Le préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris, Marc Guillaume, le préfet de police Laurent Nunez, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, Amélie […]
Le préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris, Marc Guillaume, le préfet de police Laurent Nunez, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, Amélie Verdier, la directrice générale de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, et Nicolas Nordman adjoint à la maire de Paris en charge de la prévention, de l’aide aux victimes, de la sécurité et de la police municipale ont tenu une conférence de presse pour dresser un point d’étape sur la lutte du crack à Paris.
Depuis la signature du Plan crack en 2019, la mobilisation de l’État, de la ville de Paris et de leurs partenaires s’est renforcée depuis 4 ans avec la mise en œuvre de nombreuses actions, notamment après le démantèlement définitif du campement de Forceval.
Réaménagement de l’espace de repos
Le réaménagement de l’espace de repos situé Boulevard de la Chapelle vers le boulevard Ney est effectif depuis le début du mois de juin et accueille chaque jour plus de 150 personnes. Piloté par la préfecture de région, ce transfert a pu se réaliser grâce aux efforts conjoints de l’État et de la Ville de Paris.
Géré par l’association Aurore (équipe sur place composée de 19 personnes), cet espace protégé permet d’orienter vers l’hébergement et le soin, de prodiguer des conseils de réduction des risques, et de maintenir le lien avec des personnes souvent désocialisées, conditions nécessaires à toute amorce de réinsertion sociale.
Depuis la mise en place de cette structure en 2019, plus de 31 000 passages ont été enregistrés, permettant la prise en charge de plus de 2 600 personnes, dont 250 femmes. Plus de 1 400 soins infirmiers y ont par ailleurs été réalisés.
Assore, un dispositif médico-social d’accompagnement personnalisé
Depuis 2018, le dispositif Assore (Accompagnement social et aux Soins, Orientation Réinsertion Ensemble) offre un hébergement ainsi qu’un accompagnement complet des consommateurs de crack. Les personnes sont hébergées dans des hôtels et bénéficient d’un suivi médico-social renforcé par des travailleurs sociaux et médicaux plusieurs fois par semaine. La prise en charge de ces usagers est inconditionnelle, complète et personnalisée. Le bilan du dispositif est très positif puisqu’on constate une baisse de la consommation de 87 % des usagers hébergés, et un arrêt total de la consommation de 19 % des bénéficiaires.
200 places étaient disponibles en 2019 (320 en 2020, 510 en 2022), après l’évacuation du camp de Forceval, le nombre est actuellement de 580 et sera porté à 610 places dès la rentrée. L’intégralité du dispositif est prise en charge par l’État.
Jamais autant de moyens n’ont été mobilisés pour lutter contre le crack. En fonction des besoins, l’État fera droit à tout ajustement supplémentaire nécessaire. Jamais la coordination de tous les partenaires, qui agissent chacun dans leur domaine de compétence, n’a jamais été aussi forte et a prouvé son efficacité. Des avancées notoires, comme l’absence de scène de consommation à ciel ouvert à Paris, ont eu lieu.
« Les pouvoirs publics demeurent cependant conscients, collectivement, des progrès à poursuivre », assure Marc Guillaume.
Le préfet de police, Laurent Nunez a annoncé que depuis le début de l’année, 255 trafiquants ont été interpellés grâce à la présence quotidienne de 100 à 600 policiers et gendarmes déployés pour sécuriser le Nord-est parisien. Depuis le démantèlement de Forceval, plus de 75 000 évictions ont été effectuées pour empêcher une reconstitution d’espace de consommation à ciel ouvert.
« Évidemment du travail reste à faire, mais la présence sur le terrain n’a pas faibli et ne faiblira pas. Les commissaires et officiers des arrondissements concernés sont en communication constante avec les riverains des zones historiquement touchées. Les riverains ne sont pas abandonnés. Jamais je ne laisserai dire que l’État est défaillant », affirme Laurent Nunez.
La lutte contre le trafic de crack est complexe, car les quantités en circulation et trouvées sur les revendeurs lors des interpellations sont très faibles. Malgré les difficultés, le volume de crack en circulation a baissé et il est plus complexe de se fournir.
La procureure de la République près le tribunal judiciaire de Paris, Laure Beccuau, indique que la lutte contre le crack mobilise l’énergie des services judiciaires au quotidien, même si le combat semble être sans fin, même si certains de nos concitoyens n’en mesurent encore pas les effets et restent dans l’attente d’un parfait apaisement.
Trois équipes sont quotidiennement mobilisées sur le sujet : le nombre de déferrements et de comparutions immédiates du premier semestre 2023 est égal aux nombres enregistrés pour toute l’année 2022. L’année dernière, 367 personnes ont été déférées, soit près de 14 mis en cause par semaine. Chaque jour, deux personnes en lien avec le crack sont passées dans la juridiction.
Si la réponse pénale envers les revendeurs est ferme. 338 injonctions thérapeutiques ont été prononcées en 2022, assorties d’une interdiction de paraître sur les lieux de consommation et de revente. Dès sa sortie de garde à vue, le consommateur rencontre dans des délais brefs un des 4 psychologues, présents deux jours par semaine au tribunal judiciaire.
La directrice générale de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, Amélie Verdier, annonce une montée en charge importante des dispositifs médico-sociaux et un ajustement permanent aux besoins de terrain identifiés par les associations et opérateurs socio-médicaux et hospitaliers. Depuis juin dernier, l’ARS a lancé à titre expérimental un dispositif de « SAS » pour mieux caractériser les personnes consommatrices, afin de pallier l’absence de « parcours type ».
Dès la rentrée de septembre, 50 lits d’hôpital dédiés aux soins des consommateurs de crack seront créés. La poursuite et la montée en charge des dispositifs de sevrage en province se poursuivront. Pour l’heure, 52 consommateurs ont déjà été admis en six mois.
Nicolas Nordman adjoint à la maire de Paris en charge de la prévention, de l’aide aux victimes, de la sécurité et de la police municipale souligne le travail conjoint entre l’État et la ville de Paris. La coordination des actions avec l’État est une garantie certaine de la réussite du plan crack, à la fois pour la tranquillité des riverains, lutter contre les trafics et amplifier le volet sanitaire pour la prise en charge des toxicomanes.