Le coronavirus fait une nouvelle vague là où on ne l’attendait pas forcément, dans le monde très aseptisé des laboratoires. L’américain Moderna vient en effet de […]
Le coronavirus fait une nouvelle vague là où on ne l’attendait pas forcément, dans le monde très aseptisé des laboratoires. L’américain Moderna vient en effet de lancer une bataille judiciaire contre son rival Pfizer et le partenaire allemand de ce dernier BioNTech, au motif, soutient-il, qu’ils ont copié son vaccin à ARN messager. Il a fallu 40 ans de recherche et des milliards de dollars pour mettre au point cette technologie innovante que Moderna assure avoir brevetée entre 2010 et 2016, soit quelque dix années avant la Covid-19.
Pour rappel, cette technologie, dont l’intérêt premier a été sa rapidité de mise sur le marché, permet aux cellules d’apprendre à fabriquer des protéines contenues dans le virus pour que le système immunitaire arrive à le reconnaître et le combattre. Avant cela, les vaccins s’appuyaient sur le modèle de Pasteur autrement dit l’injection de formes affaiblies ou désactivées du virus pour habituer l’organisme à se défendre – les essais cliniques durent alors plusieurs années avant leur adoption définitive. C’est en outre la flexibilité de cette technologie qui attire les convoitises car elle autorise tous les espoirs dans le traitement d’autres affections comme ceux de la grippe, du VIH, ou même contre les maladies auto-immunes, cardiovasculaires et les cancers. Gros enjeux financiers donc.
Le couple Pfizer-BioNTech et Moderna ont pourtant travaillé sans a priori commercial aux premiers signes de la crise sanitaire en produisant leurs vaccins à ARN messager contre la Covid-19, chacun ayant pu largement convaincre et écouler ses produits. Mais la firme américaine souligne précisément que le gros de la pandémie étant passé, il était temps de revenir aux fondamentaux d’un laboratoire qui protège ses brevets. Le laboratoire ne demande pas le retrait des vaccins de son concurrent, mais exige des compensations financières et – en « grand seigneur » – seulement sur ceux vendus depuis mars dernier. En 2022, Pfizer et BioNTec prévoient d’engranger plus de 30 milliards de dollars des ventes de leur vaccin. Moderna moitié moins…
Pfizer/BioNTech affirme de son côté que la technologie présente dans son vaccin est exclusive. Il faut dire que depuis son succès planétaire, l’ARN messager appartient à « tout le monde ». Des entreprises de biotechnologies se sont ainsi retournées contre Moderna (Arbutus Biopharma Corporation et Genevant Sciences) et BioNTech (CureVac) pour de mêmes sombres histoires de brevets. La plainte du « pionnier » Moderna a été déposée à la fois aux États-Unis (État du Massachusetts) et en Europe (Düsseldorf en Allemagne). Le dénouement de ces batailles de labos qui promettent d’être rudes se fera dans quelques années au mieux, à moins que de nouvelles pandémies encore plus dévastatrices ramènent tout ce beau monde à de meilleurs sentiments.