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Paris – Vallée de la Marne : la géothermie s’installe au sud du territoire

Par Assia Bedja
Publié le 16 juillet 2025 à 11h03 – Temps de lecture : 6 minutes

Un réseau de chaleur renouvelable de 41 km va voir le jour sur les communes d’Émerainville, Pontault-Combault, Roissy-en-Brie et Le Plessis-Trévise, avec un investissement de 107 M€ confié à Coriance. Objectif : chauffer l’équivalent de 12 000 logements tout en réduisant drastiquement les émissions de CO2.
Depuis plus de trente ans, Paris – Vallée de la Marne fait figure de territoire précurseur en matière de géothermie. Cette énergie renouvelable, puisée à plus de 1 500 mètres de profondeur dans la nappe du Dogger, permet de chauffer logements, équipements publics et entreprises grâce à une chaleur constante et propre, émise directement depuis le sous-sol. Longtemps concentrée au nord et au centre du territoire, cette technologie s’apprête désormais à investir le sud, marquant une nouvelle étape majeure dans la stratégie de transition énergétique intercommunale.
Le 8 juillet dernier, à l’issue de plusieurs mois de concertation et d’études préalables, un jalon important a été posé : la signature officielle d’un contrat de délégation de service public entre l’Agglomération Paris – Vallée de la Marne et la société Coriance, délégataire retenu pour concevoir, réaliser, exploiter et entretenir le futur réseau de chaleur géothermique baptisé « GéoBrie ». Ce projet ambitieux est le fruit d’un partenariat innovant entre l’agglomération et la Ville du Plessis-Trévise (Val-de-Marne), réuni au sein d’un groupement d’autorité concédante, une première à cette échelle dans la région.


Un réseau structurant, bas carbone et durable
Implantée le long de la RD21, à proximité du complexe aquatique du Nautil, la future centrale géothermique sera le cœur d’un réseau de chaleur d’envergure : 41 kilomètres de canalisations alimenteront en chaleur 200 sous-stations réparties sur les communes d’Émerainville, Pontault-Combault, Roissy-en-Brie et Le Plessis-Trévise. Le tout sera alimenté à plus de 94 % par la géothermie, complétée par des pompes à chaleur, tandis qu’une chaudière gaz de 28 MW assurera la continuité de service en cas de besoin.
Le chantier, d’un montant total de 107 millions d’euros, sera entièrement pris en charge par Coriance, l’un des leaders français des réseaux de chaleur renouvelables. Il s’échelonnera sur cinq ans, avec un démarrage prévu dès l’été 2026. L’objectif est clair : fournir, à terme, 116 gigawattheures de chaleur par an, soit l’équivalent de la consommation de 12 000 logements.
Mais au-delà des chiffres, le projet présente un bénéfice écologique majeur : plus de 21 500 tonnes de CO2 évitées chaque année, soit l’équivalent des émissions annuelles de près de 10 000 voitures. C’est une véritable rupture avec les systèmes de chauffage traditionnels, souvent encore dépendants du gaz ou du fioul.


Une avancée pour la justice énergétique
Autre nouveauté importante de ce projet : l’intégration des zones pavillonnaires au réseau de chaleur. Jusqu’ici, ces quartiers, composés de maisons individuelles, étaient rarement raccordés à des infrastructures de ce type, pour des raisons techniques et économiques. GéoBrie change la donne. Grâce à des innovations dans la conception du réseau et des modalités d’abonnement pensées pour être accessibles, les habitants de ces zones résidentielles pourront bénéficier d’une chaleur plus stable, plus propre, et surtout, à un coût compétitif. C’est une avancée décisive en matière de justice énergétique, qui permet à des foyers jusque-là exclus de la transition écologique d’y prendre pleinement part.


Une politique ambitieuse et cohérente
Ce nouveau projet vient compléter un maillage territorial déjà dense. Au nord du territoire, le réseau Chelles Chaleur – en service depuis 1994 – alimente plus de 6 400 équivalents logements grâce à 14 km de réseau. Son extension prochaine vise à raccorder 3 000 logements supplémentaires. Au centre, les centrales GéoMarne (Noisiel, Champs-sur-Marne) et GéoVal (Lognes, Torcy) produisent 16 000 équivalents logements via un réseau de 33 km. GéoVal est d’ailleurs en cours d’extension, avec pour objectif de relier plus de 2 000 logements additionnels.
Avec GéoBrie, la couverture géothermique du territoire franchit un nouveau cap, alignant Paris – Vallée de la Marne avec les engagements climatiques nationaux et européens. À l’horizon 2030, ce sont plus de 40 000 équivalents logements qui pourraient bénéficier de la chaleur issue des profondeurs du sous-sol local.


Un projet porté collectivement
La signature du contrat s’est tenue en présence de nombreux élus locaux et représentants institutionnels. Autour de Guillaume Le Lay-Felzine, président de Paris – Vallée de la Marne, et d’Yves Lederer, président de Coriance, étaient également réunis François Bouchart (maire de Roissy-en-Brie), Gilles Bord (Pontault-Combault), Didier Dousset (Le Plessis-Trévise), Denis Levron (Émerainville), ainsi que Matthieu Viskovic et Sofiane Ghozelane, vice-présidents de l’Agglomération.
Tous ont salué la concrétisation de ce projet structurant, à la fois exemplaire du point de vue environnemental et porteur d’une ambition partagée : faire de la transition écologique un levier de progrès pour l’ensemble du territoire, sans exclusion géographique ni sociale.


Paris – Vallée de la Marne, territoire d’avenir
Ce nouveau réseau s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation énergétique et urbaine. En misant sur une ressource locale, gratuite, renouvelable et stable, la géothermie incarne un modèle énergétique décentralisé, résilient et solidaire, capable de répondre aux défis du changement climatique tout en améliorant le quotidien des habitants.
Le projet GéoBrie témoigne aussi de la capacité d’innovation et de coopération des collectivités locales. Il illustre la manière dont une agglomération peut prendre en main son avenir énergétique, en s’appuyant sur des partenaires industriels compétents et en mobilisant ses ressources publiques au service de projets concrets, durables et reproductibles.
En 2025, Paris – Vallée de la Marne s’engage plus que jamais dans la construction d’un futur sobre en carbone, où l’énergie du sous-sol devient l’un des moteurs d’un développement urbain plus juste, plus vert et plus intelligent. GéoBrie n’est pas simplement un réseau de chaleur : c’est un symbole de cette mutation profonde, collective, déjà en marche.