La pollution atmosphérique liée au transport maritime constitue un enjeu majeur pour la santé publique et l’environnement. En effet, au-delà des émissions de gaz à effet de serre (GES), les navires rejettent également des polluants nocifs tels que les oxydes de soufre (SOx), les oxydes d’azote (NOx), les particules fines ainsi que des composés organiques volatils. Ces substances contribuent à la dégradation de la qualité de l’air et ont des effets délétères sur la santé humaine, notamment en aggravant les maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Pour répondre à ces défis, les États disposent d’outils réglementaires, parmi lesquels les Zones de Contrôle des Émissions (ECA), qui limitent la teneur en polluants des carburants utilisés par les navires dans des zones maritimes précises. Dans ce cadre, deux nouvelles zones ECA ont récemment été mises en place ou approuvées : la SECA Méditerranée et l’ECA Atlantique Nord-Est.
Depuis le 1er mai 2025, une zone de contrôle des émissions de soufre et de particules fines entrera en vigueur sur l’ensemble du bassin méditerranéen, de Gibraltar au canal de Suez. Cette Zone SECA impose aux navires d’utiliser un combustible dont la teneur en soufre ne dépasse pas 0,1 %, soit cinq fois moins que la limite fixée par la réglementation internationale hors SECA. Cette mesure, fruit d’une concertation internationale inédite réunissant les États riverains de la Méditerranée, permettra de réduire de 95 % les émissions de SOx et de 62 % celles des particules fines dans la région.
Les bénéfices attendus pour la santé sont considérables : selon les études qui ont validé ce dispositif, plus de 1 000 décès prématurés ainsi que plus de 2 000 cas de complications respiratoires infantiles pourraient être évités chaque année. La France a joué un rôle moteur dans cette avancée, en menant les premières études scientifiques et en défendant activement ce projet au sein de l’Organisation maritime internationale (Omi. Par ailleurs, une réflexion est en cours pour étendre cette zone de contrôle aux oxydes d’azote, avec la création future d’une Zone NECA (NOx Emission Control Area).
Dans la continuité de cet engagement, l’Omi a donné son approbation en avril 2025 à la création d’une vaste zone ECA couvrant les eaux de l’Atlantique nord-est, allant du Groenland au Portugal. Cette zone serait la plus étendue au monde en matière de contrôle des émissions maritimes. Sous réserve de validation juridique prévue pour octobre prochain, les navires opérant dans cette zone devront utiliser des carburants à très faible teneur en soufre et les navires neufs ou rénovés devront se conformer à la norme « Tier III » visant une réduction de 80 % des émissions de NOx.
Les études menées par les 27 États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni et la Commission européenne évaluent que cette zone ECA pourrait permettre d’éviter entre 2 900 et 4 300 décès prématurés entre 2030 et 2050, ce qui représenterait un bénéfice économique estimé entre 19 et 29 milliards d’euros.
Grâce à ces initiatives, toutes les eaux françaises métropolitaines seront progressivement couvertes par des zones ECA entre 2027 et 2028, garantissant une amélioration notable de la qualité de l’air pour les populations littorales. Ces mesures concrètes témoignent de l’ambition de la France de réduire de manière significative l’impact sanitaire et environnemental du transport maritime, tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique.