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Logement : plan de lutte contre l’habitat indigne

Par Assia Bedja
Publié le 12 mai 2025 à 11h12 – Temps de lecture : 4 minutes

Le 6 mai dernier, un nouveau chapitre s’ouvre dans la bataille contre les logements insalubres à Paris. Réunis autour d’un objectif commun, la préfecture de la région d’Île-de-France, la préfecture de Paris, la Ville de Paris, la préfecture de police, la Direction régionale et interdépartementale de l’Hébergement et du Logement (Drilh), l’Agence régionale de santé (ARS), le Parquet de Paris, la Caisse d’allocations familiales de Paris (Caf) et l’Agence départementale d’information sur le logement (Adil) ont officiellement signé le Plan parisien de lutte contre l’habitat indigne 2025-2027. Ensemble, ces institutions relancent avec ambition un combat essentiel : celui d’un logement digne pour tous.
Ce nouveau plan triennal s’inscrit dans la continuité du travail mené depuis 2013 par le Pôle parisien de lutte contre l’habitat indigne (PPLHI), instance de coordination née de la volonté d’unir les forces publiques face à un phénomène tenace. Car à Paris, malgré deux décennies d’action volontariste, l’habitat indigne reste une réalité préoccupante. La ville, façonnée par un bâti ancien, compte encore un nombre important de logements trop petits, mal entretenus, parfois dangereux. Des pratiques abusives de location, la persistance de marchands de sommeil, ou encore la précarité de certains occupants aggravent une situation que la puissance publique ne peut ignorer.
Pendant un an, les partenaires du PPLHI ont travaillé ensemble pour redessiner les contours d’une stratégie plus ambitieuse, plus ciblée, plus efficace. Leur constat est sans appel : face à des situations complexes, à l’usure des dispositifs existants et à l’urgence sociale de nombreuses situations, il fallait aller plus loin. Ce nouveau plan 2025-2027 traduit cette volonté d’accélération et de renforcement.
Il s’agit d’abord de détecter plus tôt les situations à risque, en affinant les outils de repérage, en croisant les signaux faibles, en mobilisant davantage les acteurs de terrain. Cette capacité d’anticipation est essentielle pour éviter que des logements déjà fragiles ne deviennent inhabitables, et que les occupants ne se retrouvent pris dans une spirale d’insalubrité et d’insécurité.
Mais repérer ne suffit pas : il faut aussi agir. Le plan renforce les leviers de sanction, en combinant les moyens administratifs, judiciaires et financiers pour faire pression sur les propriétaires défaillants et accélérer les travaux. L’expérimentation d’astreintes administratives vise par exemple à ne plus laisser traîner des situations bloquées pendant des années. Et parce que la justice a un rôle déterminant, la coordination avec le Parquet de Paris s’intensifie pour mieux cibler les véritables marchands de sommeil et obtenir des sanctions à la hauteur du préjudice causé.
Au centre de cette stratégie, il y a les habitants eux-mêmes. Le plan 2025-2027 met un accent renouvelé sur l’accompagnement des occupants, tout au long des procédures. Car derrière chaque dossier, il y a des familles confrontées à des logements trop petits, humides, dangereux ; des personnes fragiles, parfois sans titre de séjour ou en grande précarité, qui n’osent pas signaler leur situation. La doctrine administrative a été revue pour garantir que chaque étape de l’intervention publique protège mieux ces personnes, et qu’aucune situation, aussi complexe soit-elle, ne reste sans réponse.
Ce nouveau plan assume aussi un objectif de lisibilité : mieux faire connaître l’action publique, décloisonner les initiatives, former les professionnels, impliquer les associations, sensibiliser les bailleurs sociaux comme les citoyens. L’enjeu est d’instaurer une véritable culture commune de la lutte contre l’habitat indigne à Paris.