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Maison de Chateaubriand : Atala prolonge son voyage

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 16 août 2025 à 09h02 – Temps de lecture : 4 minutes

Succès littéraire dès sa parution en 1801, Atala continue de faire rêver les lecteurs et d’inspirer les artistes plus de deux siècles après sa publication. À la Maison de Chateaubriand, au cœur du Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups, l’exposition immersive consacrée à ce roman mythique de François René de Chateaubriand, initialement prévue jusqu’à l’automne 2025, est prolongée jusqu’au 29 mars 2026. Une bonne nouvelle pour tous les amateurs de littérature romantique, d’histoire de l’édition et de voyages imaginaires.
Installée dans un lieu chargé de mémoire, cette exposition exceptionnelle propose une véritable plongée au cœur d’un texte fondateur du romantisme français. Grâce à une sélection de près de cent œuvres – estampes, éditions illustrées, peintures, objets d’art – le visiteur suit le récit des amours contrariées entre Atala et Chactas, deux jeunes Amérindiens issus de tribus ennemies, dans les décors luxuriants d’une Amérique idéalisée. La mise en scène, portée par douze extraits du roman soigneusement choisis, fait dialoguer le texte avec l’imaginaire visuel qu’il a suscité, des premiers livres illustrés aux productions artistiques du XXe siècle.
Atala, ce n’est pas seulement une histoire d’amour tragique. C’est aussi un tournant majeur dans l’histoire littéraire française. Premier roman publié de Chateaubriand, il annonce déjà le souffle romantique qui marquera tout le XIXe siècle. L’auteur y magnifie la nature, sublime la douleur et donne à entendre une langue poétique, sonore, presque musicale. Cette puissance d’évocation n’a pas échappé aux lecteurs de l’époque ni aux critiques : le roman est réédité douze fois en quatre ans, traduit dans les principales langues européennes, parodié, adapté, imité. L’« Atalamania » gagne tous les arts, des beaux-arts à la musique, en passant par la poésie, le théâtre et les arts décoratifs.
La Maison de Chateaubriand conserve aujourd’hui le plus important fonds au monde consacré à Atala, avec pas moins de 330 pièces. L’exposition actuelle, dont 90 % des œuvres proviennent de cette collection ou de celle de la Société Chateaubriand, bénéficie également de prêts prestigieux : Musée du Louvre, musée Carnavalet, musée du Nouveau Monde à La Rochelle, musée de la Toile de Jouy, ou encore un tableau d’Henriette Lorimier issu d’une collection privée. Des acquisitions récentes, dont une étonnante huile sur toile représentant Atala et Chactas sur un radeau, viennent enrichir l’accrochage au fil des mois.
L’exposition est aussi l’occasion de redécouvrir un lieu unique. La Maison de Chateaubriand, labellisée « Maison des Illustres », se situe à seulement huit kilomètres de Paris. L’écrivain y vécut de 1807 à 1817, y planta lui-même les essences rares de son parc, et y commença la rédaction de ses célèbres Mémoires d’outre-tombe. À ses yeux, la Vallée-aux-Loups fut bien plus qu’un refuge : « De toutes les choses qui me sont échappées, écrivait-il, c’est la seule que je regrette. »
Aujourd’hui encore, ce domaine littéraire et végétal s’affirme comme un lieu vivant, où se croisent expositions, ateliers, conférences, concerts et résidences d’auteurs. En prolongeant l’exposition Atala, 1801. Voyage illustré au cœur d’un roman, le Département des Hauts-de-Seine offre au public une nouvelle occasion de plonger dans l’univers de Chateaubriand, entre exotisme rêvé et invention littéraire, entre patrimoine et modernité.