
Le parcours de ce projet témoigne d’une évolution progressive et réfléchie. Initié au début des années 2000 avec le rachat des anciens entrepôts du Printemps et la création de la Zone d’Aménagement concerté de l’écoquartier fluvial, le projet a été mené par la Sem Plaine Commune Développement avec l’agence Philippon-Kalt comme maître d’œuvre urbaine. Entre 2013 et 2015, les entrepôts ont été déconstruits pour laisser place aux premiers aménagements, et la phase 1 du quartier a été livrée entre 2016 et 2020. En 2016, le projet a intégré le village olympique et paralympique, permettant d’accueillir 2 700 athlètes lors des Jeux de Paris 2024. La phase 2 a été finalisée cette année pour accueillir les habitants et achever les aménagements des espaces publics.
L’écoquartier fluvial se distingue par ses ambitions environnementales et sa conception durable. Près de 50 % de la surface est consacrée aux espaces publics, les bâtiments sont bioclimatiques et de type passif, 45 % des matériaux utilisés sont en bois et 16 bâtiments sur 22 sont réalisés en structure bois ou ossature bois. La gestion des eaux de pluie est exemplaire, avec jardins de pluie, bassins de rétention et renaturation des berges de Seine. La logistique fluviale a permis de réduire le trafic routier, tandis que la réutilisation de matériaux issus de la phase olympique et l’installation de panneaux photovoltaïques contribuent à réduire l’empreinte carbone globale du projet. Les logements intègrent ventilation naturelle, protections solaires et espaces extérieurs, et l’ensemble de l’aménagement vise à limiter les îlots de chaleur et à favoriser la biodiversité.
Avec ses 451 logements, dont 211 en accession libre, 126 chambres sociales étudiantes, 30 en Bail réel et solidaire et 84 logements sociaux, l’écoquartier offre également une résidence hôtelière, des locaux d’activités, des cellules commerciales, une base nautique, une cité des arts, un parc de 1,5 hectare, un jardin pédagogique, des aires de jeux et 300 mètres de berges renaturées. Au total, 200 arbres ont été plantés et plus de 11 700 m2 de végétalisation ont été créés, confirmant l’attention portée à la qualité de vie et au respect de l’environnement.
L’inauguration de cette seconde phase de l’écoquartier fluvial marque ainsi l’aboutissement d’un projet pensé pour durer, intégrant héritage olympique, innovations écologiques et mixité urbaine, tout en offrant aux habitants et aux visiteurs un lieu de vie exemplaire, ouvert sur la Seine et en harmonie avec son environnement. L’Île-Saint-Denis écrit ainsi une nouvelle page de son histoire, démontrant qu’il est possible de concilier développement urbain, qualité de vie et respect de la nature au cœur d’un territoire métropolitain.